Economie circulaire
En Normandie, l’usine de recyclage de plastiques agricoles Novus prête à démarrer
Inaugurée le 14 mai la toute nouvelle usine Novus, dans l’Eure, va recycler près de 10 000 tonnes de plastiques agricoles par an. C’est l’aboutissement d’une mobilisation du monde agricole pour innover et mettre en place une filière exemplaire de l’économie circulaire.
Inaugurée le 14 mai la toute nouvelle usine Novus, dans l’Eure, va recycler près de 10 000 tonnes de plastiques agricoles par an. C’est l’aboutissement d’une mobilisation du monde agricole pour innover et mettre en place une filière exemplaire de l’économie circulaire.
Le projet était à l’étude depuis cinq ans. Comment traiter en France, et non plus à l’étranger, ces « big bags », ces sacs plastiques utilisés pour les engrais ou les semences ? Comment recycler ces déchets le plus proprement possible de manière à réutiliser cette matière première et créer ainsi une filière vertueuse de l’économie circulaire ? Un travail collectif a été engagé entre plusieurs partenaires agricoles spécialisés dans la collecte et le recyclage des plastiques : Soveea, pour les engrais, Ares, pour les semences et bien sûr l’association Adivalor. Cette dernière mobilise depuis vingt-cinq ans, 300 000 agriculteurs, qui, de manière volontaire, trient, préparent et apportent 97 000 tonnes d’emballages usagés auprès d’opérateurs de collecte, principalement des coopératives et des négociants.
Pour concrétiser le projet Novus, mener les études et mettre au point ce procédé innovant de traitement des plastiques, ces associations se sont rapprochées du groupe « Allsun » spécialisé dans le négoce de matières premières agricoles, céréales et engrais, la transformation de fruits et légumes et les activités portuaires. Le groupe « Allsun », qui regroupe 120 collaborateurs a réalisé un chiffre d’affaires de 225 millions d’euros en 2023. Il est dirigé par Luc Letierce, un entrepreneur visionnaire qui se définit lui-même comme « paysan » et qui devient donc président de Novus, filiale de « Allsun ».
Nouveau procédé
L’usine a été construite à Bernouville, dans l’Eure, sur un terrain qui était une friche industrielle depuis 2015. L’approvisionnement en plastiques usagés est assuré par les associations de collecte agricoles mais son succès repose sur une innovation brevetée à l’échelle internationale par Novus. « L’intérêt du procédé Novus est d’assurer la propreté et la pureté des plastiques recyclés sortant de la chaîne » explique Luc Letierce, « le lavage est le plus important pour avoir le produit le plus propre possible et pouvoir le réutiliser. C’est à cette condition que les futurs acheteurs y mettront le prix. »
Le procédé, protégé par un brevet international, consiste à séparer par extrusion les polypropylènes des polyéthylènes, deux constituants des plastiques. En sortie de chaîne on obtient ainsi une matière première sous forme de billes, prête à être réutilisée pour faire des sacs agricoles, mais aussi d’autres objets, comme des valises déjà commercialisées. Et en fonction de la propreté le recyclage peut se faire à l’infini. Grâce à ce procédé l’usine Novus prévoit de recycler 10 000 tonnes de « big-bags » agricoles chaque année et ramène ainsi cette activité en France, avec la création de 25 emplois dans cette région du Vexin.
Un vrai marché
L’investissement s’élève à 11,5 millions d’euros, dont deux millions apportés par l’Ademe et les collectivités locales de Normandie. Après un chantier de treize mois, la nouvelle usine devrait entrer en fonctionnement d’ici quelques semaines. Les premiers acheteurs sollicitent déjà l’entreprise car « il y a un marché pour le commerce des plastiques recyclés », déclare Luc Letierce, « surtout si leur incorporation devient obligatoire ». Cet exemple industriel incarne ce que peut-être la croissance verte. « C’est un nouveau chapitre dans l’histoire d’Adivalor » a déclaré son président Christophe Grison, « la manifestation d’une agriculture responsable capable de recycler tous les big-bags collectés ».
Pour Alexandre Rassaërt, président de la communauté de communes du Vexin normand et du département de l’Eure, « cette réalisation démontre que la désindustrialisation n’est pas une fatalité, que le progrès technique et scientifique est fondamental pour affronter la transition écologique. » La vice-présidente de la région Normandie, Sophie Gaugain, a insisté sur l’importance de soutenir l’agriculture et ces projets innovants « une filière stratégique qui démontre que c’est dans les territoires que se transforme la France ».