Filière ovine : trouver la relève
Dans les dix ans, on estime que 50 % des actuels bergers devraient partir à la retraite. La filière ovine française doit trouver de nouveaux éleveurs.
Dans les dix ans, on estime que 50 % des actuels bergers devraient partir à la retraite. La filière ovine française doit trouver de nouveaux éleveurs.
En l’an 2000, plus de 96 000 exploitations en France possédaient un atelier ovin. En 2019, elles ne sont plus que 39 234 précisément. Pour environ 34 000 d’entre elles, il s’agit de brebis allaitantes. Pour près de 4 600, ce sont des brebis laitières.
Le constat reste le même ces dernières années. Après avoir connu certes un léger regain au début des années 2000, le cheptel ovin français a tendance à s’éroder.
Malgré le tassement des coûts de production et le maintien des prix de l’agneau à un niveau satisfaisant, des facteurs structurels continuent de peser sur la production ovine. L’âge des exploitants en est un. La dernière enquête structure menée en 2016 laissait apparaître que 64 % des éleveurs avaient plus de cinquante ans. Dès lors, le renouvellement des générations s’avère un enjeu crucial pour la filière. L’arrivée de jeunes étant loin de compenser les départs en retraite. Cela représente un potentiel de près de 10 000 emplois dans les années à venir.
D’autant plus que cette production ne manque pas d’atouts. Avec un investissement de départ modéré, la création d’un atelier ovin peut venir conforter une installation ou l’emploi d’un salarié. Que ce soit en production spécialisée, associé à un élevage bovin ou même avec des grandes cultures, l’élevage de moutons s’intègre à bien des systèmes. Mais surtout, le cycle de production est court. Entre l’achat des reproducteurs et la vente des agneaux, il ne peut s’écouler que cinq mois, d’où un rapide retour sur investissement. Les ovins présentent aussi l’avantage de valoriser toutes les surfaces, toutes sortes de fourrages, ainsi que les bâtiments. Présente dans toutes les régions, la production de notre pays se distingue par une grande diversité de races, plus d’une cinquantaine, dont certaines vont ainsi être capables de valoriser des territoires à faible potentiel agronomique. La production ovine affiche donc une rentabilité intéressante, à condition naturellement de bien en maîtriser les aspects techniques.
Augmenter l’attractivité
Ainsi, la filière se mobilise pour renforcer l’attractivité du métier d’éleveur ovin. Cela passe par des opérations séduction comme les ovinpiades des jeunes bergers, menées chaque année dans les lycées français pour susciter des vocations. Le programme Reconquête Ovine, initié en 2009, a déjà œuvré à relancer une certaine dynamique grâce à des actions tournées vers l’amélioration des performances techniques et de l’image de la production. L’actuel programme Inn’ovin poursuit cet objectif et vise à accroître le revenu des éleveurs tout en améliorant leurs conditions de travail.
Mais l’opération séduction se mène aussi envers les consommateurs. En 2019, seuls 45 % des ménages français ont acheté de la viande ovine pour leur consommation à domicile. Les habitudes de consommation changent et la viande d’agneau n’y fait pas exception. Parmi les pistes développées pour enrayer ce déclin, on peut citer le haché d’agneau. Lequel cherche à répondre à une demande croissante pour des produits pratiques, faciles à cuisiner. La mise en place de filières qualité, du Label rouge par exemple, vise également à inciter les français à consommer local et pouvoir ainsi se démarquer par rapport à la concurrence, les importations en provenance de Nouvelle-Zélande notamment. L’agneau standard a, en effet, de plus en plus de difficulté à trouver sa place par rapport à l’agneau importé. Car rappelons que, sur dix agneaux consommés en France, seuls quatre sont élevés dans notre pays.