FNAMS : lutter contre les apions dans le trèfle violet
Elle fait très peu parler d’elle. Pourtant, la production de semences de fourragères est bien présente dans le département.
Elle apporte une diversité dans les assolements, de la valeur ajoutée dans les exploitations et se prête plutôt bien dans les terres du plateau picard sud. De même, comme le blé, le colza, les betteraves ou encore les pommes de terre, des essais sont mis en place par les établissements, producteurs de semences, dans le but d’essayer de nouveaux produits, de nouvelles alternatives et méthodes culturales afin de faire face aux différentes difficultés rencontrées sur le terrain et évolutions réglementaires.
Ces essais sont conduits par le pôle technique semences fourragères des Hauts-de-France, qui regroupe des agriculteurs, des producteurs de semences, des établissements producteurs de semences fourragères présents dans le département, soit SFP et Benoist Sem, et la Fédération nationale des multiplicateurs de semences (Fnams). Les membres du pôle technique invitaient les producteurs de semences fourragères, le 23 mai dernier, à Quesnoy-sur-Airaines, pour une après-midi technique dédiée à la gestion des ravageurs sur la production de la semence de trèfle violet et la visite des essais désherbage menés sur les ray-grass semence.
Apion : bête noire des producteurs de trèfle
A chaque culture son ou ses ravageurs. Pour la production de semence de trèfle violet, l’apion en fait partie. L’apion est un genre d’insecte curculionoïde de l’ordre des coléoptères, de couleur noir, rouge ou marron. Il appartient à la famille des Brentida. «Ce ravageur est plutôt redouté par les producteurs de semence de trèfle violet, car il peut engendrer une perte de rendement allant de 7 % à 68 %», explique Serge Bouet, ingénieur régional à la Fnams. Voilà pourquoi il est fortement recommandé aux producteurs de vérifier si ces insectes sont présents ou non dans leurs parcelles, surtout lorsqu’ils souhaitent conserver le trèfle pour une deuxième année de production.
Pour vérifier s’ils sont présents ou non, Serge Bouet conseille de prendre un pied de trèfle, de couper en deux le pivot et de regarder s’il y a présence de galeries, de couleur marron, ou non. «Si oui, cela signifie que l’apion est présent. L’observation de galeries indique qu’il y a eu une ponte et que les larves sont descendues», commente l’ingénieur régional de la Fnams.
Les moyens de lutte
Afin de faire face à ces ravageurs, la Fnams préconise, avant tout, l’application du produit phytopharmaceutique, Sucess 4. A base de spinosad, ce produit a fait ses preuves dans les différents essais menés et est à appliquer juste avant la floraison à raison de 0,2 litre par hectare. «Attention, néanmoins, ce produit phytopharmaceutique n’a pas le label abeille, et ne peut donc pas être appliqué pendant la floraison», ajoute l’ingénieur. Son coût d’application est estimé à 63 € par hectare.
Autre alternative : l’utilisation du Benavia ou du Delegate. Mais, attention, le Benavia, dont la substance active est le cyantraniliprole, n’est autorisé qu’à titre dérogatoire par le ministère de l’Agriculture. Ainsi, ce produit a été autorisé le 27 mai 2019, pour une dose maximale de 0,75 l ha pour une durée de cent vingt jours. De plus, comme le Sucess 4, ce produit ne possède pas le label abeille, et ne peut donc pas être utilisé en période de floraison.
D’autres essais sont en cours, comme l’association du trèfle violet avec une plante compagne, l’introduction d’auxiliaires (à condition de les identifier au préalable), ou encore l’application de produits de biocontrôle comme le Kaolin, sorte d’argile blanche qui agirait comme une barrière contre ces ravageurs. Les résultats ne sont, à ce jour, pas encore connus. En revanche, d’autres essais produits tels que l’application de l’huile de menthe et du purin d’ortie, ont montré qu’ils étaient inefficaces.