Une litière innovante pour plus de bien-être
Depuis trois mois, les laitières de Benoît Rigolle, à Hallencourt (80), sont confortablement installées sur une litière en anas de lin. Chaque nouveauté a pour but d’apporter plus de bien-être aux animaux et à l’éleveur.
Une litière absorbante, moins poussiéreuse que la paille, qui permettrait de réduire la charge de travail quotidienne : Benoît Rigolle, éleveur laitier à Hallencourt, à l’ouest de la Somme, s’est beaucoup renseigné avant de choisir la nouvelle litière de ses vaches. «J’ai pensé au miscanthus, aux copeaux de bois… Finalement, avec les conseils d’Avenir conseil élevage, j’ai opté pour l’anas de lin qui pompe plus d’humidité.»
Les génisses sont donc sur lin depuis novembre, et les vaches, dans un autre bâtiment, le sont depuis décembre. En deux mois, Benoît a utilisé 15 t d’anas de lin pour ses cinquante vaches. Même s’il est encore tôt pour tirer un bilan définitif, il est satisfait. «Avant, je paillais deux fois par jour et je curais toutes les semaines. Aujourd’hui, je remue tous les jours et j’en remets un peu, mais je me suis libéré de cette tâche le soir. Curer toutes les six semaines semble suffisant. Les pattes sont saines car le sol est sec, et je vois beaucoup moins de poussières dans le bâtiment. Les problèmes respiratoires devraient donc diminuer…» Du bien-être pour les animaux comme pour l’homme ! L’éleveur y voit aussi un intérêt pour la qualité du lait : «Cette litière reste à 20-25°C en permanence, alors que la paille pouvait monter bien plus haut en température. C’est mauvais pour le taux de cellules.»
Et économiquement ? «Comme on fait notre propre paille, on a toujours l’impression qu’elle est gratuite, mais elle a une valeur de 50 €/t. J’achète le lin 40 €/t.» Surtout, l’agriculteur voit un autre intérêt à garder sa paille : augmenter le taux de matières organiques de ses 130 ha (céréales, multiplication de semences, colza, betteraves, maïs fourrage) qu’il exploite en non labour depuis 2006. Le fumier issu de la litière de lin devrait également être intéressant. «Il faut que je le fasse analyser, mais il devrait être plus concentré qu’une litière pailleuse.» Il pense l’utiliser comme premier apport sur les céréales, sauf cette année, car la pluie abondante compromet les travaux des champs.
Un robot de traite ?
Pour renforcer le bien-être au sein de son élevage, Benoît Rigolle pense à l’installation d’un robot de traite. Il faut dire que la salle de traite actuelle, une 2x4 sans décrochage, vieille de trente-six ans, a atteint ses limites. Les contraintes physiques sont importantes, et il serait difficile d’embaucher un salarié dans ces conditions. Pour les vaches, le confort serait aussi meilleur «Je veux pouvoir me libérer du temps pour renforcer la surveillance et pouvoir être plus réactif lorsqu’il y a des soins à apporter à quelques bêtes.» Le Dac (distributeur automatique de concentré) du robot permettrait aussi d’optimiser la ration de chacune.
Un système herbager optimisé
Benoît Rigolle est un convaincu du système herbager. Ses vaches pâturent dans les 11 ha attenants au bâtiment du 15 février au 15 novembre. Un système gagnant : 420 000 l de lait par an et 268 €/1 000 l de marge brute en 2018. «L’herbe, c’est du stock sur pied, assure-t-il. Juste un peu de fertilisation au démarrage et aucune mécanique.» L’agriculteur a appris à optimiser ses pâtures. Il fonctionne en pâturage tournant dynamique, avec des paddocks journaliers. Ainsi, les mauvaises herbes s’épuisent. Il a diminué les doses d’azote et a vu repousser du trèfle. «Quand on soigne bien le pâturage, on peut facilement passer les 10 t de matières sèches par hectare», annonce-t-il. Son système est-il compatible avec un robot de traite ? «Il s’agira d’adapter les allées, et de mettre en place des systèmes de portes intelligentes, par exemple. La technologie permet beaucoup de choses !»