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Bistrot de village cherche patron, «sympa si possible !»

Les affaires à reprendre sont nombreuses, en campagne. Nous nous sommes arrêtés au bar-café-tabac À la Claire Fontaine, dernier commerce de Fontaine-sur-Somme. La gérante veut céder le lieu qui fait vivre le village. Avis aux motivés.



À la Claire Fontaine, on ne s’y baigne pas, mais on s’accoude volontiers au comptoir entre voisins. On gratte un jeu, on achète une baguette de pain et on taille un brun de causette. Le bar-café-tabac est le seul commerce de Fontaine-sur-Somme après la fermeture du salon de coiffure il y a deux ou trois ans. Alors il est précieux aux yeux des six-cents habitants de la commune située entre Abbeville et Amiens. «Si on perd notre bistrot, le village est mort», s’accordent à dire Jean-Luc, Philippe et Aurélien, qui partagent un café, ce mardi matin.
Si le sujet est sur les lèvres, c’est qu’Amandine Tempez, derrière le bar depuis neuf ans, cherche un repreneur. «Il y a une bonne ambiance dans ce bar, avec des clients fidèles qui font tourner le commerce, assure-t-elle. Trente à quarante personnes s’arrêtent ici chaque jour. Je connais tellement les habitués que je les reconnais rien qu’au bruit du moteur de leur voiture !» Il suffit de s’y arrêter quelques minutes pour palper l’ambiance familiale qui y règne. Les locaux saluent la compagnie d’un signe de main et tendent la joue pour faire la bise à Amandine. Pas besoin de passer commande, la jeune femme a retenu les habitudes de chacun. Celle-ci est pourtant sûre d’elle : «J’ai besoin de changement».

Une affaire qui tourne
Voilà plus d’un an qu’elle a pris sa décision, mais passer la main est plus difficile que ce qu’elle imaginait. L’annonce, sur le papier, attire les potentiels repreneurs : un fonds de commerce affiché à 40 000 €, plus un loyer mensuel de 850 € HT qui comprend le commerce au rez-de-chaussée (70 m2, plus une cuisine et un salon derrière), ainsi qu’un logement entièrement refait à neuf de 65 m2 à l’étage, avec garage, cave et jardin. «L’idéal pour un couple avec des enfants autonomes», confie Amandine. Le tout est sur un axe assez passant, avec de larges trottoirs pour se garer devant et le parking de la mairie juste à côté. Un intéressé avait bien signé un compromis de vente en septembre, mais le problème est toujours le même : les banques sont frileuses. «Lorsque j’ai repris le bar avec une amie (celle-ci a choisi de partir au bout d’un an, ndlr), nous n’avions déjà pas eu l’accord de la banque. C’est le brasseur qui nous a suivi.»
La patronne annonce un chiffre d’affaires de 54 000 € en 2019 pour deux-cents jours d’activité. «Je suis fermée le mercredi toute la journée, le lundi et le dimanche après-midi, ainsi qu’une bonne partie des vacances scolaires», précise-t-elle. Quelqu’un qui ouvrirait davantage ferait donc grimper cette somme. Amandine pense aussi qu’À la Claire Fontaine a un bon potentiel de développement, en plus du bar, des jeux (jeux à gratter, loto et parions sport de la Française des jeux), de l’épicerie, de la salle de jeux avec billard, baby-foot et fléchettes, de la vente de cartes de pêche et de journaux, du point poste, du dépôt de pain, de tabac et de gaz. «Il y a quelques années, j’organisais des soirées qui attiraient du monde. L’envie n’y est plus, mais cela marcherait, j’en suis persuadée.»  
Elle pense également à une petite restauration, ouverte le midi, par exemple. L’Amigo®, successeur du jeu du Rapido®, doit aussi faire son entrée au bar en 2020. Les joueurs cochent des numéros sur une grille. Un tirage est réalisé sur un écran toutes les cinq minutes. «Un bon moyen de garder les clients quelques instant au bar. Ils consomment ainsi facilement.» Même les clients ont des idées : «Pourquoi pas un cyber café, avec un point wifi et un ou deux ordinateurs ? Tout le monde n’a pas internet par ici.»

Avoir la fibre sociale
Le développement d’activités est une chose, mais une qualité est cependant indispensable pour tenir un tel commerce : avoir le sens du contact. «Les gens se confient facilement, au café. Il faut être prêt à écouter les problèmes des uns et des autres, et les garder pour soi», confie Amandine. Elle est toujours prête à rendre service. «Certains n’ont pas l’électricité chez eux, alors ils viennent ici recharger leur téléphone portable, ou mettre leurs courses dans mon frigo.» Le rapport humain est important pour les clients, qui assurent qu’ils seront accueillants avec le nouveau patron : «On espère qu’il existe, d’abord. Et si en plus il est sympa, ce sera impeccable», rient-ils.

À la Claire Fontaine, 1 rue de la Carrière, 80510 Fontaine-sur-Somme
Renseignements : Amandine Tempez, 03 22 31 81 12

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