Aller au contenu principal

Diversification
Les fraises de la cueillette d’Airaines s’arrachent comme des petits pains

À Airaines, au sud-ouest d’Amiens, la famille Legry termine sa deuxième saison de fraises, avec un succès grandissant. Cette diversification, bien que chronophage, offre un revenu supplémentaire à la ferme céréalière, et un contact avec les locaux qu’ils dégustent.

La fraise est un des fruits préférés des Français. Ce fait se confirme à Airaines. Bien que quinze jours plus tardive qu’en 2022, à cause de la météo fraîche en début de printemps, la deuxième saison de la cueillette d’Airaines est un vrai succès. «Le projet est né pendant le confinement. J’avais envie de me diversifier, et je cherchais une autre manière d’exploiter une parcelle située entre notre maison et des habitations voisines. Les fraises ont séduit toute la famille», explique Benjamin Legry, à la tête de l’EARL des Canadiens.

Le polyculteur disposait d’un assolement déjà diversifié, avec 180 ha de céréales, betteraves, lin, colza, pois protéagineux et graminées porte-graines. Les fraises paraissaient une activité cohérente. «La récolte, en mai, est une période calme pour les autres productions.» Avec son épouse Ariane (enseignante et salariée à temps partiel de l’exploitation) et leurs enfants, Marceau, Achille et Ferdinand, ils ont mis la main à la patte dès avril 2021. «Nous avons bénéficié de quelques conseils techniques du spécialiste Pépimat, à Noyon (60). Mais nous nous sommes beaucoup débrouillés seuls», se souvient Ariane. 

16 500 pieds ont été plantés en pleine terre dans la parcelle de 4 000 m2. «Le hors sol représentait un investissement trop important», justifie Benjamin. 10 000 € ont tout de même été nécessaires pour l’achat des plants, du matériel d’irrigation, des bâches et d’un tunnel qui permet d’avancer le début de la récolte de quelques jours. Pour préparer les buttes avant plantation et dérouler le plastique, du matériel leur a été mis à disposition par un producteur de Crécy-en-Ponthieu. Trois variétés ont d’abord été choisies «pour répartir le risque» :
la Darselect, longue et conique à la chair ferme très gustative, la Deluxe, rustique qui tolère bien le froid et les maladies, et la Daroyale, très précoce. Cette année, la Cirafine, variété remontante, permet de prolonger la saison jusqu’à l’automne. Les pieds produiront pendant trois ans, puis devront être remplacés. «Nous prévoyons une rotation, à hauteur d’un tiers par an.»

Aujourd’hui, la production est à la hauteur des attentes. Les plants, qui ont tous repris, s’en donnent à cœur joie. «C’est peut-être même trop. En théorie, un pied doit donner 500 grammes de fraises. On n’avait pas estimé le travail que représenterait le ramassage manuel de plus de 8 000 kg», en rit Ariane. Avec ses fils, il lui arrive régulièrement d’aller cueillir très tôt le matin, avant de partir pour l’école et le collège. Cette année, une saisonnière, à hauteur de douze heures par semaine, est venue leur prêter main forte. Benjamin dépense aussi beaucoup d’énergie pour maintenir la parcelle propre. «Les fraisiers, c’est du chiendent. Une fois que c’est bien implanté ça prend vite beaucoup d’ampleur. J’y vais carrément à la débroussailleuse.» Il faut également aérer les pieds, les éclaircir, et arracher les chardons. «Cela représente au moins quinze jours de travail.»

La récompense des bons retours

Au-delà de la charge de travail, la famille s’épanouit dans cette nouvelle activité. «Les gens en redemandent. Tout ce qui est ramassé est vendu. Nous privilégions la qualité, et nous avons d’excellents retours. C’est très gratifiant», acquiesce le couple. Pour la commercialisation, qu’ils voulaient en direct pour maîtriser la marge, Benjamin et Ariane ont fait le choix du distributeur automatique, installé à une petite centaine de mètres de la ferme. «On le remplit tous les matins, et les soixante barquettes soit 30 kg, affichées à 9 €/kg, partent le jour-même. Le week-end, on réapprovisionne même dans la journée.» Les fraises représentent désormais 5 % du chiffre d’affaires de l’exploitation.

Pour compléter, pendant la pleine saison, Ariane a ouvert une cueillette les mercredis et samedis matins. «Ça permet des échanges directs. On touche une autre forme de clientèle, dont des familles et des personnes âgées, qui prennent le temps de cueillir. Ça nous aide dans ce travail de cueillette aussi», témoigne Ariane. Les locaux y découvrent alors les services que l’agriculture rend à l’environnement. Les abeilles des ruchers des Avettes de Melllonia, à Saleux, de Frédéric Cuissette, y butinent d’ailleurs joyeusement.

Les fraises d’Airaines sont également mises en valeur par des artisans du coin, avec les tartes aux fraises du Fournil de la vallée, boulangerie de la commune, et les desserts du restaurant La Claire Fontaine, à Fontaine-le-Sec. Un petit fruit rouge qui véhicule une image positive des agriculteurs locaux.

La framboise française, un marché à potentiel

Les framboises sont une petite diversification supplémentaire chez les Legry.


À côté des fraisiers de la cueillette d’Airaines s’épanouit une haie, elle aussi productive. Il s’agit de framboisiers, qui regorgent de fruits en ce début d’été. «Les framboises diversifient un peu notre offre. Il y a une demande des clients», assure Ariane Legry. Les barquettes de framboises placées dans le distributeur automatique ont autant de succès que celles de fraises. Pour l’AOPn Fraises de France, ce fruit rouge présente un potentiel certain. «En ce début du mois de juillet, tous les bassins de production de framboises sont désormais actifs. Les volumes s’intensifient et gonflent davantage encore les rayons des GMS en origine France», note Émeline Vanespen, sa directrice, dans un communiqué. Mais la framboise française rencontre quelques difficultés : «elle fait face à l’importation en grande distribution, qui concurrence notre origine». Le taux de consommation de l’origine France n’atteint que 15 %. 85 % des framboises consommées en France proviennent donc de l’étranger. La raison évoquée par les GMS ? À l’image de la fraise, la framboise est une culture très sensible à la météo, qui peut connaître des à-coups de production comme des creux. L’importation permet donc de sécuriser l’approvisionnement. Pourtant, avec une demande qui s’intensifie d’année en année, le marché est en plein développement. Une opportunité pour d’éventuels nouveaux producteurs. «Plus la production augmentera, plus on aura de chance d’asseoir le produit français en GMS en conservant les lignes.» Les Legry, eux, se sont affranchis de cette contrainte avec la vente directe.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

dossier PAC dépôt dossier aides PAC
La date limite de dépôt des demandes d’aides de la PAC repoussée

Les demandes d’aides de la PAC liées à la surface au titre de la campagne 2024 pourront être déposées jusqu’au vendredi 24 mai…

RN 25 Beauval
RN 25 : un accord unanime présenté à Beauval

Les exploitants et propriétaires concernés par les expropriations du chantier de rénovation de la RN25 étaient conviés à une…

Élaboré et servi par Martin Ebersbach, le vin de la Ferme des Vœux est blanc (rosé) pétillant, élaboré selon une méthode champenoise.
Au Vignoble des Vœux, une longue attente bientôt récompensée

La diversification vers la viticulture engagée par Martin Ebersbach à la Ferme des Vœux enthousiasme le Conseil départemental…

Peu d’évolution mais des dérogations accordées pour 2024

Peu d’évolution pour la déclaration des surfaces Pac 2024, mais quelques dérogations sur certaines règles ont été actées suite…

En visite à l’EARL des enclos, la ministre Pannier-Runacher a assuré que «quand on met en place des réglementations,  ce n’est pas pour le plaisir mais parce qu’il y a urgence à répondre au dérèglement climatique».
Dans la Somme, Agnès Pannier-Runacher prend la défense d’Egalim

La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue le 17 avril au Crotoy…

La Poste prend clairement position en faveur du renard, soulignant  que «longtemps considéré comme un animal nuisible, le renard paie très cher  une réputation injustifiée».
Même sur un timbre, le renard divise

Pas encore en vente et déjà l’objet d’une polémique. Alors que La Poste doit mettre en vente une série «collector» de timbres…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde