Ils innovent : Benjamin Cousin
Ingénieur agricole de formation, Benjamin Cousin souhaitait s’installer à son compte dans l’agriculture, mais n’avait pas de terres. Il a contourné la difficulté avec son projet de micro-pousses.
avec une vingtaine de variétés. D’ici la fin de cette année, il compte atteindre les trois cents par semaine.
Les micro-pousses gourmandes de Benjamin Cousin
C’est la plus petite exploitation agricole de la Somme : 289 m2. «Quand on n’a pas de pétrole, on a des idées», dit l’adage, qui colle parfaitement à la peau de Benjamin Cousin. S’il a fait une école d’ingénieur agricole après le bac, il ne pensait pas pour autant s’installer comme agriculteur. Ce qu’il voulait ? «Je n’en savais trop rien, mais il n’a jamais été question pour moi de reprendre la petite exploitation de polyculture et élevage de mon père», dit-il.
Quinze ans après avoir exercé dans le para-agricole (agro-fourniture et coopérative), son désir de s’installer est mûr. Son projet, il l’imagine plutôt agricole, mais il n’a pas de terres. Une piste est à explorer : les caractéristiques touristiques de son lieu de vie, soit la Baie de Somme. Mais ce qui va réllement le mettre sur la piste est un reportage à la télévision sur les micro-pousses, qu’il regarde un soir, fin 2017.
En faisant quelques recherches, il se rend compte que cette «niche» n’est quasiment pas développée en France. Et des débouchés existent auprès des restaurants gastronomiques, qui en utilisent dans leur cuisine, mais qu’ils font venir de l’étranger. Un produit pur jus local ne peut que trouver sa place, pense-t-il alors.
Une production délicate à conduire
Après avoir fait une étude de marché, et avoir rencontré un producteur dans le Puy-de-Dôme, il monte une serre de 90 m2 sur son terrain et se lance dans la production de micro-pousses. Mais il est rapidement confronté à des difficultés dans ses itinéraires techniques, car il s’avère compliqué de maintenir des conditions ambiantes identiques tout au long de la production sous serre. Le sort va lui donner un petit coup de pouce, avec la disponibilité d’une salle dans un bâtiment à usage professionnel, qui jouxte sa résidence principale.
Il travaille d’abord à partir d’une dizaine de variétés (coriande, basilic rouge, shizo, agastache, mélisse, capucine, roquette, moutarde, etc.). Toutes les graines utilisées proviennent principalement d’Angleterre et sont non traitées. «Mon objectif est de travailler comme si j’étais en bio. C’est facile parce que ce sont des cycles très courts. Les micro-pousses n’ont donc pas le temps d’être soumises à des maladies, des insectes ou des ravageurs», explique-t-il.
Benjamin utilise des barquettes dans lesquelles il met du terreau et du sable, avant de semer dessus les graines. Une fois que tout est fin prêt, les barquettes sont placées dans des germoirs de sa fabrication et y restent quelques heures ou quelques jours, suivant les variétés. Ensuite, il les place sur des rayonnages d’entrepôt éclairés de leds horticoles pour achever leur cycle. «Le plus difficile a été la mise au point de l’arrosage, ainsi que le temps de germination, car il n’existe aucune référence», avoue-t-il. Après quelques tâtonnements, il perfectionne son système et atteint ses objectifs. Cent dix barquettes sont produites par semaine depuis juin. Son objectif est d’atteindre les 300 d’ici la fin de l’été 2019.
Un «partenariat»
Innover, c’est bien, mais rendre viable économiquement son projet, c’est mieux. Pour mettre toutes les chances de son côté, son choix de variétés se fait en concertation avec les restaurateurs en recherche de micro-pousses locales pour valoriser encore plus les produits du terroir qu’ils travaillent.
Aujourd’hui, sa palette s’étend à une vingtaine de variétés, et Benjamin réfléchit à développer des mini-légumes et d’autres variétés. Et pourquoi pas développer les micro-pousses auprès des particuliers ? Autant d’idées qui poussent dans sa tête, et qui devraient rencontrer leur cible rapidement.