Tournesol : des atouts pour nos régions
La culture du tournesol est pour l’instant peu répandue dans les Hauts-de-France, mais elle présente de nombreux atouts. Quelques points à prendre en compte.
Bonne nouvelle pour les producteurs de la région : les attaques de mildiou, principale maladie du tournesol et facteur limitant du rendement, sur des variétés de tournesol résistantes RM9 ne concernent que le Sud-Ouest et le mildiou du tournesol n’est absolument pas de la même famille que celui que nous connaissons sur la pomme de terre en Hauts-de-France. Voilà donc une difficulté à laquelle les producteurs du Nord de la France ne devraient pas être confrontés.
Pour ce qui est du désherbage, à côté de l’imazamox déjà bien connu (Pulsar, Davai, Passat Plus) et utilisé en post-levée, Terres Inovia teste depuis plusieurs campagnes le GF 3885 de Corteva Agriscience. Absorbé par les feuilles, sans persistance au sol, il est très efficace sur la plupart des adventices sauf sur les renouées, mais n’agit pas sur les graminées. D’où son intégration dans un programme de désherbage plus complet. Mais attention au coût de cette stratégie. «Néanmoins, le GF 3885 jouit de bonnes performances, notamment en application plus tardive ou en fractionné si les stades sont maîtrisés», confirme Franck Duroueix, de Terres Inovia.
Les dégâts d’oiseaux
Les dégâts d’oiseaux sont un problème majeur pour les agriculteurs et pourtant, peu de recherches portent sur ce sujet. Les méthodes mises en place sont souvent empiriques, sans fondement scientifique. Une enquête révèle qu’un tiers des parcelles de tournesol sont attaquées, obligeant à un re-semis dans 7 à 13,5 % des cas. Ce sont surtout des colombidées (palombes) qui sont un fléau dans le Sud-Ouest, alors que l’Est subit plutôt les assauts des corvidés. L’essentiel des dégâts est concentré à la levée.
L’étude de la démographie des populations d’oiseaux montre que celle de pigeons ramiers croît, que la corneille noire stagne tandis que le corbeau freux voit sa population baisser. Pour lutter contre les oiseaux, le projet Terres Inovia cumule plusieurs axes : l’utilisation de répulsifs en plein ou sur semences, mais avec une efficacité aléatoire, l’usage d’engrais starter pour que les plantules de tournesol soient rapidement hors de la phase sensible, le semis sous couvert implanté quarante jours avant en orge ou féverole pour produire un effet de confusion. Les essais montrent que cette conduite n’est pas facile à mener car le couvert peut aussi concurrencer le tournesol. Enfin, dernier axe, les effaroucheurs et, notamment, des drones terrestres ou aériens, couplés à un boitier de détection qui lance le signal d’effarouchement en cas de présence d’oiseaux.
Christophe Sausse, de Terres Inovia, tempère les résultats : «Ces solutions, peu efficaces au final, ne peuvent pas s’exonérer d’une réflexion plus large au niveau du territoire car ces oiseaux habitent aussi dans les villes où ils causent des dégâts. Parmi les pistes, une levée groupée des parcelles, offrir des alternatives plus attractives aux oiseaux et réguler les populations sur le long terme et à grande échelle.» C’est à ce prix que le tournesol pourra trouver une place définitive dans les assolements de la région.
Chiffres clé
56 millions de tonnes produites dans le monde
779 000 ha de tournesol en France en 2020
35 000 ha en bio en 2019
1,7 million de tonnes produites en France en 2020
22,3 q/ha de rendement en 2020