Multiplication : «la semence, c’est un pari sur les variétés»
Nicolas Potié est agriculteur multiplicateur à Thiepval. Il travaille avec l’entreprise Florimond Desprez.
Chez les Potié, la multiplication dessemences de céréales, c’est une tradition. Le grand-père de Nicolas la pratiquait déjà. Son père également. Rien donc de plus naturel et de logique que Nicolas en fasse autant quand il reprend l’exploitation familiale, il y a cinq ans. Et comme son grand-père et son père, Nicolas se fait «un point d’honneur à avoir des céréales propres et bien rendues.» D’eux, il a hérité la fibre céréalière.
Il cultive du blé tendre d’hiver, du colza, de l’orge de printemps, des pois protéagineux, de l’escourgeon et de la betterave. Sur les 300 ha de son exploitation, une soixantaine est dédiée à la multiplication de semences de blé et de pois protéagineux. «Avant de semer, il est important de bien choisir sa parcelle. Le cahier des charges impose l’isolement des parcelles. Si tel n’est pas le cas, il faut laisser une jachère de 5 m entre elles», précise Nicolas Potié. Le système de rotation a été fixé à six ans avec des têtes d’assolement plus variées telles que pommes de terre ou betteraves. «On voit selon les précédents culturaux, ce qui va aller bien avec les blés et les pois», relève Nicolas Potié.
Autre paramètre important : le choix des variétés. Cette année, il a travaillé avec deux variétés pour le blé (Terroir et Apanage) et avec une pour les pois protéagineux (Enduro). Des choix opérés après s’être renseigné sur les productions, les semences, ou encore les densités de semis. «Nous recherchons des levées homogènes, du rendement et une belle qualité de production. Le plus intéressant, pour moi, est de découvrir de nouvelles variétés. La semence, c’est un pari sur les variétés. Mais il faut aussi s’adapter au climat et au type de terres», précise Nicolas Potié.
«Il faut être drastique sur la propreté»
Si «l’agriculteur multiplicateur est un précurseur du développement et du rayonnement de la variété d’une région», pour reprendre la phrase de Jerry Fromont, inspecteur céréales au Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants), ce n’est pas sans un travail de tous les instants. La rigueur doit s’exercer du semis jusqu’à la récolte. Dès les semis, le semoir doit être ultra propre. Il en est de même au début de la récolte, les machines doivent être impeccables afin qu’aucun épi ne reste à l’intérieur. Plusieurs vidanges de trémie sont conseillées, ainsi que le nettoyage des bennes de transport. De même, le stockage des semences répond à des règles précises, puisque chaque travée doit être nettoyée de fond en comble et ne recevoir qu’une variété.
«Il faut être drastique sur la propreté au point de ne pas hésiter à faire une vidange de trémie supplémentaire plutôt que de prendre le risque d’une pollution pour pouvoir atteindre l’objectif de la pureté variétale imposée dans le cahier des charges du semencier», commente Nicolas Potié. C’est donc du temps et de l’argent. «De même, il est parfois nécessaire de faire plusieurs réglages de la moissonneuse-batteuse pour éviter de casser les grains, ce qui engendre une baisse de la faculté germinative», dit-il. Mais si la semence est homologuée, un prix fixe est garanti. Or, avec la volatilité des prix, c’est une sécurité pour la trésorerie de l’exploitation.