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La silphie, la cerise sur le gâteau des méthaniseurs

Un méthaniseur est gourmand. Chaque jour, ces installations avalent des centaines de kilos, voire des tonnes de matière. Le principal souci des agriculteurs-méthaniseurs est donc de l’alimenter. Dans la Somme, quelques-uns, dont Michel Destombes, font le pari de la silphie.

Pour l’instant, la parcelle res-semble à une jachère. Mais au printemps, Michel Destombes, polyculteur-éleveur et bientôt méthaniseur à Morlancourt, à l’Est de la Somme, espère y voir pousser de hautes tiges de plus de 2 m, dotées de grandes fleurs jaunes. Il s’agit de la silphie qu’il a semée sur 3 ha au total, le 15 avril 2021. «Je me suis intéressée à cette plante parce que je cherchais à valoriser mes ZNT (zones de non-traitement, ndlr) et les petites parcelles difficilement cultivables. Il s’agit d’une plante pérenne, d’une durée de vie d’environ quinze ans, qui ne nécessite aucun traitement phyto une fois qu’elle est bien implantée», explique-t-il. 

Cette plante est dotée d’un fort pouvoir méthanogène, similaire à celui du maïs. «Elle sera ensilée en septembre ou octobre, et participera à l’alimentation du méthaniseur en projet, avec vingt-deux autres agriculteurs (cf. encadré).» Un grain de sable parmi les 50 000  t de Cive, pulpes de betteraves, déchets de pommes de terre, racines d’endives, seigle, maïs et effluents d’élevage qui vont alimenter le méthaniseur (130 t par jour). D’après Silphie France, qui commercialise la variété Abica Perfo, la teneur en méthane du biogaz varie de 51 à 55 %. «Une production moyenne de 15 à 20 t de matière sèche (MS) par hectare produit 4 650 m3 de biogaz», précise l’entreprise.

 

Premier défi : le semis

Premier défi toutefois : réussir le semis. À 1 800 €/ha la semence, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté. «J’ai effectué un labour, puis une préparation comme un semis de betteraves, au vibroculteur et herse rotative. La graine est très petite, et une terre fine est essentielle pour assurer sa germination.» Deux solutions sont proposées par Silphie France : un semis à 75  cm, avec une alternance de rangs de maïs pour ne pas perdre une année de culture, ou un semis à 45 cm, sans récolte la première année. «J’ai choisi cette deuxième option, à 2,7 kg/ha, car il m’était impossible de traiter du maïs dans les ZNT. Semer plus serré me paraissait aussi plus judicieux pour gérer l’enherbement», confie Michel Destombes. 

 

Gérer l’enherbement au début

Les adventices sont la bête noire des producteurs de silphie la première année, puisqu’aucun traitement n’est homologué. «L’année 2021 a été très humide, et le binage n’a pas vraiment réussi. Mais la plante a tout de même bien levé et semble bien implantée. Au printemps prochain, elle devrait se développer tôt et étouffer rapidement les autres plantes.» Un rendement allant jusqu’à 23 t de MS/ha peut être espéré en bonne terre, assure Silphie France. «Ce n’est pas la plante miracle en mauvaise terre. Elle demande un peu de calcaire. Je table sur 15 t de MS/ha», annonce l’agriculteur. Silphie France affirme que tous les types de sol peuvent accueillir la silphie, y compris les sols drainés ou inondés. La silphie peut résister pendant deux mois et demi en étant immergée. «Le seul facteur limitant est l’acidité du sol (pH à partir 6, sinon il faut prévoir un apport en calcium annuel de 1 à 1,5 t/ha).» À partir de cette année, la culture ne coûtera plus à Michel Destombes qu’un passage de digestat à 20 t/ha avant le 15 avril et une récolte à l’automne. Elle devrait faire le bonheur des insectes pollinisateurs et des habitants voisins, protégés désormais par une large haie de fleurs jaunes. 

Plus d’information sur cette culture et ses débouchés sur www.silphie-france.fr

 

Un des plus gros méthaniseurs de France

50 000 t de matière chaque année pour alimenter l’installation, qui la transformera en 40 000 t de digestat et 500 Nm3 de gaz, directement injecté dans le tuyau de GRTgaz. Vingt-trois agriculteurs associés, soit 4 300 ha. Le projet de méthaniseur de la zone industrielle d’Albert (80) est l’un des plus gros de France. Il apportera une réelle valeur ajoutée aux exploitations. «Il nous permettra d’être quasiment autonomes en matière de fertilisation», explique Michel Destombes, qui pilote le projet. Un terrain de 5 ha a été acheté. 
1 ha de silos, deux incorporateurs, deux digesteurs, un post-digesteur et deux citernes de récupération du digestat liquide y seront construits. Chaque agriculteur apportera de la matière à hauteur de la surface dont il dispose : Cive, pulpes de betteraves, déchets de pommes de terre, racines d’endives, seigle, maïs et effluents d’élevage… Et silphie. 
Reste qu’un tel projet, soumis au régime d’autorisation des IPCE (Installations classées pour la protection de l’environnement), est «un vrai parcours du combattant». Après dépôt du permis de construire, enquête publique et fouilles, les premiers coups de pelle devaient avoir lieu mi-2021, pour un fonctionnement en 2022. «La Covid est passée par là et nous avons pris six mois de retard. Entre-temps, une réforme est passée et nous avons dû recommencer toutes les démarches (plans, études…).» 
Des coûts supplémentaires sont à prévoir, en plus des 11 M€ estimés au départ. «Nous devons par exemple étanchéifier le terrain, alors que ce n’était pas prévu.» Le chiffre d’affaires annuel, qui doit s’élever à 4 M€, avec une rentabilité à 9,12 %, doit permettre d’absorber ces dépenses. Le dossier avance désormais bien, et le collectif table sur des travaux en 2022 pour une mise en fonctionnement en 2023… Enfin !
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