La Ferlance, ferme pilote pour l'élevage et l'agroécologie
Les grandes cultures bénéficient de la ferme 3.0 à Aizecourt-le-Haut. L’élevage a désormais aussi sa ferme pilote : l’exploitation de Matthieu Longuet, à Liercourt.
Tester de nouvelles technologies et des pratiques innovantes, pour une exploitation durable, dans le respect du bien-être animal et de l’éleveur… Et donner des clés de réussite aux autres éleveurs du territoire : voilà l’enjeu de la Ferlance, ferme d’élevage et d’agroécologie à Liercourt, en moyenne vallée de la Somme. «Pour moi, l’agroécologie est indissociable de l’élevage, explique Matthieu Longuet, gérant de l’exploitation. Expérimenter et ouvrir ma ferme me tient à cœur. Travailler avec la chambre d’agriculture sur ce sujet était l’opportunité à saisir.» L’exploitant de trente et un ans signait une convention de partenariat avec la Chambre d’agriculture de la Somme ce 2 octobre, lors de la journée de lancement. Le département dispose donc désormais de sa ferme pilote en élevage.
«Matthieu Longuet est le candidat idéal, car il est très motivé, assure Stéphane Verscheure, responsable équipe productions animales à la chambre d’agriculture. En plus, son exploitation est représentative des fermes de la vallée de la Somme.» Le titulaire d’un master en agroécologie a repris l’exploitation familiale en 2017, après une expérience professionnelle à la coopérative Noriap. La problématique : il s’agit d’une ferme dissociée. «50 ha de cultures, surtout en coteaux calcaires, avec beaucoup de talus et de fossés, et 30 ha de prairies dont les deux tiers dans les marais», résume l’éleveur. Son troupeau de quarante mères blondes d’Aquitaines, valorise les prairies en zones humides. «C’est une gestion très particulière. Le niveau d’eau conditionne l’entrée et les sorties des animaux. Mais il y a un atout non négligeable : ces pâtures sont beaucoup plus résilientes en année sèche.» Ce marais, Matthieu Longuet est «né dedans», et sa préservation lui tient particulièrement à cœur. Son exploitation fait partie de celles concernées par le PMAZH (Programme de maintien de l’agriculture en zones humides). Le comité technique du PMAZH est d’ailleurs le «garant méthodologique» de la Ferlance.
Bâtiment et autonomie alimentaire
Matthieu Longuet a déjà plusieurs projets en tête. «Le principal est la construction d’un nouveau bâtiment d’élevage.» Il faut dire que le bâtiment actuel a été conçu pour une trentaine de laitières (l’atelier lait a été arrêté en 2013). «Aujourd’hui, on pousse les murs ! J’aimerai augmenter le troupeau, et pouvoir monter à soixante mères.» Le bâtiment devrait aussi permettre d’optimiser le temps de travail, d’être davantage aéré pour limiter les problèmes respiratoires… Là encore, la contrainte des zones humides le rattrapent. Les constructions sont soumises à autorisation, qui peuvent nécessiter des études floristiques ou faunistiques coûteuses, et peuvent aboutir à une obligation de compensation (restauration d’une zone humide correspondant à 150 % de la zone humide impactée par la construction). L’éleveur aimerait également renforcer l’autonomie alimentaire du troupeau, grâce à des dérobées en interculture et à des couverts permanents sous céréales. Plus largement, la couverture du sol et le semis direct pourraient être envisagés.
Les participants à la journée de lancement ont, eux aussi, planché sur les attentes quant à cette ferme pilote. Ce qu’il en ressort : une envie d’exemplarité, avec des actions reproductibles dans d’autres fermes, en termes d’économie, de technicité, de préservation de l’environnement ou encore de communication. «Nous sommes ouverts à de nouveaux partenaires qui souhaiteraient travailler dans ce sens avec nous», ajoute Stéphane Verscheure. Il n’y a plus qu’à !
L’exploitation en chiffres
79,59 ha
23,31 de blé
6,31 d’escourgeon
5,94 de colza
2,74 avoine pour les animaux
30,39 ha de prairies permanentes dont 19 ha en marais
8,1 de maïs ensilage
40 mères blondes d’Aquitaine
Six objectifs majeurs de la convention
- développer aux champs et à l’étable des systèmes efficients pour accompagner la transition agroécologique
- concrétiser la révolution numérique, pour la performance des élevages, du bien-être animal et des conditions de travail
- développer une économie circulaire autour de l’élevage
- maintenir et développer le patrimoine naturel
- fédérer les partenaires de l’élevage et les acteurs locaux
- communiquer les résultats et s’ouvrir au grand public
Pourquoi le nom Ferlance ?
Matthieu Longuet a longuement réfléchi au nom de sa ferme pilote. Il s’est inspiré de la Ferlance, un cours d’eau qui passe à 200 m de l’exploitation, dont le lit doit être réhabilité. Et puisque le fer de lance définit bien un projet d’expérimentation, le projet s’appellerait Ferlance.