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Maintien de l’agriculture dans les zones humides de la Somme

Pour concilier agriculture et zones humides en Plaine maritime picarde et Moyenne vallée de la Somme, plusieurs actions ont été engagées.

Pâturage dans les prairies humides bordant la Baie d’Authie à Quend.
Pâturage dans les prairies humides bordant la Baie d’Authie à Quend.
© © Matthieu Franquin@smsbs-glp


Etre agriculteur au cœur des zones humides est tout sauf une sinécure. «C’est même un véritable handicap», précise Stéphane Verscheure, responsable équipes animales à la Chambre d’agriculture de la Somme, lors de la session de cette dernière, le 28 novembre dernier. Dans la Plaine maritime picarde, les éleveurs viande ont 20 % de marges en moins et les éleveurs laitiers 15 % en moins comparativement aux autres éleveurs du département, «soit plus de 200 €/ha de prairies de moins». Situation quasi identique dans la Moyenne vallée de la Somme, avec moins de 30 % sur la marge brute en viande. Maintenir l’élevage reste cependant une priorité. C’est la raison pour laquelle différents plans et actions ont été mis en place.
A l’échelle nationale, depuis 1995, trois plans nationaux d’action ont été mis en œuvre en faveur des milieux humides. De même, un programme en faveur du maintien de l’agriculture en zones humides du Bassin Artois-Picardie a été lancé (deux sites dans la Somme : Plaine maritime picarde et la Moyenne vallée de la Somme, ndlr), porté par l’Agence de l’eau, ainsi qu’une mission de l’inspection du Conseil général de l’alimentation et de l’environnement. Dans le cadre de cette dernière mission, la Baie de Somme a été retenue comme site pilote avec le marais du Cotentin et le marais de Brouage.

Actions en Plaine maritime picarde
Dans la Plaine maritime picarde, regroupant vingt-huit communes autour de la Baie de Somme, un accompagnement technique a été réalisé auprès d’une cinquantaine d’éleveurs sur les deux cents éleveurs du territoire, toutes espèces confondues. Par ailleurs, vingt-deux dossiers ont été montés cette année dans le cadre des mesures Maec, soit 160 ha de prairies engagés et 70 km de fossés. Entre 2015 et 2017, ce sont, au total, cent éleveurs qui ont bénéficié du dispositif Maec et 2 000 ha de prairies.
Une réflexion a été également engagée sur le classement de la zone en ICHN. La Chambre d’agriculture a apporté son appui dans les échanges parcellaires, «mais l’action a été arrêtée faute d’intérêt des éleveurs», souligne Stéphane Verscheure. Par ailleurs, des rencontres ont été organisées avec les élus du territoire pour les sensibiliser au retour à l’agriculture de prairies communales. Enfin, pour valoriser les productions agricoles dans les zones humides, une marque «Baie de Somme Saveurs» a été créée, et lancée en juin dernier.
Pour 2018, les objectifs d’antan restent d’actualité, soit la poursuite des actions engagées depuis 2012. «Par contre, on fait évoluer certaines actions en intégrant l’intégralité de l’exploitation. Il faut aussi élargir la gouvernance aux principaux acteurs du territoire et préparer le futur projet 2019-2021 dans le cadre du XIe programme de l’Agence de l’eau», relève Stéphane Verscheure.

Actions en Moyenne vallée de Somme
Engagé en 2014, le projet s’étend d’Abbeville à Amiens (vingt-neuf communes, ndlr). Il regroupe une centaine d’éleveurs et 560 ha de prairies. Seuls 10 % de la surface agricole utile sont en zones humides, soit un contexte différent de la Plaine maritime picarde. Une fois cela dit, les enjeux et les actions sont à l’identique de ceux de la Plaine maritime picarde.
Sur les 560 ha de prairies, 364 ha ont été contractualisés, dont 147 ha en zones humides et 215 ha en zone Natura 2000. Comme dans la Plaine maritime picarde, une identification des parcelles valorisables des communes a été menée. Deux communes ont été rencontrées, Flixecourt et Hangest. La restauration de prairies humides est en cours de projet à Flixecourt (18 ha + 9 ha de peupleraie) et à Bourdon, après expertise de terrain.
Par ailleurs, un appui technico-économique a été apporté par la Chambre d’agriculture de la Somme auprès de vingt-sept éleveurs en 2017. Enfin, une étude de marché, lancée cette année, porte sur le développement de produits locaux à développer. «Il existe un véritable intérêt de la part des collectivités locales pour acheter «local». Il y a donc une carte à jouer pour relocaliser la production par rapport à la commercialisation», commente Marie Guilbert, responsable de l’équipe filières courtes et agrotourisme. Un projet d’un point de vente collectif commun avec la Plaine maritime picarde est d’ailleurs en cours de réflexion.
Parmi les projets pour 2018, les pistes sont les mêmes que pour la Plaine maritime picarde soit : renforcer l’implication des élus, intégrer la cohérence des systèmes d’exploitation au-delà de l’élevage, valoriser les produits via la diversification, ou encore sécuriser les versements des aides Maec, travailler sur les difficultés liées à la main d’œuvre pour les fermes d’élevage, développer des échanges entre les territoires en zones humides, ou encore conforter les agriculteurs en place et favoriser l’installation des jeunes du territoire. Et, pourquoi pas, développer une ferme expérimentale en agriculture biologique sur le territoire. Y a plus qu’à…

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