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Diversification : Maximilien de Wazières, premier viticulteur dans la Somme

Baisse des aides, des prix du blé… Maximilien de Wazières a vite senti qu’il devait diversifier son exploitation pour la pérenniser. En plus d’être céréalier, il est désormais vigneron.

Du vin samarien, une utopie ? Encore un peu de patience, et la première vigne du département livrera son délicieux nectar. Premier millésime en 2020, à déguster en 2021. Cette création est le fruit du travail et du pari osé que fait Maximilien de Wazières, polyculteur à Terramesnil, au sud de Doullens. «L’exploitation de 200 ha est très classique, avec des cultures de céréales, colza et betteraves essentiellement, explique-t-il. Lorsque j’ai repris cette ferme familiale, en 2011, j’ai voulu diversifier pour la pérenniser.» La baisse des aides et les prix des céréales très volatiles ont été les principales motivations.
Le jeune agriculteur, à l’époque, met d’abord un terme à l’élevage de bisons de ses parents, «car l’élevage est très prenant.» 6 ha de noyers sont plantés en 2013, dans les terres les plus vallonnées, impossibles à cultiver. Les premières noix de table, pour les plus belles, et bouteilles d’huile de noix, pourront être commercialisées en 2023. Et Maximilien et sa femme, Sarah, amateurs de bon vin depuis toujours, ont l’idée d’une vigne depuis un moment. Pendant ses cinq années d’études à l’ESA (Ecole supérieure d’agriculture) d’Angers, Maximilien a l’occasion de rencontrer des vignerons du Bordelais et de la Bourgogne, qui lui confirment son attrait pour l’œnologie. «Aujourd’hui, certains sont devenus des amis. Une vigne picarde, ça les a bien fait rire ! Mais ils sont curieux de ce que ça va donner.» La nouvelle règlementation de 2016, qui libéralise les plantations de vignes (cf. encadré) est un déclic.
Le tout nouveau vigneron a bien étudié le projet avant de se lancer dans un investissement de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Choix minutieux de la parcelle, avec études de sol préalables… 3,5 ha sont finalement définis, dans les terres pentues, calcaires, avec une exposition plein sud, qui bénéficient donc d’un ensoleillement idéal. «Une parcelle peu productrice en cultures de céréales, mais qui se prête bien à la vigne.»

Du Chardonnay et du Pinot noir
FranceAgriMer donne l’autorisation en 2017. Le terrain est préparé, la clôture de protection de gibiers - les chevreuils sont particulièrement friands des vignes - est posée, et une partie des dix mille pieds est plantée en décembre 2017. L’autre partie l’est en mars 2018. «Il s’agit de Chardonnay et de Pinot noir. Des cépages septentrionaux les mieux adaptés au terroir, pour la production de vins tranquilles, 70 % de blanc et 30 % de rouge.» Ces variétés précoces induiront une vendange fin septembre ou début octobre.
Il faudra quatre ans aux pieds de vigne pour pouvoir produire les premières grappes de raisin de qualité suffisante pour produire du vin. Ils devraient ensuite livrer leurs meilleurs fruits à six ou sept ans, et ont une espérance de vie moyenne de quarante ans.

Un calendrier intelligent
Ce qui a rendu le projet réalisable, pour Maximilien de Wazières, est que le travail à la vigne se conjugue très bien avec celui des champs. «Hormis la vendange, soit quinze jours pendant lesquels nous devrons embaucher six ou sept saisonniers, la période la plus intense est l’hiver, pour la taille. Le printemps, nous réalisons aussi la taille en vert, car la vigne pousse dans tous les sens. Il faut pratiquer le rognage, qui consiste à  couper l’extrémité des rameaux, pour maximiser la pénétration du soleil.» Ces travaux motiveront, à terme, l’embauche d’un salarié à plein temps.
L’été, pendant la moisson, la vigne ne nécessite que de la surveillance et quelques traitements, qui seront de moins en moins nombreux à Terramesnil, car Maximilien souhaite produire du vin bio. Le désherbage mécanique sera donc de mise et tout est déjà pensé : des inter-rangs de 3 m de large permettent l’utilisation du matériel de traction existant.
Reste à acheter le matériel de vinification - «d’occasion, pour réduire les coûts» - : cuve, fûts… Et à l’installer dans la ferme, car Maximilien met un point d’honneur à transformer sur place. Le délicat travail de fabrication du vin (foulage, pressurage, fermentation, clarification…) sera confié à un maître de chai. «C’est un travail d’expert, alors nous voulons absolument être bien accompagnés. La règle pour ne pas faire du vinaigre !» Un camion se déplacera aussi sur place pour la mise en bouteilles. La vente, elle, sera en circuits courts, à la ferme ou dans les restaurants et cavistes locaux. «Ils se montrent intéressés, mais veulent évidement pouvoir tester avant d’acheter.» Le projet s’inscrira également dans une démarche éducative locale, avec des visites régulières.
Pour pouvoir financer le projet, le vigneron a misé sur le financement participatif, avec des achats de vin en primeur. La totalité du premier millésime est d’ailleurs pré-vendue. La marque portera le doux nom de la fille aînée du couple : la Cour de Bérénice.

2016 : des règles assouplies pour les vignes

Le monde du vin a connu un changement majeur au 1er janvier 2016 : la libéralisation des plantations de vignes. Jusqu’alors, et cela depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la plantation de vignes était strictement limitée par le décret n° 53-977 du 30 septembre 1953 «relatif à l’organisation et l’assainissement du marché du vin et à l’orientation de la production viticole». Presque impossible pour les viticulteurs d’étendre leurs vignes, et impensable d’en planter dans la Somme !
Mais le dispositif d’autorisations de plantation, entré en vigueur, en 2016 a changé la donne. Plus de vignes peuvent être plantées. A présent, les plantations sont autorisées a priori, sur une superficie correspondant au maximum à 1 % du vignoble actuel. Et des autorisations de plantations peuvent être délivrées à des vignes destinées à la production de vins non couverts par une indication géographique (AOC ou IGP), qui correspondent à l’ancienne catégorie des «vins de table». Les autorisations sont délivrées à condition de ne pas détourner la notoriété d’une appellation ou d’une indication protégée (par exemple, le champagne). Ce décret a été une opportunité sur laquelle Maximilien de Wazières a sauté.

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