Ils innovent : Martin Ebersbach
Pour pouvoir s’installer sur la ferme de sa mère, Dorothée, Martin devait trouver une activité de diversification. L’histoire familiale lui a montré la voie, celle de la production d’un vin pétillant.
Vin blanc : le projet très "pétillant" et bio de Martin Ebersbach
L’agriculture, chez les Ebersbach, c’est une histoire de famille. Aussi Martin n’a pas dérogé à la règle, car rien de plus intéressant pour lui que de «planter des cultures, puis voir comment elles se développent et obtenir, au final, quelque chose de bon», confie-t-il. Alors, la suite logique, après des études à l’Isa de Lille, était le retour à la ferme des Vœux, à Ailly-sur-Noye, autrement dit à la terre natale. Mais l’activité céréalière dans des terres de faible qualité ne permettait pas vraiment de dégager un revenu. De quoi compromettre son installation, sauf à trouver un projet de diversification, qui lui permettrait aussi de prendre la relève de sa mère au moment de sa retraite.
Son oncle, né ici, et aujourd’hui viticulteur dans l’Hérault, a toujours dit que faire pousser des vignes dans ces terres crayeuses serait une bonne idée, et d’autant qu’elles sont exposées au sud. Une de ses tantes, conseillère viticole indépendante dans le Vaucluse, le confirme également. Martin pousse le raisonnement jusqu’au bout, et se dit aussi que les raisins produits par les vignes pourraient être transformés sur place, puis le vin vendu à la ferme et auprès de quelques intermédiaires. L’idée est d’autant plus séduisante que la viticulture est quasi inexistante dans la Somme. Si un agriculteur s’est lancé dans le vin il y a un an,
devançant Martin, personne, en revanche, ne produit de vin pétillant bio. Le marché est donc grand ouvert.
Etape par étape
Mais, comme «rien ne sert de courir, il faut arriver à point», Martin a décidé de procéder pas à pas pour se faire la main et ne pas prendre trop de risques, les vignes craignant particulièrement le gel. Or, la Somme y est exposée en hiver et au printemps.
Au programme, un premier hectare sera planté en mars et avril de cette année, puis un second en 2020, et quatre en 2021. Comme cépage, c’est le Chardonnay qui a été retenu pour faire du blanc de blanc, à la méthode champenoise. «C’est, en fait, le climat qui a décidé pour nous», dit-il. Au final, les 6 hectares devraient permettre de produire 40 000 bouteilles par an. Les premières vendanges auront lieu en 2021, et les premières bouteilles vendues en 2022. Des étudiants de l’Isa planchent aujourd’hui sur le marketing. La suite ? Organiser des visites des vignes et des dégustations pour faire découvrir ce patrimoine à tous les curieux, et partager avec eux sa passion du vin.
Produire et vinifier
Sur le plan de la vinification, un bâtiment de stockage du corps de ferme, aujourd’hui en location, sera réinvesti pour accueillir la cave. Des œnologues de Champagne seront à ses côtés pour l’accompagner dans cette transformation. «Seule une partie de la vinification sera sous-traitée, à savoir la mise en bouteille et le dégorgement. Mais, pour tout le reste, ce sera nous», explique Martin, qui envisage de suivre une formation d’œnologie à Reims.
Les plants ont déjà été commandés et le matériel d’occasion acheté ou en cours d’achat. Autre étape capitale : la définition du schéma d’élaboration de la plantation sur lequel planche Martin aujourd’hui. «Cette préparation technique est essentielle, car le choix du cépage, celui de la distance de plantation et celui de la technique de taille participent à l’obtention d’un produit de la meilleure qualité possible. Et c’est exactement là où je veux arriver», indique Martin. Réponse ? Dans quatre ans.