Engrais : la France de plus en plus dépendante des importations
Effet de l’exploitation des gaz de schistes en Amérique du Nord et du système des quotas carbone en Europe, la production française d’engrais azotés perd pied. La France ne produit plus ni phosphates,
ni potasse sur son sol.
Avec un 2,77 milliards de chiffre d’affaires en 2013, l’industrie des engrais a reculé de 8 % par rapport à l’année précédente, selon l’Union des industries de la fertilisation qui a organisé un colloque «la fertilisation au service de la qualité et de la compétitivité», le 21 octobre à Paris. En revanche, sur la campagne 2013-2014, les livraisons d’engrais et d’amendements minéraux basiques ont légèrement progressé à 9,5 millions de tonnes (+0,5 %) et 3 millions de tonnes (+1,2 %) respectivement. En fait, les ventes d’engrais azotés continuent de progresser légèrement (+1,2 %) alors que le phosphore, le potassium ainsi que les composés phosphore et potasse ne cessent de décliner, respectivement de -12,5 %, -6,4 % et -13,8 %.
La question qui est posée aujourd’hui porte sur le conflit entre réglementation nitrates de plus en plus draconienne et l’amélioration du taux de protéines des blés. Depuis 2010, la croissance des rendements du blé s’est accompagnée d’une érosion du taux de protéine : celui-ci est passé en moyenne de 11,5 % à 11 %. Son relèvement passe nécessairement par une augmentation des apports d’engrais azotés puisque 80 % de l’azote apporté est transformé en protéines dans les grains.
La Chine, leader incontesté
Sur le marché mondial des engrais, l’azote est lié au marché du gaz et de l’énergie alors que la production de phosphore et de potassium dépend des activités minières et dont des investissements qui y sont réalisés. Coté pays, c’est la Chine qui arrive nettement en tête en matière de production d’ammonitrates et d’urée ainsi que de phosphore, alors que le Canada est le leader pour le potassium.
En France, l’approvisionnement en engrais est de plus en plus dépendant de fournisseurs extérieurs. Du Maroc pour le phosphore, du Canada et de la Russie pour le potassium dont la production a disparu sur notre sol. Pour les engrais azotés par exemple notre pays ne produit aujourd’hui que 40 % des ses besoins, le reste est importé, dont 25 % des pays tiers.
Handicaps
La France comme d’ailleurs l’Europe souffrent de plusieurs handicaps. Liée par des contrats avec la Russie, l’Algérie et le Royaume-Uni, la France paie son gaz à un prix relativement élevé. Sans parler des quotas de CO2 devenus obligatoires dans l’Union européenne le 1er janvier 2013 qui renchérissent le coût de production.
Alors que l’Amérique du Nord, les Etats-Unis en particulier bénéficient, au contraire, d’une baisse des prix de leurs approvisionnement grâce à l’exploitation des gaz de schistes. Ce qui les amène à se positionner de plus en plus sur le marché français.