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Réglementation
Épandages organiques : quelques principes pour en tirer le meilleur

Après la moisson, vient la période des épandages des produits organiques. Ces produits sont une source d’éléments fertilisants non négligeables qu’il est important de bien valoriser. Quelques rappels avec la Chambre d’agriculture de la Somme pour optimiser les apports tout en respectant la réglementation.

Bien connaitre la composition du produit
La difficulté avec les produits organiques, c’est que leur composition peut varier. Cette variation est liée à la nature même du produit et à son «process» de fabrication (exemple : niveau de paillage, type d’alimentation pour les fumiers, etc.) mais aussi à leurs conditions de stockage (durée bord de champs, etc.). Cette variabilité est un peu moindre pour des produits stabilisés, comme les composts, quoi que ! Ces derniers subissent eux aussi les aléas météorologiques lors de leurs stockages aux champs. Aussi, refaire une analyse juste avant de les épandre peut s’avérer pertinent, à condition bien évidemment d’effectuer un prélèvement représentatif. 

Appréciez sa vitesse de minéralisation
L’azote contenu dans les produits organiques peut-être à la fois sous forme organique et minérale, dans des proportions qui varient selon les produits. L’azote minéral, présent sous forme ammoniacale (NH4), sera disponible immédiatement pour la culture, mais très volatile. La forme organique ne sera quant à elle disponible qu’après minéralisation dans le sol. Ainsi, l’efficacité de l’azote d’un produit dépendra de la proportion d’azote ammoniacal qu’il contient et de la vitesse de minéralisation de la matière organique.
Les cinétiques de minéralisation de l’azote organique présentées en schéma 1 montrent par exemple que les composts minéralisent très peu (voire même présentent des phénomènes d’organisation) ; à l’exception des effluents avicoles (même compostés) qui minéraliseront assez vite (30 à 40 % pour certains d’entre eux).  Le fumier de bovin minéralisera de son côté assez progressivement et nous pouvons tabler sur une minéralisation potentielle de l’azote de 20 à 40 % selon son niveau de paillage.
Les lisiers ou digestats liquides présentent quant à eux une part d’azote ammoniacale importante, directement assimilable, mais gare à la volatilisation !
L’efficacité azotée dépendra aussi de leur date d’apport (cf. tab 1). Pour bien valoriser les effluents riches en azote ammoniacal ou qui minéralisent vite (lisiers, digestats liquides, effluents avicoles), il est préférable de les épandre au plus près des besoins des cultures, et donc de privilégier si possible les apports de printemps. Néanmoins, les conditions d’épandage au printemps sont quelques fois délicates (tassement des sols, conditions climatiques, etc.). Apportés en été/automne, ils contribueront beaucoup moins pour la culture de printemps. Dans ce cas, l’azote sera en partie valorisé par le couvert d’interculture (CIPAN) et restitué progressivement par la biomasse du couvert hivernal.

Evitez la volatilisation, enfouissez rapidement !
Bien gérer les produits organiques passe également par une maitrise de l’épandage. Les densités des produits sont variables et la qualité de répartition dépendra du matériel utilisé. Un enfouissement rapide est essentiel si l’on veut éviter de perdre une bonne partie de l’azote ammoniacal. Cela est d’autant plus vrai pour les produits à forte proportion de NH4 (lisier, digestat liquide, effluents avicoles). Pour ces produits, en période de forte chaleur et présence de vent, on peut perdre jusqu’à plus de 80 % de l’azote ammoniacal dès l’épandage si l’on n’enfouit pas rapidement. Les techniques culturales, comme le travail préalable du sol ou l’épandage sur culture en place, permettent également de limiter cette volatilisation. Ainsi, si j’enfouis immédiatement un lisier de bovin ou si je l’épands avec un pendillard sur un sol pré-travaillé ou avec un épandeur à disques, les pertes seront réduites d’environ 70 % (18 kg N économisés). 

Très bonne disponibilité en fumure de fond
Tous les produits organiques apportent également des éléments fertilisants de fond (P, K, Mg…) dans des proportions variables. Ces apports sont bien souvent intéressants. Quel que soit le produit organique, on peut considérer que ces éléments sont très vite disponibles pour les cultures (100 % pour la potasse et de 70 à 85 % pour le phosphore). 

Quelques rappels réglementaires

Le département est entièrement en zones vulnérables. Certaines mesures du programme d’action concernent les apports organiques. Pour cette prochaine interculture, nous passons au 7ème programme d’action qui modifie sensiblement le calendrier d’épandage. 

Calendrier d’épandage

Les gros changements pour les apports organiques concernent les apports en automne sur couverts d’interculture longue : 

- Pour les produits de type II (lisiers, effluents avicoles, boues…) : les apports sont interdits du 15/10 au 31/01 

- Pour les produits de type I (fumiers hors fumiers de volailles, composts...) : les apports sont interdits du 15/11 au 15/01 

Des dérogations sont néanmoins possibles pour les effluents d’élevage et certains effluents industriels moyennant un suivi particulier. Pour les effluents d’élevage, ce suivi consiste en un suivi de reliquats azotés avant épandage. Dans ce cas l’épandage sera possible jusqu’à 20 jours avant la destruction ou récolte du couvert.

Plafond d’azote

- 70 kg APLSH/ha sur couvert : en cas d’apport organiques en interculture longue avant couverts végétaux, une limite de 70 kg d’azote potentiellement libéré jusqu’en sortie d’hiver (APLSH) est fixée. Il s’agit de l’azote présent dans le produit sous forme minérale + l’azote organique minéralisable jusqu’à la sortie d’hiver. 

Cette limite APLSH remplace l’ancienne limite d’azote efficace. Ces coefficients APLSH applicables aux produits ne sont pas encore définis en Hauts de France. Dans l’attente, on peut se référer aux coef d’azote efficace définis dans l’ancien programme d’action (cf. dernière colonne tab 1 ou référentiel GREN).

- 170 kg N élevage / ha SAU : ce plafond se raisonne au global sur la SAU. Il ne change pas par rapport au précédent programme. Pour rappel, il s’agit de l’azote issu des effluents d’élevage épandus et restitués au pâturage (moins N élevage exporté + N élevage importé). Ce plafond s’applique à toute exploitation utilisant des effluents d’élevage (y compris normalisés). L’azote des digestats de méthanisation est à prendre en compte dans le calcul à hauteur de la quote-part d’effluents d’élevage compris dans les digestats.

Distances d’épandage

Des distances d’épandage sont également à respecter vis-à-vis des habitations et autres enjeux environnementaux (cours d’eau…). Celles-ci varient selon la nature du produit organique et la réglementation le concernant (ICPE, loi sur eau…). Pour s’y retrouver dans les distances à respecter, n’hésitez pas à télécharger la plaquette distance réalisée par le SATEGE.

 

https://hautsdefrance.chambre-agriculture.fr/ressources/documents/le-do…

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