Lauriane Messiant, maraîchère à Dury
C’est sur son exploitation,
Les Saisons de Dury, qu’aura lieu, le 4 octobre, l’atelier «Créer son entreprise agricole», dans le cadre du «Mois de la création et de la reprise d’entreprises».
«Quand on s’installe, il faut éviter de se décourager trop vite, car cela peut ne pas être facile au début. Cela prend beaucoup de temps et la paperasse est lourde. Mais ça vaut vraiment le coup», dit d’emblée Lauriane Messiant, installée depuis le 1er janvier 2014, à Dury, comme maraîchère. Evidemment, être issue du milieu agricole facilite les choses, surtout en termes de terres, de connaissance des acteurs et du métier. Elle en sait quelque chose. Quatrième génération d’agriculteurs, son rêve a toujours été de s’installer et de perpétuer la ferme familiale à laquelle elle est «énormément attachée».
Son idée de départ était donc de reprendre la ferme familiale de 60 ha sur lesquels son père fait des céréales. Mais, avec le contexte agricole «pas top», elle décide de jouer la carte de la diversification sur l’exploitation en faisant quelque chose qui lui plaît et plaise aux gens, soit des légumes et des fruits rouges. Une fois la décision prise, il lui faudra encore un an et demi de préparation avant de pouvoir s’installer.
Le parcours d’installation
Salariée chez un autre agriculteur, en attendant de pouvoir s’installer, elle se rapproche de la Chambre d’agriculture pour présenter son projet sur 1,5 ha, monter une étude de marché et un Plan de développement économique sur cinq ans. En termes d’investissement, elle prévoit autour de 100 000 € entre la serre, le matériel, les plants, les semences, la création d’un magasin et l’achat d’un réfrigérateur. Tout semble dans les clous.
Si la banque finit par la suivre, c’est parce qu’elle accepte de mettre un peu plus d’apport personnel que prévu. «C’est de plus en plus compliqué avec les banques, reconnaît Lauriane Messiant. Pour avoir leur accord, il faut un apport personnel et un garant, et, si possible, des terres. Comme mon père se portait garant et que je créais mon exploitation sur de l’existant, cela n’a pas présenté trop de soucis à la banque. Mais j’ai dû batailler un peu.»
Autre étape et pas des moindres : comme son expérience en maraîchage est limitée, la CDOA lui impose de faire un stage de six mois. Elle rechigne un peu, d’autant qu’elle doit lâcher son CDD mais, très vite, elle en comprend toute l’utilité. «J’ai appris auprès des Forobert toutes les techniques, les matériels utilisés, les différents plants et la commercialisation. Ce stage a été super bénéfique. Avec une telle expérience chez eux, on ne peut pas se tromper derrière», commente-t-elle. Et de suivre précieusement leurs conseils dans sa propre installation, dont celui de ne pas trop investir au départ, juste sur l’indispensable en maraîchage.
Sa «petite entreprise», trois saisons plus tard, est au beau fixe même si, cette année, avec les conditions climatiques, le rendement a été un peu en baisse. Tous ses légumes de saison et ses fraises se vendent dans leur quasi-totalité. Sa clientèle s’est constituée par le bouche-à-oreille et son emplacement, sur une voie très passante, a aussi contribué à son succès. «Je n’ai pas eu besoin de faire trop de pub. D’ailleurs, il ne faut pas trop en faire au début, car comme on a peu de légumes, les clients peuvent être déçus et ne pas revenir», indique-t-elle. En termes de prix, elle se base sur le cours des marchés, les prix pratiqués par les autres maraîchers et le coût de son travail.
Son futur, elle l’envisage par l’agrandissement de son maraîchage, l’embauche d’un salarié, la construction d’un magasin en dur remplaçant son petit chalet en bois et la reprise de la ferme de son père à la fin de l’année prochaine. Si elle récolte aujourd’hui le fruit de son travail, elle rappelle cependant «qu’on ne peut pas s’installer n’importe comment. Ce qui est important à garder en mémoire quand on a un projet, c’est d’écouter ce que l’on nous dit. Tout conseil est bon à prendre. Il ne faut pas non plus se précipiter pour faire les choses. Il est important de bien réfléchir à son projet, de penser à son développement futur, d’être accompagné et de ne pas trop investir tout de suite, surtout en maraîchage où les investissements sont permanents». C’est en tout cas le chemin qu’elle a suivi, et bien lui en a fait.