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Le PAD, outil et symbole contre la décroissance agricole

À l’heure où d’aucuns souhaiteraient voir l’agriculture s’engager dans la voie de la décroissance, le projet agricole départemental (PAD) de la Somme est tout le contraire de cette philosophie puisqu’il fixe des objectifs chiffrés de développement à l’horizon 2030. 

Point fort et point faible sur l’agriculture samarienne sont compilés dans le projet agricole départemental.
Point fort et point faible sur l’agriculture samarienne sont compilés dans le projet agricole départemental.
© Ludovic Vimond

Un temps fort dans le temps fort, c’est de cette manière que l’on pourrait qualifier la présentation du Projet agricole départemental (PAD) de la Somme lors de la dernière session de la Chambre départementale d’agriculture. Pourquoi un PAD alors que l’agriculture de la Somme se porte plutôt bien ? C’est la première question à laquelle a répondu Françoise Crété, à quelques minutes d’en présenter les grandes lignes : «L’agriculture chez nous est dynamique, mais nous sommes convaincus que ce projet a toute sa place dans le paysage pour fédérer les énergies.» Coucher sur le papier un certain nombre d’orientations peut paraître «osé» selon les mots de la présidente de la chambre d’agriculture, «mais cela est nécessaire. S’il n’y a pas une volonté affichée de faire quelque chose, ce n’est pas le hasard qui le fera à notre place». «De nombreuses transitions sont à opérer, alors il nous faut être en ordre de bataille.» Dans le même temps, il faut rappeler que le PAD est un document codifié par le Code rural. Sa préparation a mobilisé la participation d’un grand nombre d’organisations professionnelles agricoles pour un état des lieux de l’agriculture départementale et de ses filières, avec la participation du Conseil départemental de la Somme et de l’État. 

 

Constat, objectifs et outils 

À l’heure où d’aucuns souhaiteraient voir l’agriculture s’engager dans la voie de la décroissance, le PAD de la Somme est donc tout le contraire de cette philosophie. «L’agriculture de la Somme ne sera pas décroissante», a ainsi martelé Françoise Crété, avant de passer la main au directeur de la chambre départementale, Alain Waymel et son adjoint, Olivier Morel, pour en préciser les contours. Le PAD, c’est d’abord sept ambitions et autant de défis servis par des objectifs et des indicateurs. Parmi les défis, il s’agit de «repositionner l’agriculture comme clé de voûte du développement économique du territoire, de développer un écosystème favorable au développement durable de filières et d’activités agricoles, de s’adapter au changement climatique, d’accroître le potentiel des sols et la biodiversité, d’intégrer les attentes sociétales, développer les services rendus à la société et d’enrayer le déclin de l’élevage». Pour garantir qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air, les objectifs et indicateurs sont volontairement précis. À titre d’exemple, on parle de créer d’ici 2030 d’accompagner la création d’au moins trois sites de production maraîchère, horticole ou de séchage pour valoriser les sources de chaleur fatale. Le PAD inscrit également dans le marbre la volonté d’accompagner la création de cinq outils de prestations de services tels qu’abattoirs, ateliers de découpe ou légumerie. Difficile de faire plus concret et les exemples sont encore nombreux. En ce qui concerne le volet «changement climatique», le PAD invite à s’intéresser à des outils plus performants pour la gestion de l’eau, à de nouvelles productions ou encore à se pencher sur une méthode de transformation des protéines.

 

Des points de vigilance

Derrière la volonté et l’ambition du PAD, restent toutefois un certain nombre de points de vigilance qui font eux aussi l’objet d’un constat écrit : la baisse continue du nombre d’exploitations (- 12 % depuis 2010) ; un manque de main-d’œuvre et des recrutements difficiles ; une artificialisation des terres encore importante ; une lente érosion de la valeur ajoutée ; des évolutions sociétales qui impactent l’activité agricole ou encore des problématiques environnementales et climatiques prégnantes. Comme les objectifs et défis, chacun de ces points sera au cœur de plusieurs plans d’actions qui seront discutés entre les partenaires du PAD. Avant de faire l’objet d’une communication large. La gouvernance chargée de suivre sa mise en œuvre sera, quant à elle, connue en mars prochain.

 

PAD : ce qu’ils en pensent

Le vote du Projet agricole départemental par la Chambre d’agriculture de la Somme a été suivi de plusieurs prises de paroles des élus qui se sont unanimement montrés satisfaits des ambitions affichées dans ce document. Président de la FRSEA des Hauts-de-France, Laurent Degenne a salué «un PAD qui répond aux attentes d’agriculteurs qui ont des projets dans la tête», soulignant le rôle de facilitateur de la chambre d’agriculture. Aussi, a-t-il souligné, «les acteurs du territoire que nous sommes sont prêts à s’engager, mais il faudra que les moyens suivent». Pour Denis Bully, le président de la FDSEA 80, le PAD étant désormais écrit, il reste à «trouver une volonté politique capable d’accompagner le monde agricole dans sa mutation». Chez les Jeunes agriculteurs, leur président Guillaume Clop espère «qu’il y a aura dans les années à venir encore suffisamment d’agriculteurs pour y arriver», faisant référence au besoin d’accompagner le renouvellement des générations. Enfin, du côté de l’administration, l’écriture d’un PAD était apparemment attendue : «Vous avez désormais un document politique clair qui est votre feuille de route, a souligné Emmanuelle Clomès (DDTM). Ce document va aider les autorités de gestion dans la programmation des aides à l’agriculture parce que les orientations sont claires. Ce que vous affichez est à la fois courageux et ambitieux. Ce PAD montre votre esprit de conquête et d’innovation.» 
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