Gestion de l’eau
CARG’eau : un catalyseur pour une gestion économe de l’eau
La Chambre d’agriculture de la Somme met en place des essais pour piloter au mieux l’irrigation, en particulier sur les cultures industrielles. Fin 2022, nous avons décidé de complémenter notre expertise en rejoignant le projet national CARG’eau*. Point sur la valeur ajoutée de ce projet auprès des agriculteurs samariens.
La Chambre d’agriculture de la Somme met en place des essais pour piloter au mieux l’irrigation, en particulier sur les cultures industrielles. Fin 2022, nous avons décidé de complémenter notre expertise en rejoignant le projet national CARG’eau*. Point sur la valeur ajoutée de ce projet auprès des agriculteurs samariens.
Si les agriculteurs constatent déjà sur le terrain les effets du changement climatique, ils sont encore trop peu sensibilisés à la notion de vulnérabilité de leur exploitation face au manque d’eau, et à la nécessité d’une gestion plus économe. La finalité de CARG’eau est en priorité de donner aux agriculteurs, irrigants et non-irrigants, les moyens d’amorcer le changement sur leur exploitation à l’aide d’enquêtes et de retours d’expérience sur des pratiques mises en place dans quinze autres régions.
Enquête chez cinq agriculteurs de la Somme
Pour enrichir les connaissances sur l'optimisation de la gestion quantitative de l'eau, CARG’eau a enquêté auprès de soixante-quatre exploitations agricoles réparties dans sept régions françaises. Ces enquêtes sont le point d’entrée du projet. Réalisées par les conseillers des Chambres d’agriculture partenaires, elles décrivent les situations des exploitations vis-à-vis de la gestion de l’eau et dressent un état des lieux des leviers mis en place pour faire face au manque d’eau.
Synthèse des enquêtes
D'une région à l'autre, les sources d'eau dédiées à l'irrigation varient considérablement, avec une prédominance pour les prélèvements dans les nappes souterraines. En région Paca, par exemple, les canaux d'irrigation alimentés par la rivière Durance sont fréquemment utilisés, tandis qu'en Hauts-de-France, les prélèvements se font à la fois en nappe et en eau de surface. Les exploitations ont déjà entrepris des changements de pratiques, notamment en décalant les dates de semis, en limitant le travail du sol et en favorisant la couverture du sol. De plus, 72 % des exploitations ont envisagé des changements dans leurs assolements, introduisant des cultures plus résistantes et réduisant la dépendance aux cultures gourmandes en eau.
Enfin, le dernier objectif principal repose sur la proposition d'outils simples et accessibles. Formations, conseils, et animations territoriales sont au cœur de cette approche, visant à faciliter la transmission des références aux agriculteurs, conseillers, et autres acteurs du secteur. Le projet propose donc une série d'offres d'accompagnement adaptées à divers profils. En parallèle, une offre de conseil modulable comprend des diagnostics, des boites à outils, et des simulations des besoins en eau futurs grâce à l'outil Net Irrig.
Pour conclure, ce projet se positionne comme une initiative essentielle pour orienter le secteur agricole vers une gestion durable de l'eau face au changement climatique.
Pour aller plus loin, vous pouvez trouver plus d’informations sur https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/ird/ird-projets-rd-in… ou contacter Pierre Baptiste Blanchant au 06 26 01 63 67.
* Capitalisation et appropriation des références sur la gestion quantitative de l’eau.
Échange avec Pierre Voisin, agriculteur à Hombleux
Quel regard portez-vous sur le projet CARG’eau ?
CARG’eau est l’occasion de faire le point sur l’ensemble de mes pratiques d’irrigation. En effet, l’enquête est assez longue mais elle balaie vraiment tous les aspects de l’irrigation. Les échanges avec mon conseiller me permettent aussi d’apprécier les pratiques de mes collègues qui font face aux mêmes problématiques.
Vous représentez la nouvelle génération d’agriculteurs, quelle réflexion avez-vous sur la nécessité d’une gestion plus économe de l’eau ?
Notre métier requiert une adaptation quotidienne ! Composer avec le climat et préserver les ressources naturelles, quelles qu’elles soient, font partie de notre quotidien. Il en est de même pour les quotas d’eau. Leur diminution nous encourage à mettre en place des pratiques plus économes. J’utilise principalement l’irrigation pour faire lever et grossir mes endives, sur des périodes souvent très sèches. Les volumes d’eau alloués sont primordiaux pour honorer les exigences de mes contrats, et tout particulièrement en période de sécheresse intense au printemps et en été. Sans les quotas, je ne suis plus certain de pouvoir assurer le niveau de qualité demandé.
Quelles pratiques économes avez-vous mises en place sur votre exploitation ?
Depuis plusieurs années, j’utilise des sondes tensiométriques pour déclencher l’irrigation. Je regarde fréquemment l’application sur mon smartphone pour arroser ou non. L’application m’envoie même une notification en cas de défaut hydrique. L’exploitation a aussi investi dans un réseau et du matériel de qualité pour minimiser au maximum les pertes. En effet, nous utilisons exclusivement des rampes pour apporter la dose nécessaire.
Échange avec Michel Tronquet, agriculteur à Fouquescourt
Comment vous reconnaissez-vous dans le projet CARG’eau ?
Je n’étais pas irrigant lors de l’enquête car notre exploitation était uniquement orientée vers des grandes cultures en céréales d’hiver et de printemps et betteraves sucrières. Toutefois, depuis peu, j’ai démarré une activité de légumes en maraîchage bio avec un système de récupération d’eau de pluie en cuves. Tous les systèmes d’irrigation, du plus simple au plus complexe, doivent être intégré à la réflexion !
Quelles pratiques économes avez-vous mises en place sur votre exploitation ?
Pour moi, la préservation de la ressource en eau est primordiale pour les générations futures. Anticiper les changements climatiques fait partie de notre métier. Au sein de mon exploitation, j’ai décidé de répondre à cet enjeu par la mise en place de cultures moins gourmandes en eau (tournesol en 2023), la récupération d’eau de pluie pour arroser mes légumes ou encore des techniques culturales qui permettent de stocker plus d’eau dans les sols comme le non-labour ou une utilisation maximum des couverts. J’utilise également depuis quelques années une charrue déchaumeuse.