L’activité des horticulteurs refleurit petit à petit
L’horticulture est l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, puisque les serres ont été fermées aux clients. Chez Gosset Fleurs, à Amiens, les fleurs se vendent à nouveau depuis trois semaines.
remonter la pente après plusieurs semaines de fermeture.
Dans les allées de la serre Gosset Fleurs, à Amiens, les chariots se remplissent de géraniums, rouges, violets, blancs, roses… Cette plante est la star du déconfinement, pour garnir de belles jardinières et redonner du baume au cœur des jardiniers amateurs, après plusieurs semaines de confinement. «Nous avons rouvert il y a trois semaines, lorsque nous avons eu l’accord du gouvernement pour cela, explique Pierre Triboulet, gérant de l’entreprise. Les clients étaient timides au début, mais depuis une semaine, c’est le rush. Cela devrait se poursuivre après les saints de glace (du 11 au 13 mai, ndlr), car beaucoup attendent encore que cette période soit passée pour faire leurs plantations.»
Un peu d’espoir pour les horticulteurs qui, comme Pierre Triboulet, on subit l’arrêt total de leur activité pendant plusieurs semaines, à cause du confinement. Lui a fermé ses trois sites (Coté Fleurs, à Dury, Fanny fleurs et Gosset Fleur à Amiens) le week-end du 15 mars. «Nous n’avions gardé qu’une activité de fleurs coupées pour les deuils. Mais cela ne représente que 15 % de notre activité. Et comme les cérémonies étaient limitées en nombre de personnes, les ventes étaient elles aussi réduites.»
Soigner le vivant malgré tout
Les pertes de production ont été énormes. «J’ai donné des plantes au personnel et aux clients fidèles. Et puis nous avons beaucoup jeté : bégonias, hortensias, toutes les fleurs coupées…» Quelques plantes ont pu être sauvées. «Nous avons par exemple coupé les boutons des géraniums pour qu’ils fassent du pied plutôt que des fleurs. Aujourd’hui, ils sont magnifiques.» Une partie des onze salariés a été placée au chômage partiel, «mais les plantes, c’est du vivant. Ça continue de pousser et il faut bien s’en occuper». L’horticulteur a vu son chiffre d’affaires chuter à 25 %. Il est désormais remonté à 40 %. «Même encore maintenant, les salariés effectuent des roulements de présence.» Les deux fleuristes qu’il gère ont, eux, rouvert leurs portes cette semaine, «mais nous n’avons pas toute la marchandise pour fonctionner à 100 %.»
Comment surmonter cette crise sans précédent ? L’entreprise, fondée en 1927 par Rose Gosset, la grand-mère de Pierre Triboulet, qui cultivait des dahlias et des glaïeuls au fond de son jardin pour les vendre au marché d’Amiens, est gérée en «père tranquille». «Nous avions des réserves. Mais il ne s’agit pas de piocher dedans sans compter, il va falloir renflouer les caisses.» D’autres horticulteurs de la Somme se trouvent en situation financière bien plus critique.
Des dates clés passées à la trappe
D’autant que la profession a été forcée de faire l’impasse sur des dates clés. «Nous avons loupé le dimanche des rameaux, le 28 mars, lors duquel les gens fleurissent les tombes de leurs défunts, puis Pâques et le 1er mai.» Pour cette dernière fête, pour la première fois cette année, aucun brin de muguet, symbole de bonheur, n’a été produit dans les serres de Gosset Fleurs. «Habituellement, nous achetons le muguet en griffes et nous les forçons», précise Pierre Triboulet. Un peu plus de mille pots de muguets, soit dix-mille brins, sont vendus en l’espace de quatre heure. «Dès que j’ai compris que nous allions devoir fermer, j’ai annulé la commande. Il était encore temps.» Pas de pertes donc, mais pas non plus de bénéfices.
La fête des mères, dimanche 7 juin, sera-t-elle aussi bonne que les années précédentes ? «Il y aura des achats, mais si les déplacements sont toujours restreints à un rayon de 100 km, certains enfants ne pourront pas rejoindre leur famille éloignée.» Comme il faut du temps à une plante pour s’épanouir pleinement, il faudra aussi du temps à l’horticulture pour retrouver une activité florissante.