Fourrages
Maïs 2024 : limiter la dilution de l’amidon
Ces dernières années, la météo nous avait habitués à une certaine précocité des récoltes et particulièrement des ensilages de maïs. Avec des récoltes plus tardives sur l’ensemble du territoire, 2024 rompt avec cette récente «routine». Le fourrage risque également de présenter des caractéristiques différentes.
Ces dernières années, la météo nous avait habitués à une certaine précocité des récoltes et particulièrement des ensilages de maïs. Avec des récoltes plus tardives sur l’ensemble du territoire, 2024 rompt avec cette récente «routine». Le fourrage risque également de présenter des caractéristiques différentes.
Malgré des conditions de semis et de pousse difficiles, cette année, les maïs présentent une belle hauteur de tige avec des épis bien remplis. Ces conformations vont mathématiquement réduire le rapport grain/plante par rapport à la normale et donc la concentration en amidon de l’ensilage. Or, il s’agit d’un facteur déterminant pour la valeur nutritive :
un fort taux d’amidon favorise un apport énergétique efficace. Ainsi, elle influence directement la production de lait et la prise de poids des animaux.
Face à des plantes hautes qui portent tout de même des épis, plusieurs solutions existent pour ne pas pénaliser trop fortement la teneur en amidon du maïs ensilage.
Réduire la quantité de tige
En relevant la hauteur de coupe à la récolte, le rapport grain/plante est moins défavorisé. Cette adaptation permet de récolter les parties les plus nutritives de la plante, comme les grains et les feuilles supérieures et de laisser la partie inférieure de la tige de maïs, plus proche du sol, qui contient des fibres lignifiées, plus difficiles à digérer pour les ruminants.
• Coupe traditionnelle : entre 15 et 20 cm du sol.
• Coupe haute : entre 30 et 55 cm maximum pour éviter la mise en sécurité de l’ensileuse.
D’après Arvalis, une hauteur de coupe plus élevée peut entraîner jusqu’à 10 % de hausse de la teneur en amidon, soit environ 3 points d’amidon supplémentaires. De plus, la réduction de la teneur en fibres lignifiées améliore la digestibilité. En revanche, même si la coupe haute présente des intérêts significatifs, elle présente certaines limites :
1. Perte de rendement en matière sèche : en coupant plus haut, une part non négligeable de la plante est laissée sur le champ, ce qui peut entraîner une baisse du rendement en matière sèche par hectare (9 % maximum).
2. Coût d’opportunité : la réduction de la matière sèche récoltée peut nécessiter de cultiver une plus grande surface de maïs pour compenser les pertes.
3. Variété de maïs : toutes les variétés de maïs ne réagissent pas de la même manière à la coupe haute. Certaines ont une différence de concentration d'amidon plus marquée, tandis que d’autres seront moins affectées.
Cette technique ne doit pas être appliquée sans une évaluation précise des besoins de l'exploitation. Chaque éleveur doit évaluer l’intérêt de favoriser la qualité nutritionnelle au détriment du rendement en matière sèche. L’objectif final visé étant l'efficacité du système de production.
«Épi» c’est tout !
Le maïs épi, aussi appelé «maïs grain humide avec rafle», est récolté lorsque l'épi est mûr, souvent à un taux de matière sèche se situant entre 50 et 60 %, soit lors de l’apparition du point noir. Cette technique consiste à ne récolter que la carotte (épi et rafle). Les caractéristiques nutritionnelles de l’aliment ainsi obtenu s’éloignent de celle d’un aliment fourrager. Le maïs épi présente une haute teneur en énergie. Il est riche en amidon et apporte une forte densité énergétique dans la ration. En comparaison à l’ensilage de maïs classique, le maïs épi offre une meilleure digestibilité. Enfin, grâce à la présence de la rafle, qui apporte des fibres, le maïs épi offre un apport équilibré en énergie et en fibres, réduisant le risque d’acidose ruminale (problème fréquent lorsque les rations sont trop riches en amidon et pauvres en fibres).
Le maïs épi est cependant coûteux à produire en raison du besoin d'équipements spécifiques pour la récolte et la transformation. Sa culture nécessite un bon suivi agronomique afin d’obtenir une qualité optimale. À la récolte, il faut prévoir un surcoût d’environ 50 €/ha par rapport à un ensilage classique. Compte-tenu de son coût, la conservation du maïs épi doit être irréprochable. Il faut prévoir des silos bien hermétiques et penser à inclure un conservateur à la récolte pour éviter les pertes et la dégradation nutritionnelle.
Et le maïs pâte humide ?
Aussi appelé maïs inerté, le maïs pâte humide correspond à un stade de récolte intermédiaire à celui de l’ensilage classique et la maturité complète. L’épi est récolté sans la rafle, lorsque le taux d’humidité est situé entre 34 et 38 %. À ce stade, le maïs contient une meilleure proportion d’amidon disponible pour la digestion ruminale. Il permet de fournir une source d’énergie rapide. Le maïs pâte humide est relativement facile à récolter et se conserve bien dans des silos hermétiques. Il ne nécessite pas de séchage préalable, ce qui réduit les coûts de transformation.
La forte teneur en amidon rapidement dégradable peut augmenter le risque d’acidose ruminale si la fibrosité des rations est insuffisante. D’autant plus que le maïs pâte humide est pauvre en fibres. Il est donc essentiel de veiller à maintenir un apport suffisant en fibres longues pour soutenir la santé ruminale des vaches, ce qui peut nécessiter l’ajout de fourrages riches en fibres dans la ration.
Toutes ces modalités de récolte présentent des caractéristiques spécifiques qui doivent être considérées selon les besoins nutritionnels des animaux, les conditions de production, les objectifs de l'éleveur et le résultat d’un bilan fourrager. Un bon équilibre entre la teneur en amidon, la digestibilité et la gestion du risque d'acidose est essentiel pour la performance et le bien-être des animaux.