C. de Pourcq : "les légumes Bonduelle sont exigeants"
Christophe De Pourcq est agriculteur depuis 2002 et cultive des légumes pour Bonduelle depuis toujours. Pour lui, l’activité nécessite d’être «passionné et impliqué».
Bonduelle, Vincent Dupire (à gauche).
Cultiver pour Bonduelle ? «Cela permet d’aller chercher de la valeur ajoutée. Mais la culture de légumes de plein champ est complexe. Il faut être passionné et impliqué», témoigne Christophe De Pourcq. Lui a la particularité d’être installé dans deux exploitations, situées à 85 km l’une de l’autre, à Noyelles-sur-Mer et à Ennemain. C’est dans cette deuxième que les potirons, potimarrons et épinards poussent pour Bonduelle. Une sacrée organisation.
«La surveillance doit être très régulière, assure-t-il. Je passe voir mes épinards tous les deux jours.» Comme les mille-deux-cents autres producteurs du secteur, Christophe n’a pas la main, ni sur les dates de semis et de récolte, ni sur la variété. Il doit suivre à la lettre le calendrier de production de l’usine d’Estrées-Mons. Mais tout le travail de préparation des sols et de suivi des cultures lui revient. Pour cela, il peut néanmoins compter sur l’aide précieuse de son chef de culture, Vincent Dupire. «Les chefs de culture sont notre brigade de terrain, confie Christophe Vieillard, directeur agro Nord Picardie. Ils sont dix-sept dans notre secteur, et suivent chacun 1 000 ha, soit soixante à quatre-vingt-dix agriculteurs.»
Ce 10 juillet, les deux hommes étaient d’ailleurs venus observer une parcelle de 5,5 ha de potirons et de potimarrons, qui devraient être récoltés fin septembre, avant d’être transformés en purée surgelée. «L’oïdium est particulièrement à surveiller en ce moment. Si besoin, je traiterai avec du soufre.» Le soufre n’est pas la seule pratique agro-écologique que le professionnel a mis en place. Deux passages de désherbage mécanique, l’un à la herse étrille et l’autre à la bineuse, ont permis de réduire l’utilisation des phytos. Et, dans ce champ, le bourdonnement des insectes pollinisateurs se fait entendre. Les bourdons et abeilles s’y épanouissent, grâce à une bande fleurie multi-espèces de 16 ares. «C’est un essai que nous menons dans plusieurs parcelles, qui a pour but d’augmenter le rendement», précise Vincent Dupire.
Des agriculteurs organisés en OP
Le résultat sera connu à la récolte. Christophe connaîtra alors son prix final, même si le marché est beaucoup moins volatile qu’en céréales, par exemple. Les producteurs sont en fait organisés en deux OP (organisation de producteurs) : l’OPLVert (822 producteurs pour 14 000 ha cultivés, qui alimentent plus particulièrement la zone d’Estrées et de Vaulx-Vraucourt) et OpliNord (441 producteurs pour 4 400 ha cultivéS, plutôt pour Renescure). Elles forment à elles deux l’Aopli (Association des organisations de producteurs de légumes d’industrie). Christophe De Pourq dépend de la première.
«Nous déterminons une recette prévisionnelle à l’hectare, que nous négocions avant chaque campagne avec Bonduelle, notre unique client, explique Eric Legras, agriculteur dans l’Aisne et président de l’OPLVert. L’enveloppe est distribuée en fonction des résultats de l’année. Et, sauf pour les racines, qui présentent une tare terre, le paiement est décidé directement au champ, en brut pour net.» L’enveloppe est mutualisée, pour compenser les pertes éventuelles liées aux dates de semis, de récolte et de variétés qui ne sont pas du fait de l’agriculteur.
1 800 €/ha net (pois)
Des chiffres annoncés ? «En pois, par exemple, notre objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires de 1 800 €/ha net de semences et de récolte, confie Eric Legras. Mais les mauvaises années, nous sommes déjà tombés à 1 400 €/ha.» Le partage du risque fait néanmoins partie de la relation de confiance tissée entre l’industriel et les OP. «Si la production atteint 100 % de l’objectif, le producteur est payé 100 %. Si elle atteint 110 %, il est payé 105 %. Mais si elle n’atteint que 90 %, il est payé 95 %.»
En plus des négociations menées avec Bonduelle, Christophe voit en l’OP l’avantage du collectif. «Cela nous permet de récupérer des subventions européennes, pour de l’investissement et des produits de biocontrôle, par exemple.» La force du groupe les a aussi poussés, il y a trois ans, à réaliser un séjour en Autriche pour découvrir la récolte mécanisée des potirons. «Jusque-là, nous faisions tout à la main. On récoltait 80 ares en cinq heures, à six personnes…» Depuis 2017, deux endaineurs et une chargeuse soulagent sacrément. «C’est moins de fatigue, moins de main-d’œuvre et plus de rapidité, puisqu’on récolte désormais 2 à 3 ha par jour.» Le progrès se cultive sans cesse.