La santé financière des industries agro-alimentaires dans la région
Le point avec Luc Maurer, directeur de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt dans les Hauts-de-France.
Une nouvelle étude réalisée par la Banque de France sur les industries agro-alimentaires va être bientôt publiée. Qu’apporte-t-elle de nouveau ?
La Banque de France a travaillé sur toute une série d’indicateurs pour déterminer quelle est la santé financière des industries agro-alimentaires dans les Hauts-de-France. C’est une nouvelle approche en soi. Parmi les indicateurs retenus, on trouve la comptabilité détaillée des entreprises, les taux d’endettement, les carnets de commande, etc.
L’analyse de ces indicateurs a permis de déterminer que les industries agro-alimentaires présentent une bonne santé financière, tant par rapport aux autres industries dans la région que par rapport aux industries agro-alimentaires à l’échelle nationale. Moins de 6 % des entreprises sont en mauvaise santé, soit un pourcentage faible.
Outre tous leurs autres atouts, soit leur diversité, l’envergure internationale de certaines industries agro-alimentaires, leur implantation pérenne sur le territoire (plus d’un quart des entreprises sont présentes depuis plus de trente ans), leurs produits phares et leurs performances assez remarquables à l’export, leur bonne santé financière est également un des traits caractéristiques de cette filière.
Quelles sont les faiblesses que présente la filière ?
Plutôt que de parler de faiblesses, je parlerais plutôt de points de vigilance que les industries agro-alimentaires ne doivent pas perdre de vue. Le premier concerne l’export vers le Royaume-Uni, qui est le premier pays avec lequel nos industries agro-alimentaires ont un excédent commercial. Autrement dit, elles exportent plus vers ce pays qu’elles n’importent de chez lui. Or, avec le Brexit, la donne peut changer.
Ce qu’il faut aussi creuser davantage, à mon sens, concerne le niveau de consommation de certains produits, qui se révèlent supérieurs à ce que l’on produit. Je pense notamment à la charcuterie et à la viande transformée. Il y a en porc charcuterie la possibilité de développer des entreprises de transformation. Enfin, dans un autre registre, la filière œufs des Hauts-de-France ne produit pas assez d’œufs de plein air et bio. Là encore, les producteurs, comme les industries agro-alimentaires qui conditionnent et commercialisent les œufs, ont incontestablement une carte à jouer.
L’étude de la Banque de France aborde également la question de la transmission des IAA. Est-ce un problème chez nous ?
Beaucoup d’industries agro-alimentaires sont des entreprises familiales pour lesquelles se pose la question de la transmission. C’est un véritable enjeu. Pour autant, selon les analyses faites par la Banque de France, les transmissions d’entreprises se sont bien passées. Il n’y a donc pas de retard sur le sujet. Dans les prochaines années, 20 % de directeurs d’entreprises vont partir à la retraite dans les Hauts-de-France. Si la transmission ne devrait pas poser de problème majeur, c’est un point sur lequel il faut rester cependant vigilant.