Légumes verts
Les premières pointes d’asperge sortent de terre
Dans la Somme, la culture de l’asperge est encore une niche, mais gagne du terrain chaque année. Alban Yzebe, à Hancourt, s’est lancé dans cette «culture passionnante mais complexe»
en 2015. Le début de saison a sonné.
Dans la Somme, la culture de l’asperge est encore une niche, mais gagne du terrain chaque année. Alban Yzebe, à Hancourt, s’est lancé dans cette «culture passionnante mais complexe»
en 2015. Le début de saison a sonné.
Cultiver de l’asperge n’est plus qu’un vieux rêve pour Alban Yzebe. Depuis 2015, le polyculteur d’Hancourt a diversifié son exploitation de 100 ha (pomme de terre, céréales, colza, légumes d’industrie parfois) avec cette plante à forte valeur ajoutée. «C’est une culture passionnante, mais elle est complexe», prévient-il d’emblée. Voilà une semaine environ que les premières pointes d’asperge sont sorties de terre. «On est parti pour deux mois à deux mois et demi intenses.» Aujourd’hui, cette production génère environ 10 % du chiffre d’affaires de la ferme, mais est très chronophage.
Lui a découvert cette production lors d’un stage d’étude chez un agriculteur d’Angers. «Chez nous, le pari est différent, puisque les terres ne sont pas sableuses comme là-bas, et surtout, nous ne bénéficions pas du même climat.» Il n’empêche que produire de l’asperge dans les terres du Vermandois le motivait. «C’est un produit de luxe, que l’on peut commercialiser en circuit court.» L’aspergeraie d’Alban Yzebe s’étend désormais sur 4 ha, mais tout n’est pas encore récolté. La plante vivace, dont nous consommons les turions qui émergent des griffes avant qu’il ne se transforment en tiges, entre en pleine production au bout de trois ans. Elle restera en place sept à dix ans.
À chaque fin d’hiver, le producteur butte pour affiner la terre le plus possible, gage d’asperges bien droites, puis les bâche, pour stimuler les griffes par la chaleur. La production est peu gourmande en produits phytosanitaires. «Comme les surfaces sont réduites par chez nous, nous subissons peu les pressions de ravageurs et les maladies. Je gère l’enherbement avec du désherbage mécanique principalement.» Fin juin, le producteur laissera les asperges monter. L’irrigation pourra être nécessaire en cas d’été sec, pour assurer des réserves hydriques suffisantes pour l’année suivante. Elles seront ensuite broyées pendant l’hiver.
Une niche samarienne
Chez nous, le début de saison est espéré début avril, soit un peu plus d’un mois après la Gironde et les Landes, qui représentent 80 % des volumes en France. «Comme l’année dernière, nous avons subi un printemps assez froid. La saison a débuté tout doucement le 13 avril, soit huit jours plus tard que ce qu’on peut souhaiter», note Alban Yzebe. Quatre saisonniers, désormais fidèles aux asperges du vermandois, s’activent chaque jour à la récolte, tôt le matin, puis au triage, coupage, lavage, calibrage et conditionnement en bottes. «La main-d’œuvre représente un gros coût de production. Tout se fait à la main.» Le rythme ? «C’est l’asperge qui donne les consignes.» En ce début de saison, une butte sur deux était récoltée quotidiennement. Mais toutes les buttes peuvent l’être lorsque le thermomètre grimpe, boostant la pousse. «Elles peuvent prendre 10 cm par jour de forte chaleur.» Le produit est fragile : «s’il fait trop chaud, la tête fleurit puis brûle. S’il fait trop froid, elle gèle.»
Miser sur la qualité
Dans la Somme, Alban estime que le rendement est deux fois moins élevé que dans le Sud Ouest, du fait de la météo principalement. «On peut faire entre 3 et 7 t/ha, contre 7 à 10 t dans les Landes. En 2021, année froide, nous avons fait environ 4 t. On espère mieux cette année.» Lui mise donc tout sur la qualité, avec quatre variétés :
Darlise, Cumulus, Vitalim et Prius. «Ce sont des variétés précoces, donc un peu plus fragiles que d’autres, mais toutes reconnues pour leurs qualités gustatives.» La plupart est cultivé en asperges blanches, plus populaires chez nous, et une petite partie l’est en asperges vertes, des plantes qui poussent à l’air libre et se colorent sous l’effet de la photosynthèse.
Le goût est un critère primordial pour la vente en direct, d’autant que la concurrence se fait de plus en plus sentir. Alban a fait le choix de vendre à la ferme, aux marchés et dans quelques magasins de produits locaux, comme Esprit fermier à Glisy. «Les marchés et les multiples livraisons prennent beaucoup de temps. Mais le contact avec les consommateurs est très intéressant.» Comptez entre 9 et 11 €/kg de pointes d’asperge, le meilleur de la plante. «Le problème, c’est que les gens qui y goutent ne veulent plus que ça !»