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Fauche précoce : quels impacts sur la production laitière ?

Les éleveurs cherchent à réduire la dépendance aux correcteurs azotés achetés à l’extérieur dans l’alimentation de leurs bovins. La fauche précoce de l’herbe peut représenter une solution.

La récolte à un stade jeune de l’herbe permet d’atteindre des valeurs élevées en UF tout en maintenant un taux protéique élevé.
La récolte à un stade jeune de l’herbe permet d’atteindre des valeurs élevées en UF tout en maintenant un taux protéique élevé.
© © M. Portier



Pour les éleveurs à la recherche d’une meilleure autonomie, la valeur alimentaire de l’herbe récoltée est primordiale. Elle doit permettre des économies en correcteurs azotés et concentrés de production sur la ration hivernale. Cet objectif passe le plus souvent par une récolte précoce, au stade épis 10-15 cm. Les essais mis en place dans les stations expérimentales des Chambres d’agriculture de Bretagne, à Mauron (Morbihan) et Trévarez (Finistère), montrent des gains intéressants sur la teneur en MAT et sur la valeur énergétique du fourrage récolté, en particulier au premier cycle d’exploitation, lors d’une récolte plus précoce (montaison de la graminée) par rapport à une date de récolte classique (début épiaison de la graminée).

Amélioration de la MAT
A Mauron, la teneur en MAT est en moyenne améliorée de 1,7 point avec une fauche précoce. Dans ces mêmes conditions, la valeur énergétique reste stable avec 0,89 UFL en moyenne lors d’une fauche précoce contre 0,88 pour le témoin. La fauche précoce entraîne toutefois une perte de rendement, mais favorise le taux de légumineuses, taux plus important au cours de la première année de récolte des essais et qui augmente au fur et à mesure des cycles d’exploitation. «Le premier cycle d’exploitation joue un rôle essentiel sur la qualité du fourrage. En avançant la date de récolte de dix-neuf jours, on gagne en moyenne 4,3 points de MAT. Son taux passe ainsi de 12,3 % à 16,6 %. La valeur énergétique du fourrage est systématiquement améliorée avec une fauche précoce, au premier cycle d’exploitation : on passe en moyenne de 0,91 à 0,96 UFL. Faucher tôt entraîne toutefois une perte de rendement conséquente sur le premier cycle ; en moyenne de 2,2 TMS/ha avec un maximum de 2,8 TMS pour la modalité dactyle-RGI-luzerne-trèfle violet et un minimum de 1,6 TMS pour la modalité dactyle-fétuque-luzerne-trèfle violet», note Françoise Guillois de la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Concernant les rendements, récolter trois cycles en fauche précoce, avec un temps de repousse de quarante jours, équivaut à récolter deux cycles en fauche classique. Les rendements obtenus sont identiques.

S’arrêter à quatre coupes ?
Depuis 2014, un essai visant notamment à caractériser l’association ray-grass hybride-trèfle violet au fil des récoltes sur l’année, a été conduit à Trévarez, sur quatre saisons afin de lisser l’effet des années climatiques. Les deux modalités testées se différencient par le délai entre deux coupes : six à sept semaines pour le témoin, quatre à cinq semaines de repousse seulement pour l’itinéraire expérimental.
«L’ensilage précoce de RGH-TV est toujours gagnant en protéines et en énergie, même si les rendements ont été variables selon les années climatiques et les parcelles. Faucher une prairie de RGH-TV toutes les quatre à cinq semaines est techniquement intéressant. Avec des fauches précoces, cette conduite génère cinq coupes. Si les trois premières fauches se justifient, le coût de la cinquième coupe est élevé (100 /1 000 UFL. Un bon compromis pourrait être quatre coupes, en choisissant les fauches précoces jusqu’au début de l’été puis en espaçant les récoltes à partir du mois d’août», souligne Pascal Le Cœur, de la station expérimentale de Trévarez.

Et dans la ration ?

Des essais, quant à l’impact sur la production laitière, ont également été réalisés sur quatre hivers et ce, sur un lot conduit en conventionnel (40 % d’ensilage d’herbe dans la ration hivernale, 60 % d’ensilage de maïs) et un autre en agriculture biologique (70 % d’ensilage d’herbe dans la ration hivernale). Pour chacun d’entre eux, un lot témoin a été constitué en face. «Que ce soit en bio ou en conventionnel, l’ingestion a été en moyenne supérieure avec de l’ensilage d’herbe précoce, même si variable selon les années. La production laitière a été supérieure, sans effet sur le TP ou le TB, dans les deux cas. Au global, on constate une augmentation de la marge. Cette pratique est donc intéressante, mais demande d’aller plus loin et de respecter des points de vigilance. L’ensilage d’herbe étant moins ingestible que celui de maïs, un taux de matière sèche suffisant est requis (plus de 28 %). Il faut également limiter sa part dans la ration, à moins de 40 % des fourrages. Faucher tôt, c’est toujours gagnant, mais plus fluctuant côté économique», observe Valérie Brocard de l’Institut de l’élevage.
L’essai a été réalisé pendant huit semaines seulement. Il n’a donc pas été possible d’en mesurer les impacts sur le poids, la santé ou la reproduction des animaux.

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