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Sdage : la profession demande que l'impact sur l'agriculture soit évalué

Le Sdage 2016-2021 propose des mesures pour atteindre le bon état écologique des eaux.

© AAP

Les représentants de l'Agence de l'eau Artois Picardie ont présenté aux membres des commissions environnement des chambres d'agriculture et des Fdsea de la Somme et du Nord Pas de Calais les documents du Sdage (schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux) en cours de révision.
Ceux-ci proposent toute une série d'orientations qui concerne aussi bien les industriels et les collectivités que les agriculteurs. L'agriculture peut être impactée par les dispositions sur l'amélioration de la qualité de l'eau, les zones humides, les substances dangereuses et la protection de la ressource.

Des enjeux pour l'agriculture
La profession agricole partage certes cet objectif de maintien et d'amélioration de la qualité de l'eau, mais elle discute sur certaines mesures pour y parvenir.
Les représentants de l'Agence de l'eau ont rappelé le principe qui guide les orientations du Sdage : «éviter, réduire compenser». C'est-à-dire on évite d'abord les impacts sur les zones humides, on les réduit ensuite, la compensation n'intervenant qu'en dernier recours. A ce sujet, il est proposé de compenser la destruction de zones humides à hauteur de 150% de la surface perdue, ceci à fonctionnalité égale et sur le territoire du Sage.
Cette proposition a été vivement contestée par les représentants de la profession agricole. «La compensation s'exerce toujours sur le foncier agricole. L'agriculture est ainsi doublement pénalisée, une fois lorsqu'elle perd des terres pour un projet et une deuxième fois quand il faut compenser», ont-ils argumenté.
En outre, la compensation environnementale est très partielle. Seule la biodiversité remarquable est compensée. On ne tient pas compte des services rendus par les sols agricoles, la biodiversité ordinaire et le potentiel agronomique comme la réserve utile en eau par exemple. Pour les responsables agricoles, il serait plus judicieux que la compensation se fasse par du qualitatif plutôt qu'à l'hectare. Par exemple, dans la lutte contre l'érosion, apporter des compensations pour favoriser l'élevage.

Pas de contraintes supplémentaires
Et d'ajouter : «il faudrait revenir à un discours positif sur l'agriculture, rappeler les énormes progrès réalisés : les bilans azotés, le raisonnement des produits phytosanitaires, le réglage des pulvérisateurs, le mise aux normes des bâtiments d'élevage, etc. Or, force est de constater que certaines dispositions proposées dans le Sdage ne tiennent pas compte de ces efforts».
Olivier Faict, président de la commission environnement (chambre d'agriculture et Fdsea, regrette que «l'on n'évalue pas l'impact économique des mesures qui touchent l'agriculture et plus particulièrement l'élevage qui est en crise. L'activité agricole ne pourra se voir appliquer des contraintes supplémentaires sans que sa présence sur le territoire soit mise en péril», a-t-il insisté.
Tout en regrettant également que la profession agricole soit associée en dernier lieu à la concertation, juste avant la consultation du public, alors que les agriculteurs sont les principaux concernés.
Les professionnels restent en tout cas très vigilants, bien conscients que les engagements inscrits dans le Sdage auront des conséquences sur les exploitations.

Zoom

Qu'est ce que le Sdage ?

La directive cadre européenne sur l'eau s'est donnée comme objectifs d'harmoniser l'ensemble des textes sur l'eau et de faire converger les politiques des différents pays européens vers un but commun :
«atteindre le bon état écologique des eaux en 2015».
En France, le schéma directeur de gestion des eaux (Sdage) est le principal outil de la mise en oeuvre de cette directive.
Il est en effet le document qui définit pour chaque bassin les orientations en matière de gestion de la qualité et de la quantité d'eau, orientations qui seront ensuite appliquées au niveau local.
La France métropolitaine compte six Sdage, un par bassin hydrographique :
Artois-Picardie, Seine Normandie, Rhin-Meuse, Loire Bretagne, Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée-Corse. Le Sdage a «un cycle de vie» de six ans, le nouveau schéma va couvrir la période 2016-2021.
Il se base sur l'état actuel de la ressource en eau (19% des eaux de surface sont en bon état écologique et 33% des eaux souterraines sont en bon état chimique), sur les mesures de réduction des pressions, et sur le temps de réaction des milieux.

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