Prairies : diagnostiquer avant d’agir
La végétation d’une prairie évolue. Réaliser régulièrement un diagnostic de ses parcelles permet d’évaluer leur état avant toute intervention au printemps.
La végétation d’une prairie évolue. Réaliser régulièrement un diagnostic de ses parcelles permet d’évaluer leur état avant toute intervention au printemps.
Au fil du temps, certaines prairies peuvent ne plus se montrer aussi productives qu’on le souhaiterait. Il est donc important pour les éleveurs de suivre régulièrement leurs parcelles afin d’établir un diagnostic. Bruno Osson, technicien Semae (ex-Gnis), aborde ce sujet lors de formations. Ils proposent aux éleveurs de réaliser un état des lieux précis et de mettre en place des techniques simples, à moindre coût, lesquelles amélioreront sensiblement la productivité de l’herbe. «Dans un contexte de hausse des prix des concentrés, de l’énergie, c’est vraiment la prairie de bonne qualité, le plus longtemps possible durant la saison, qui peut permettre de passer le cap», insiste-t-il.
La valeur fourragère
Ainsi, la discussion avec l’éleveur s’oriente d’abord sur son niveau de satisfaction. «Je l’interroge sur la productivité de la parcelle par rapport aux autres parcelles de l’exploitation, à celles de ses voisins, explique Bruno Osson. Par rapport aux années précédentes, cette prairie s’est-elle améliorée ou au contraire dégradée ?» Il est ensuite essentiel d’identifier les plantes présentes, d’estimer leurs valeurs fourragères sous différents aspects : productivité, appétence, valeurs alimentaires et saisonnalité. Cette flore est-elle adaptée aux objectifs de l’éleveur ? Est-ce que la parcelle sera pâturée ou fauchée ? Prévoit-il de faire de l’ensilage ou plutôt du foin ?
S’en suit une approche foncière et agronomique de la parcelle. Est-elle en pente ? Y observe-t-on la présence de taupinières, de trous de pieds de vaches ? «Dès qu’il y a des trous ou des bosses, la morphologie de la végétation va être différente. Il y aura des touffes, ce qui pénalise à la fois le rendement et l’appétence.» Le technicien liste également la présence de cours d’eau, de points humides, la portance du sol, mais aussi la nature du sous-sol. «Il y a deux indicateurs positifs pour estimer la qualité d’une prairie : le trèfle blanc et le ver de terre», rappelle-t-il.
Identifier les espèces
Pour ce qui est de l’étude de la végétation. Celle-ci va d’abord être raisonnée de façon globale. On observe la densité, la morphologie du couvert. Est-ce que j’ai quelque chose de très gazonnant, homogène ou plutôt en touffe ? On regarde les espèces, la présence éventuelle de plantes bio indicatrices. «Il faut pouvoir identifier les espèces. Pour cela, si on est tôt en saison, il existe un outil disponible sur le site de Semae, une clef de détermination qui permet d’identifier les graminées au stade herbacé», précise Bruno Osson.
Il est aussi bon de regarder la manière dont ces espèces sont réparties, en mosaïques ou, au contraire, bien mélangées les unes aux autres, ce qui est préférable. La présence de mousse sera, quant à elle, le signe d’une mauvaise activité biologique.
D’autre part, l’observation du marquage des bousas peut-être le signe d’un problème de fertilité ou de surpâturage à l’automne.
Les possibilités d’amélioration
Une fois l’évaluation réalisée, l’éleveur peut prendre la décision d’améliorer, de regarnir ou, en dernier recours, de rénover complètement sa prairie.
Avant de s’engager dans des actions trop coûteuses, mieux vaut privilégier les techniques simples.
Il convient tout d’abord d’éliminer la cause de la possible dégradation (cf. encadré). Ensuite, il s’agit de raisonner la fertilité et le pH. Cela peut aussi être l’introduction de nouvelles plantes, par du sursemis, puis l’adaptation de son mode d’exploitation : alterner fauche/pâture, alterner des dates de récoltes, faire du pâturage tournant… Et enfin, se soucier de l’aménagement foncier : «avoir de bons chemins, bien disposer les points d’eau. Penser au confort des animaux avec des haies coupe-vent, leur apporter de l’ombre. C’est l’occasion peut-être de replanter quelques arbres, ajoute Bruno Osson. Ce sont autant d’astuces toutes simples que les éleveurs connaissent bien, mais sur lesquelles il est bon d’insister».
Pour en savoir plus, Semae met des outils à disposition des éleveurs une multitude d’informations sur son site internet www.semae-pedagogie.org, sur le site www.herbe-actifs.org ainsi que le site herbe-book.org pour le choix des variétés.