L’agriculture de conservation transforme aussi la manière de communiquer
Portés par la dynamique des méthodes qu’ils mettent en œuvre sur leurs exploitations, dont l’agriculture de conservation des sols, les agriculteurs adhérents du réseau APAD se forment à communiquer au grand public sur leur changement de pratiques.
Portés par la dynamique des méthodes qu’ils mettent en œuvre sur leurs exploitations, dont l’agriculture de conservation des sols, les agriculteurs adhérents du réseau APAD se forment à communiquer au grand public sur leur changement de pratiques.
«Les agriculteurs sont de bien meilleurs communicants qu’ils ne le pensent. Leur première qualité, c’est d’être sincère et de raconter ce qu’ils font.» En préambule à un webinaire proposé par l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad) sur la communication en agriculture le 18 mars, cette phrase de Marie-Hélène Charmasson ne pouvait pas mieux tomber. Elle ne doit toutefois rien au hasard puisque (bien) communiquer, c’est le métier de Marie-Hélène – elle est coach en communication après un début de carrière dans la presse scientifique – et parce que c’est elle qui anime depuis deux ans un certain nombre d’ateliers auprès des agriculteurs adhérents de l’Apad.
Être simple et concret
«Ce qui marche bien, a-t-elle ainsi rappelé, c’est d’être concret, de montrer les choses telles qu’elles sont.» Lorsque l’on est agriculteur et que l’on cherche à s’adresser au grand public, quelques principes de base sont à respecter. Le premier ? «Arrêter de croire que les gens à qui on s’adresse connaissent l’agriculture et les agriculteurs.» Pour que les messages «passent», il faut ensuite «être didactique, simple».
Pour l’agriculteur Christophe Marin, installé en Charente-Maritime, «communiquer est aussi d’autant plus facile quand on est chez soi». Ce que confirme Marie-Hélène Charmasson : «Il y a évidemment plus d’aisance quand on est chez soi.» La formation, quand elle est dispensée par des professionnels, sert ensuite «à structurer la prise de parole». «L’angoisse qu’ont souvent les agriculteurs, c’est d’être capable de susciter l’intérêt», poursuit la coach.
Difficile, mais nécessaire
Au sein du réseau Apad, communiquer sur des aspects «concrets» de l’agriculture de conservation est quelque chose auquel plusieurs de ses adhérents sont rompus. «Quand vous expliquez le rôle que joue l’agriculture de conservation sur la structure des sols, la matière organique, la présence de vers de terre, vous rendez accessible vos façons de travailler», rappelle Marie-Hélène Charmasson. Pour cela, les rendez-vous existent déjà, comme en témoigne l’exemple de la journée «Patrimoine Sol» organisée depuis six ans, la participation à différents événements et salons, une activité intense sur les réseaux sociaux avec des pages dédiées à l’ACS, des interventions dans les lycées agricoles ou, encore, des partages d’expériences d’agriculteurs engagés dans cette méthode.
L’un des derniers chantiers en date est de créer des kits pédagogiques à destination d’un jeune public. Proposer un webinaire sur le sujet de la communication avait donc valeur de «piqûre de rappel», mais il montre que rien n’est jamais acquis : «Communiquer sur notre métier nous interroge en tant qu’agriculteur parce que beaucoup (trop) de gens parlent à notre place. Le problème, c’est que nous n’avons pas toujours le temps, mais c’est un mal nécessaire», témoignait François Mandin, agriculteur en Vendée et président de l’Apad France.
Quand l’agriculture de conservation s’invite (aussi) au CFPPA du Paraclet
Cette intervention d’une demi-journée était animée par Pierre-Antoine Brunel, technicien expert en agriculture de conservation de la coopérative Noriap et a permis d’aborder les couverts végétaux et leurs rôles dans l’ACS, la matière organique et le bilan carbone ou, encore, le choix du semoir. Si les étudiants du Paraclet ont opté pour cette thématique, «c’est parce qu’il s’agit d’un système de culture qui a de l’avenir», estiment-ils. Et Victor Jean de résumer le travail du groupe : «L’agriculture de conservation est très intéressante car elle permet de présenter un nouveau mode de culture rassemblant techniques et connaissances de l’agriculteur, tout en préservant la structure et la vie du sol. Cela permet de revoir sa manière de faire et de se tourner vers de nouvelles techniques avec, par exemple, un arrêt de travail profond pour le remplacer par des plantes travaillant le sol naturellement grâce à leurs racines ; ce qui peut ainsi restituer de la matière organique en fin de cycle.» Cette présentation globale a été suivie par les classes de BTSA ACSE 2, BTSA APV2 et BPREA adultes. Les étudiants organisant le projet ont également présenté le projet Casdar ainsi que les essais réalisés sur le pôle Semis Direct de l’exploitation du Paraclet.