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Que peut dire la recherche sur le nouveau virus H5N8 ?

Alors que le spectre de la maladie refait surface avec l’apparition du virus H5N8, une nouvelle souche de l’influenza aviaire en Allemagne, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, l’Inra fait le point sur les apports de la recherche.

Avec un taux de mortalité de 6 % chez les volailles, le virus H5N8 est un peu moins virulent que le H5N1.
Avec un taux de mortalité de 6 % chez les volailles, le virus H5N8 est un peu moins virulent que le H5N1.
© Pascal Le Douarin

Si le virus H5N1 de la grippe aviaire a causé la mort de plus 300 personnes depuis son apparition en 2003, le H5N8, découvert en Corée au début de l’année puis ces derniers temps en Europe (Pays-Bas, Allemagne et Grande-Bretagne), n’a pour le moment jamais été transmis à l’homme.

Transmission
Chez les volailles, où le taux de mortalité est de 6 %, sa virulence est un peu moins élevée que celle du H5N1. La singularité de ce virus H5N8 est «son spectre d’hôtes particulièrement large», fait remarquer Jean-Luc Guérin, chercheur au sein de l’unité «Interactions hôtes-agents pathogènes» à l’Inra, ce qui empêche pour le moment de connaître précisément l’itinéraire emprunté par ce virus, potentiellement transporté par des oiseaux migrateurs.
Les signes de la maladie varient en fonction des espèces, allant du portage sain pour les oiseaux aquatiques à la mort pour les poulets ou les dindes.
La transmission aux animaux d’élevage peut avoir eu lieu lors des parcours des animaux à l’extérieur mais aussi par les transports passifs (par exemple via des bottes utilisées dans la nature et gardées en entrant dans les bâtiments d’élevage). En fonction des conditions, le virus peut vivre de quelques heures par temps chaud et sec à plusieurs semaines s’il fait froid et humide.
Quant à la transmission à l’homme, si elle a lieu, ce sera plutôt par la manipulation d’animaux infectés et non par l’alimentation, puisque tous les animaux susceptibles d’être contaminés sont abattus avant. Ces mesures permettent par ailleurs d’étouffer la propagation du virus, à la différence d’une vaccination qui n’empêcherait pas sa persistance sous des formes atténuées. La vaccination serait par ailleurs démesurément complexe et coûteuse pour les 22 milliards de volailles dans le monde, surtout rapportée à leur durée de vie moyenne de 40 jours.

Réassortiments génétiques
Et le risque le plus important résultant de la persistance de ce virus est la possibilité d’une co-infection, par exemple avec un animal infecté à la fois par H5N1 et H5N8, ce qui permettrait au virus des «réassortiments» génétiques et l’apparition d’un virus de type nouveau, transmissible à l’homme. La recherche travaille donc à identifier les différents segments génétiques qui vont jouer un rôle dans la virulence, dans l’adaptation à certaines espèces… La constitution de bases de données de ces segments permet ensuite aux chercheurs d’être plus réactifs et de pouvoir anticiper la dangerosité d’un virus émergent, en fonction des différentes espèces.
Tous les laboratoires de virologie créent ainsi des virus tests, destinés à confirmer ou infirmer ces constations, permettant à termes de surveiller plus finement ces virus, et également de muter certaines de leurs caractéristiques pour diminuer leur dangerosité. Pour améliorer cette anticipation, un challenge est à relever dans la surveillance de la faune sauvage et des multiples agents pathogènes qu’elle transporte, en ciblant les risques et les durées d’analyse.

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