Santé animale
Bovins : renforcement des mesures de lutte contre l’IBR
Afin de tenir l’objectif d’éradication en 2027, le gouvernement a durci les contraintes pesant sur les animaux infectés par la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). À terme, ils ne pourront plus être envoyés en engraissement. L’IBR fait encore de la résistance malgré une faible prévalence au niveau national.
Afin de tenir l’objectif d’éradication en 2027, le gouvernement a durci les contraintes pesant sur les animaux infectés par la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). À terme, ils ne pourront plus être envoyés en engraissement. L’IBR fait encore de la résistance malgré une faible prévalence au niveau national.
La lutte contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) monte d’un cran. Un arrêté paru au Journal officiel le 22 juin renforce les mesures de lutte contre cette maladie respiratoire virale touchant les bovins, que la France doit éradiquer d’ici 2027, conformément à la réglementation européenne. Principales nouveautés : le texte durcit les contraintes de mouvements pour les animaux issus de troupeaux non indemnes et de troupeaux infectés, et il introduit une obligation de réforme pour les bovins infectés. Ils doivent être envoyés directement à l’abattoir, dans un délai qui dépend du pourcentage d’animaux infectés de plus de douze mois au sein du troupeau : un an en dessous de 20 %, deux ans entre 20 et 40 %, trois ans au-delà de 40 %. Un accompagnement financier est prévu ; il devrait faire l’objet d’un autre texte qui n’est pas encore paru.
Concernant les restrictions de mouvements, les bovins infectés et vaccinés ne pourront plus être déplacés dans des «troupeaux d’engraissement dérogataires» à partir de 2025, ils devront être envoyés directement à l’abattoir. Une interdiction étendue en 2026 à l’ensemble des bovins issus de troupeaux non indemnes. Autre nouveauté : la possibilité pour les organismes à vocation sanitaire de suspendre la délivrance des nouvelles Asda (attestations sanitaires à délivrance anticipée) aux élevages en anomalie administrative.
Porteur asymptomatique à vie
Ces mesures sont justifiées par une particularité de l’IBR : un bovin infecté reste toute sa vie porteur asymptomatique du virus (herpèsvirus bovin BHV-1), y compris après sa guérison. «Le virus peut se «réactiver» à l’occasion d’un stress, l’animal excrète alors du virus et redevient contagieux», explique Sophie Memeteau, de GDS France. C’est pourquoi les animaux infectés qui ne sont pas abattus sont obligatoirement vaccinés, afin de réduire ce risque de recontamination. Autre spécificité de cette maladie : le statut sanitaire (indemne, indemne vacciné) s’apprécie au niveau du troupeau, et non seulement au niveau de l’animal.
Présente en France depuis plusieurs décennies, l’IBR est réglementée par l’État depuis 2006. Elle ne se transmet pas à l’homme. Au regard de la réglementation européenne, la France s’est engagée à éradiquer l’IBR d’ici 2027. Le programme français de lutte a été reconnu par l’UE en 2020, et la loi européenne de santé animale de 2021 a associé à cette reconnaissance un objectif d’éradication dans les six ans. Pour la France, «disposer d’un programme reconnu au niveau européen permet d’imposer des garanties additionnelles aux animaux importés d’autres États membres qui ne présentent pas les mêmes garanties» (quarantaine, prises de sang), décrypte Sophie Memeteau. Tout en évitant de subir ces mêmes barrières à l’entrée des autres pays, ce qui fluidifie les exportations d’animaux vivants.
«Besoin d’accélérer l’assainissement»
Mais, malgré une évolution plutôt favorable ces dernières années, «il y avait besoin de renforcer certains points pour accélérer l’assainissement des troupeaux», analyse l’experte de GDS France. En janvier 2024, l’Hexagone comptait 1 320 troupeaux détenteurs d’animaux infectés, contre 1 600 en juin 2023 (et 3 200 en 2021). Soit autour de 60 000 bovins infectés, dont 44 % d’allaitants et 38 % de laitiers (le reste correspond aux ateliers d’engraissement et aux taureaux de combat). «La majorité des troupeaux infectés sont allaitants, note Sophie Memeteau. Mais quand un troupeau laitier est infecté, il l’est souvent de manière massive, probablement en raison de la proximité continuelle entre vaches laitières. Avec la traite, elles sont en contact matin et soir», résume-t-elle. Par ailleurs, comme le renouvellement des troupeaux laitiers est généralement plus rapide qu’en allaitants, «les élevages laitiers qui ont peu d’animaux infectés s’en débarrassent plus rapidement».
Au niveau national, «la situation s’améliore, tous les acteurs ont pris conscience de l’enjeu», relève Sophie Memeteau. Selon GDS France, la ferme France compte 96 % d’ateliers indemnes. Un pourcentage qui baisse à 93 % en comptant les 5 000 ateliers d’engraissement qui, contrairement aux autres élevages, ne sont pas soumis à l’obligation d’être qualifiés au regard de l’IBR ; ils le seront à partir de 2026, sur la base du statut sanitaire des animaux entrants. Autre signe encourageant : dans la majorité des troupeaux infectés (environ 800, soit plus de 60 %), moins de 30 % des bovins sont positifs. Un niveau qui laisse envisager pour ces élevages un retour à un statut indemne «en deux ans en réformant les animaux», selon la vétérinaire.
130 nouvelles infections en 2022-2023
Malgré ces bons résultats, Sophie Memeteau appelle à «ne pas baisser la garde». «Aux yeux de beaucoup, l’IBR est devenue une maladie commerciale – et ça l’est dans la plupart des cas, constate-t-elle. Mais, depuis peu, on se remet à entendre parler de cas cliniques, avec de la mortalité. Ce n’est pas partout, mais la maladie peut encore faire de la casse en élevage.» Sur la campagne 2022-2023, quelque 130 nouveaux élevages ont été contaminés. Une tendance à la baisse ces dernières années. Pour éviter les infections, la vétérinaire de GDS France rappelle l’importance de la biosécurité et de «faire particulièrement attention aux animaux achetés, ceux-ci étant régulièrement à l’origine de recontaminations».