Horticulture
À Grigny, l’art de sélectionner des roses
À Grigny (62), près de l’endroit où naissait le jardin d’Éden des Grands Ducs de Bourgogne avant qu’il ne soit détruit, un pépiniériste s’est fait un nom dans la création variétale de rosiers. Son nom ? Jean-Lin Lebrun à la tête de la pépinière Mela Rosa.
À Grigny (62), près de l’endroit où naissait le jardin d’Éden des Grands Ducs de Bourgogne avant qu’il ne soit détruit, un pépiniériste s’est fait un nom dans la création variétale de rosiers. Son nom ? Jean-Lin Lebrun à la tête de la pépinière Mela Rosa.
Avec son chapeau de paille et son sécateur à la main, on lui prêterait volontiers des faux airs de Professeur Tournesol. Car les deux ont bien un point commun : celui de créer des variétés de roses, Bianca pour Tournesol – baptisée ainsi en hommage à la cantatrice Bianca Castafiore à qui il l’offre dans l’album Les Bijoux de la Castafiore –, et des centaines d’autres pour Jean-Lin Lebrun. La différence, c’est que le second est bien un vrai professionnel, qu’il est installé dans le Pas-de-Calais, à Grigny, près d’Hesdin, et qu’il est à la tête de la pépinière Mela Rosa qu’il a fondé en 2003 avec son épouse Monique.
Passionné depuis toujours
En pleine préparation d’un week-end «portes ouvertes», Jean-Lin Lebrun prend le temps de revenir sur son parcours, sa passion pour la sélection et la création variétale – de roses en particulier, mais pas seulement, puisqu’il produit aussi des arbres fruitiers – et la vie de son entreprise. «Ici, explique-t-il, au milieu de dizaines de plants de rosiers prêts à être plantés, on cherche à faire le moins cher et le plus écolo possible.» Sa production de rosiers, il la déploie sur les 4 hectares de son exploitation, «sans intrants, qu’ils soient chimiques ou biologiques, mais uniquement avec des plantes sauvages». Avant de se lancer dans le métier de pépiniériste, Jean-Lin Lebrun travaillait au Centre régional de ressources génétiques (CRGG) en charge du verger conservatoire de Villeneuve d’Ascq, avec un important travail réalisé sur la… pomme. Pourquoi s’intéresser alors à la rose ? «Parce que je ne trouvais pas dans le commerce ce qui me plaisait», raconte-t-il. À partir de 1995, à titre amateur d’abord, puis professionnel ensuite, M. Lebrun s’amuse ainsi à croiser entre elles des variétés et ainsi en créer de nouvelles. Or, «pour vivre de la création variétale, il m’a fallu créer une entreprise de pépinière pour la vente». C’est ainsi qu’est née Mela Rosa en 2015, entreprise qu’il gère aujourd’hui avec son épouse et qui emploie deux salariés. «La création variétale demande beaucoup de temps – il faut entre dix et quinze ans pour stabiliser une variété –, pas mal d’argent et qui en rapporte peu», estime le pépiniériste créateur. Mais elle a un avantage majeur : «C’est un marqueur identitaire fort. C’est quelque chose qui donne du caractère à l’entreprise et qui contribue à la faire connaître.» La pépinière Mela Rosa cultive pour le commerce quelque 600 variétés et tente progressivement d’accroître la part de ses propres variétés dans ce panel.
Des noms riches de sens
À l’origine de toute nouvelle variété, il y a une «inspiration», explique le pépiniériste. Parfois, il peut s’agir aussi d’une commande. Leur nom autant que leur forme est une façon de les identifier et de raconter une histoire : «Depuis 3 000 ans que l’on fait de la sélection de roses dans le monde, on cherche à raconter quelque chose», raconte M. Lebrun. Quand certains noms sont évocateurs (Bisous d’amour), d’autres portent le nom d’un écrivain (Frédéric Mistral), d’une scientifique (Marie Curie), d’une ville (Le Touquet-Paris Plage, Arras) ou d’une star de cinéma (Mathilde Seigner). L’actrice Véronique Jeannot devrait ainsi bientôt avoir «sa» rose. Le Grand-Duc du Luxembourg l’a depuis quelques mois. Pas de quoi intimider Jean-Lin Lebrun qui dit «garder les pieds sur terre», et le nez dans les roses.