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Céréales
Les conséquences d’une mauvaise moisson française

Dix millions de tonnes de céréales à paille seront récoltées en moins que l’an dernier dans l’Hexagone. L’ensemble des acteurs de la filière céréalière française est affecté par cette chute dans l’indifférence totale des marchés mondiaux.

Sur le marché européen, les pays frontaliers de la France sont assurés d’acheter  les quantités de grains habituelles.
Sur le marché européen, les pays frontaliers de la France sont assurés d’acheter les quantités de grains habituelles.
© A. P.

Selon Argus Média (ex-Agritel), la production française de blé ne serait pas de 26,3 millions de tonnes (Mt) comme l’annonçait au début du mois d’août Agreste, la statistique du ministère de l’Agriculture, mais de 25,17 Mt. Ce serait la plus faible récolte depuis 1983. «Suite aux précipitations excessives, des semis jusqu’à la récolte, la production de blé tendre en France chute de 27,3 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années», a déclaré Maxence Devillers, analyste de marché Argus Média. Quant à la production française d’orges, elle s’établirait à 10,4 Mt, selon Agreste et serait inférieure de 12,2 % par rapport à la moyenne 2019-2023. Au total, la production de céréales à paille baisserait de 10 Mt par rapport à 2023.

 

Difficultés

Cependant, les faibles récoltes françaises de céréales à paille n’ont aucun impact sur les cours mondiaux des grains. «Le marché est équilibré à des prix qui n’ont jamais été aussi faibles depuis quatre ans», selon Maxence Devillers. Les quantités disponibles de blé détenues par les huit pays exportateurs majeurs de la planète sont dans la moyenne des campagnes passées (446 Mt versus 453 Mt en 2023) et suffisantes pour satisfaire une demande mondiale très molle depuis quelques semaines. D’importants pays importateurs sont en retraits pendant de nombreux mois (Turquie, Bengladesh et Pakistan). La Chine n’est pas non plus aux achats. Or, la Russie et l’Ukraine expédient à des prix très compétitifs leurs grains dès qu’ils sont récoltés. A contrario, la production catastrophique de céréales à paille, et de blé en particulier, met en France, l’ensemble des acteurs de la filière céréalière en difficulté. Les céréaliers évidemment, mais aussi les organismes stockeurs ou encore les transporteurs et les traders qui verront leurs activités fortement pénalisées par les faibles quantités de grains commercialisables.

 

Marges négatives

Lors de sa conférence de presse de rentrée, Argus Média a dressé un inventaire non exhaustif de ces conséquences. Les marges brutes cumulées par hectare de blé, d’orges et de colza, basées sur un prix de campagne moyen, équivalent à celui observé depuis le début du mois de juillet, est de - 800 €/ha, aides Pac comprises. Or, l’an passé, elles étaient déjà négatives (- 200 €/ha) en raison des charges très importantes supportées par les céréaliers. La très faible récolte française de blé et d’orges sera suffisante pour approvisionner l’industrie agroalimentaire et l’alimentation animale en particulier. Elle transformera des quantités de grains similaires à celles des années précédentes. Sur le marché européen, les pays frontaliers de la France sont assurés d’acheter les quantités de grains habituelles (6,3 Mt de blé et environ 2,8 Mt d’orges). Mais la filière export vers les pays tiers sera la plus impactée par la faible récolte de céréales. La France exporterait à peine 4 Mt de blé hors de l’Union européenne, soit 60 % de moins qu’en année moyenne et probablement moins de 2 Mt d’orges (- 35 %).

 

Perte de marchés

Le solde commercial extérieur agricole et agroalimentaire français en pâtira considérablement. Selon Argus Média, les exportations de blé ne devraient pas 800 millions d’euros contre près de 3 milliards d’euros en 2022-2023. Par ailleurs, notre pays pourrait certainement perdre une partie de ses marchés sur le continent africain. L’Algérie, le Maroc et l’Afrique subsaharienne achèteraient chacun 1 Mt de blé. Le million de tonnes restant serait réparti entre la Tunisie, Cuba, la Chine et l’Égypte. Comme l’Union européenne ne sera pas non plus en mesure d’exporter autant de grains que l’an passé (par exemple, 30 Mt pour le blé versus 40 Mt en 2023-2024), Pékin commercera avec les États-Unis et le Canada qui s’apprêtent à engranger des récoltes record. Ensemble, ils pourraient vendre 62 Mt de blé et peser davantage que la Russie (51Mt), selon Argus Média.

 

Les récoltes abondantes de céréales maintiennent les prix mondiaux orientés à la baisse

Récolte massive de maïs aux États-Unis, profusion de blé en mer Noire : les prix des céréales restent orientés à la baisse dans un marché mondial où l'abondance attendue n'encourage pas les importateurs à lancer de grosses commandes, rapporte l'AFP.
Mercredi 21 août, la tonne de blé tendre est passée en Europe sous la barre symbolique des 200 € pour la livraison la plus rapprochée (septembre), tandis que le maïs se vendait autour de 195 €/t. Même tendance aux États-Unis, où le cours du contrat de référence du maïs était descendu vendredi 16 août à son plus bas niveau depuis la fin septembre 2020. Le cours du soja américain n'avait, lui, pas été aussi faible depuis le 28 août 2020.
Au premier rang des facteurs de baisse des cours figure la perspective d'une belle récolte américaine de grains jaunes, avec de forts rendements, et d'une excellente moisson de soja, en raison notamment de reports de surfaces de maïs en faveur de l'oléagineux. Au niveau mondial, l'International Grain Council prévoit un nouveau pic pour la production de céréales en 2024-2025, en hausse de 16 Mt par rapport à la campagne précédente, avec notamment une augmentation pour le blé, maïs et sorgho. La France, par contre, a engrangé cet été l’une de ses pires moissons depuis quarante ans.

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