Pierre Standaert : analyser la qualité de son lait chez soi
Le jeune agriculteur de 26 ans est lauréat du concours Som’Innov’Agri avec son Herd Navigator, un petit laboratoire associé à ses robots de traite pour faire des analyses de lait chez soi.
Pierre Standaert n’a pas encore testé son Herd Nagivator. Il lui faudra attendre l’installation des robots de traite, auxquels le Herd Navigator sera connecté, et six mois de fonctionnement pour avoir une base de données suffisante afin que le système soit opérationnel. Mais, pour lui, nul doute, le Herd Navigator va devenir un outil incontournable pour la conduite de son troupeau de vaches laitières (280 bêtes, dont 120 à 130 vaches laitières, 20 taurillons et le reste composé de petits veaux), qu’il gère avec son père, sur la ferme familiale de Laboissière-Saint-Martin, depuis novembre 2015.
Un petit labo chez soi
Grâce à ce petit laboratoire, des analyses de lait seront faites sur quatre points : le taux de progestérone (indicateur du niveau de reproduction des vaches), le dosage de l’urée, celui des enzymes, et celui de l’acétomie. «Grâce à ce petit laboratoire, on va pouvoir suivre chaque vache en temps réel et jour par jour, ce qui va nous permettre de détecter plus rapidement la présence de pathologies, comme de savoir si une vache a un problème de gestation. De la sorte, on va pouvoir éviter des coûts de vétérinaire importants en étant plus réactifs, et savoir si une insémination a marché ou pas, ou s’il faut en refaire une pour que les vaches soient en gestation. Ce système représente une micro-révolution dans l’analyse du lait», s’enthousiasme le jeune agriculteur.
Autre avantage : le système est entièrement automatisé. En effet, ce petit laboratoire, raccordé aux robots de traite, se compose d’un mécanisme qui pompe du lait. L’échantillon est ensuite stocké dans un récipient. Puis, une pipette vient prendre une seule goutte de lait et la dépose sur une bandelette. Quelques heures après, les analyses de lait sont disponibles sous forme de données et de graphiques. Coût de l’investissement : 50 000 €. Pas donné, mais, selon leurs calculs, en cinq ans, le Herd Navigator sera remboursé.
Ce système, testé pour la première fois en 2000, en Suède, est arrivé en France en 2010. Mais peu d’éleveurs l’utilisent jusqu’ici. Dans la Somme, Pierre et son père seront les seconds à le mettre en route dans leur exploitation. Père et fils avaient pour projet, au départ, de faire une salle de traite classique.
En parallèle, ils ont aussi réfléchi à l’achat de robots de traite. Comparant les coûts des deux options, la seconde s’est révélée la plus intéressante. Et c’est en faisant le tour des constructeurs qu’ils ont découvert le Herd Navigator. «On s’est dit que cela valait le coup, d’une part, car c’est un confort de pouvoir faire ses analyses à même l’exploitation. C’est un gain de temps. L’autre raison est que nous avions la volonté d’être plus pointus dans la conduite de notre élevage», explique Pierre. D’autant dans le contexte difficile de la filière laitière, même si, malgré des périodes financières compliquées, ils ont jusqu’ici tiré leur épingle du jeu.