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Saint Louis Sucre tente de rassurer ses planteurs

Après Grand-Quevilly (76) et Saint-Quentin (02), Saint Louis Sucre terminait sa série de réunions auprès de ses planteurs à Amiens, ce 19 juin. Ambiance électrique dans un contexte de marché du sucre au plus bas.

Thierry Desesquelles, concernant le prix final 2017 : «Nous ferons une annonce à l’ensemble de la profession début juillet.» 
Thierry Desesquelles, concernant le prix final 2017 : «Nous ferons une annonce à l’ensemble de la profession début juillet.» 
© A. P.

«Avec nos betteraves, on vous fait un chèque en blanc ! On s’engage sur nos surfaces et vous ne vous engagez en rien», s’énerve un planteur de Saint Louis Sucre. L’ambiance était tout aussi tendue ce 19 juin, à Amiens, que lors de la réunion précédente qu’organisait la filiale de l’allemand Südzucker en Seine Maritime (lire page 13). En cause, surtout : le prix final de la betterave pour 2017, que Saint Louis Sucre n’a toujours pas annoncé.
Seule indication, le prix de base pour les confrères allemands équivaut à près de 24 €/t (avec suppléments de prix), soit moins que les 25 €/t minimum chez Tereos et Cristal Union, et beaucoup moins que les 28,34 €/t de betterave contractée chez Cristal Union (indemnités d’arrachage incluses) et 28,40 €/t chez Tereos annoncés pour la récolte 2017.
Thierry Desesquelles, directeur de Saint Louis Sucre, a tenté pour rassurer les quelques cent cinquante agriculteurs présents dans la salle : «Nous vous demandons quelques jours de patience et vous serez rassurés par rapport à tout ce qui a pu se dire», annonce-t-il. Car une réunion de la CRV (commission de répartition de la valeur) est prévue la semaine prochaine, pendant laquelle le prix final pour 2017 doit être fixé. «Nous ferons une annonce à l’ensemble de la profession début juillet.»
Des évolutions seront proposées lors de cette CRV. Le calendrier de paiement va être revu pour respecter la loi LME (loi de modernisation de l’économie, votée le 4 août 2008, qui prévoit des délais de paiement soixante jours à partir de l’émission de la facture ou de quarante-cinq jours fin de mois). «Pour les betteraves contractées, le paiement d’un acompte, décidé à 17 /t à richesse, se fera à la fin du mois suivant la livraison.» Pour une livraison fin septembre 2019, par exemple, un planteur pourra compter sur  un premier paiement fin octobre 2019, puis le solde en juin 2020 et un éventuel supplément de prix après l’audit du printemps 2020.
Le directeur souhaite rappeler «quelques notions du contrat plutôt avantageuses pour les planteurs qui ont dû être oubliées». Le contrat SLS s’inscrit bien dans le cadre de la contractualisation de Südzucker. Il vise à assurer une production betteravière suffisante pour plus de cent vingt jours de campagne et intègre l’achat de la betterave entière sans déduction du collet. «Cela remet certaines équités pour les agriculteurs.» Le prix des betteraves est corrélé au prix de vente moyen des sucres SZ4, soit une moyenne entre les quatre entités du groupe en Allemagne, Pologne, Belgique et France, selon une grille qui tient compte du prix de vente moyen du sucre départ usine pour tout le groupe Südzucker. Autre avantage, selon SLS, la valorisation des pulpes surpressées est garantie à 2 €/t minimum. «Une donnée non négligeable du revenu de l’agriculteur. Ce prix est aussi soumis aux aléas du marché, mais nous avons décidé d’éradiquer cet inconnu.» Enfin, un supplément de prix peut être ajouté.
Thierry Desesquelles a aussi souhaité rappeler que le contrat SLS conserve quelques spécificités. La durée d’engagement reste au choix du planteur : un, deux ou trois ans. Et le prix SZ4 est calculé sur ensemble de la campagne, ce qui implique que calendrier de paiement est prévu jusqu’en décembre de l’année en cours.
Concernant ce calendrier de paiement, justement, un premier acompte a été versé au 1er décembre 2017, de 12,50 €/t16 (soit 13,45 €/t16 betteraves forfait collet). Un deuxième acompte  a ensuite été versé en mars 2018, de 3,15 €/t16 (soit 65 % du prix de la betterave estimé), accompagné de l’intégralité de la valorisation des pulpes de 2 €/t16, «pour aider les trésoreries», commente Thierry Desesquelles. «Nous avons aussi fait un effort en reportant des échéances graines et phytosanitaires». Le versement du solde est prévu en décembre 2018, calculé sur la base du prix SZ4 fin septembre 2018. Un supplément de prix sera peut-être à la clé…

Südzucker est pessimiste pour 2018-2019

Dans un contexte sucrier difficile, l’allemand Südzucker, premier producteur mondial de sucre, a plutôt bien tiré son épingle du jeu au cours de son dernier exercice. Pour 2017-2018 (exercice clos

le 31 mars), il a publié mi-mai, une hausse de 4,2 % de son résultat opérationnel à 445 M, pour un chiffre d’affaires consolidé de 6,983 Md (+7,8 %). Le groupe qui est également présent dans le bioéthanol, via sa filiale cotée CropEnergies, les préparations et jus de fruits et les pizzas surgelées, a produit sur l’exercice écoulé 5,9 Mt de sucre (contre 4,7 Mt en 2016-2017), dont 5,7 Mt de sucre de betterave et 0,2 Mt de sucre raffiné de canne à sucre. Südzucker est beaucoup moins optimiste pour l’exercice 2018-2019 en cours, dans «un environnement de marché incertain et en profonde mutation», rappelle-t-il.
Le groupe a un objectif de chiffre d’affaires consolidé compris entre 6,8 et 7,1 Md et prévoit une baisse de son résultat d’exploitation consolidé autour de 100 à 200 M. Une contre-performance principalement liée à l’activité sucre, «la forte baisse des prix du sucre à un niveau historiquement bas ne pouvant en aucun cas être compensée par des coûts de production plus bas et des volumes de ventes plus élevés», explique le groupe. De fait, le segment sucre de Südzucker devrait sur cet exercice, afficher une perte d’exploitation comprise entre -100 et -200 M (contre un résultat positif de 139 M en 2017-2018).
Agra Presse

Foire aux questions

Nombreuses étaient les questions de la part des planteurs SLS, qui avaient fait le déplacement à Mégacité, à Amiens, ce 19 juin. Les représentant de SLS ont tenté d’apporter des réponses.

En Allemagne et en Pologne, les coûts de production ne sont pas les mêmes. Les prix sont-ils identiques pour nous ?
Le prix SZ4 (prix moyen de la betterave) était une idée née d’une réunion d’échanges comme celle-ci. Les coûts en Allemagne sont plus élevés qu’en France (pression foncière notamment). En Pologne, les rendements sont plus faibles.

Avec l’allongement des campagnes et + 20 % de surface en France, pourquoi n’a-t-on pas réussi à faire baisser le prix des graines ?
Si on veut baisser les prix, il faut laisser aux semenciers le choix de s’organiser autrement. Il faudrait commander plus d’un an avant et mettre en production exactement ce qu’ils peuvent fournir, pour éviter les pertes inutiles.
Saint Louis Sucre fait dix jours de campagne de plus. Quel retour pourrait-on avoir, nous, planteurs ?
On a déjà intégré dans les grilles de prix le fait que les campagnes soient allongées. Nous versons des indemnités pour allongement de campagne déjà augmentées de 50 % par rapport à l’interprofession qui les avaient définies.

Vous parlez de pérenniser la filière. On ne demande que ça. Mais il y a un prix sous lequel on ne peut pas produire. Ne peut-on pas créer une caisse quand le prix du sucre est au plus bas pour nous garantir un prix minimum ?
Nous devons nous améliorer dans le travail pour trouver les moyens d’assurer un prix motivant pour continuer, mais le prix minimum ne fait pas partie de la stratégie de Südzucker.

Si le prix des betteraves descend à moins de 25 Ä/t : qui arrête ?
Presque tous les agriculteurs de la salle ont levé la main.

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