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Approvisionnement en semences : année compliquée !

Les prévisions de récolte en semences sont inquiétantes. Elles nécessitent adaptation et anticipation. Depuis plusieurs semaines, la profession s’est organisée pour préparer la future campagne. La même question se pose à présent dans chaque exploitation.

Vu le contexte climatique défavorable, voilà plus de deux semaines que la profession a exprimé son inquiétude face à un manque potentiel en semences certifiées pour certaines variétés.
Vu le contexte climatique défavorable, voilà plus de deux semaines que la profession a exprimé son inquiétude face à un manque potentiel en semences certifiées pour certaines variétés.
© J.-C. Gutner

«Outre les rendements faibles, les premières récoltes annoncent jusqu’à 50 % de déchets sur les parcelles en multiplication de semences de blé. Pour répondre à la demande, la filière semences s’est mobilisée dès le mois de juillet, notamment en déposant une demande de dérogation auprès du ministère de l’Agriculture», assure Olivier Petit, président de la FNAMS Nord-Picardie. Il précise qu’en cas d’acceptation, cette dernière pourrait permettre de produire des semences R2 pour alimenter la demande en pois protéagineux d’hiver et de printemps, féveroles d’hiver et de printemps, blé tendre d'hiver et orges d'hiver.
Le fort cumul de pluie, ainsi que le manque de rayonnement début juin, lors de la période de début floraison à floraison, ont perturbé la fécondation et entraîné des avortements de grains précoces par une mauvaise alimentation des grains en cours d’initiation. Malgré un nombre d’épis par m² élevé cette année, la composante de rendement grains par épi est impactée. De plus, le remplissage des grains est perturbé par un nombre de jours de pluie important sur le mois de juin : les épis ont été constamment dans l’humidité.
D’un autre côté, le climat particulier de l’année a fortement joué sur la qualité sanitaire des épis. Les pluies, présentes dès l’épiaison, ont entraîné des contaminations des épis par les fusarioses, avec principalement Microdochium spp qui se développe avec des températures fraîches. Les conditions climatiques ont également été favorables à d’autres maladies comme la septoriose qui pénalise également la phase de remplissage des grains.

Commander ses semences au plus vite !
Vu le contexte climatique défavorable, voilà plus de deux semaines que la profession a exprimé son inquiétude face à un manque potentiel en semences certifiées pour certaines variétés. Sur le terrain, les conseils vont bon train avec pour principal mot d’ordre de s’assurer au plus vite de trouver de la matière chez son fournisseur ! Côté choix variétaux, il est pour le moment difficile de conclure… Par contre, cette campagne confirmera les règles de base à suivre pour un bon choix variétal : diversifier les variétés en ne dépassant pas 30 % d’une sole avec une même variété et cultiver au moins cinq variétés ; juger une variété sur ses résultats pluriannuels et utiliser au moins
80 % de variétés confirmées et reconnues ; à qualité équivalente, prendre en compte la tolérance variétale aux maladies (dont les fusarioses), à la verse, au gel, à la germination sur pieds, sans oublier la tolérance au chlortoluron pour certaines situations (secteurs avec ray-grass et retrait de l’isoproturon).
«Associé à un taux d’endettement très important chez les producteurs et à des trésoreries alarmantes, on peut craindre que certains soient tentés de réensemencer une partie de leur récolte. Syndicalement, nous espérons que la dérogation soit acceptée afin d’éviter ce cas de figure. En effet, la semence certifiée reste la meilleure garantie de bonne levée», s’inquiète Olivier Petit. De leur côté, les coopératives semblent plutôt confiantes. L’approvisionnement en semences de Noriap et Cap Seine semble bien maîtrisé. Dès l’alerte, une communication a été faite auprès des adhérents pour les inciter à passer commande au plus vite, les premières avaient  par ailleurs été enregistrées dès le mois de juin. De son côté, Calipso a été mise en alerte par ses fournisseurs, notamment Semences de France, dès la mi-juillet.
Le comportement des adhérents a été très hétérogène : certains ont passé leur commande totale en orge et blé, d’autres n’ont commandé que les blés, d’autres encore n’ont pas encore réagi au courrier incitatif de la coopérative. En tout cas, les commandes ont d’ores et déjà été passées auprès des fournisseurs, et la coopérative est en attente d’informations complémentaires.

Précautions accrues en production de semences fermières
Cette année, bon nombre d’agriculteurs vont avoir l’intention de se reporter vers les semences fermières. Là encore, les points de vigilance sont accrus. Compte tenu du pourcentage élevé de grains fusariés dans la plupart des parcelles, il faut anticiper un taux de perte au triage bien plus important que d’habitude. En général, il sera judicieux de réserver deux fois plus de quantité avant triage qu’en année classique. La contamination des semences par les fusarioses dégrade également leur faculté germinative, ce qui entraînera des manques à la levée et des fontes de semis. Un test de pouvoir germinatif sera fortement conseillé pour valider la viabilité de chaque lot.
Dans les cas les plus graves de parcelles fusariées, on s’abstiendra de produire des semences fermières. Il sera également nécessaire d’appliquer un traitement de semences efficace sur toutes les fusarioses : Vibrance Gold, Vitavax 200 FF, Redigo, Celest Gold Net… Sans oublier les conditions de semis qui seront également primordiales afin de privilégier de bonnes conditions de levée. Concernant les parcelles atteintes par la jaunisse, les semences ne transmettent pas le virus. Il est donc possible de réaliser des semences fermières mais, là aussi, il convient d’anticiper un taux de perte de grains plus important au triage et de réaliser un test de germination.
Enfin, il ne faut pas «brader» les volumes stockés en récoltant trop humide ou en négligeant les conditions de stockage. A la récolte, l’humidité doit être dans l’idéal inférieure à 15, et en tout cas ne surtout pas dépasser 16. Quant au lieu de stockage, il doit être aéré, ventilé et sec. Même si le stockage ne dure qu’un mois, c’est suffisant pour dégrader la marchandise… et empirer la situation.
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