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Réglementation
Un assolement avec ou sans jachères ?

Les haies, les bandes enherbées, les intercultures et, bien sûr, les jachères jouent un rôle prépondérant dans la plaine. Retour sur les nombreux services rendus avec la Chambre d’agriculture de la Somme, en particulier sur leur valorisation dans la Pac.

À ce jour, 3 908 ha de jachères (mellifères ou non) sont inscrits à la Pac 2024 dans le département de la Somme, avec des surfaces par parcelle allant de 10,26 ha à 0,01 ha pour le minimum, soit une moyenne de 0,54 ha.

Concilier les intérêts de tous, qu’ils soient agronomiques, économiques, cynégétiques, environnementaux et surtout travailler en commun pour créer un socle environnemental solide devient essentiel. C’était tout l’enjeu du rendez-vous technique du vendredi 4 octobre dernier au lycée agricole Le Paraclet, conjointement organisé par les Chambres d’agriculture Hauts-de-France, la Fédération des chasseurs de la Somme et des Hauts-de-France et l’association Symbiose.

Une rencontre dédiée à la jachère qui a rassemblé une trentaine d’agriculteurs avec, entre autres, une vitrine jachères et IAE*. En effet, les chambres d’agriculture de chaque département testent différents couverts de densité et de pérennité diverses semés à des périodes différentes, pour répondre aux besoins des agriculteurs souhaitant introduire des jachères de couverts dans leur assolement. Il est important de noter que bien que la mise en jachère ait des avantages environnementaux à long terme, les agriculteurs doivent souvent jongler entre ces bénéfices écologiques et les impératifs économiques et de production immédiats. La décision de mettre en jachère ou au contraire, de réduire la surface est donc souvent le résultat d’un compromis entre différentes priorités et contraintes.

Une vitrine de jachères à plus de 100 espèces

La Chambre d’agriculture de la Somme, avec le soutien technique de la Fédération départementale des Chasseurs de la Somme et les chambres d’agriculture, a implanté neuf mélanges de couverts végétaux (herbacés, mellifères, spécial gibier) répondant aux exigences réglementaires de la Pac, possédant une bonne couverture de sol et également fournissant une alimentation en qualité et en quantité, sur une longue période, pour les insectes pollinisateurs et auxiliaires des végétaux cultivés. En pleine période de floraison, un km de bande mellifère peut accueillir plus de 6 000 pollinisateurs (dont 1/3 d'abeilles domestiques et sauvages) et plus de 400 000 arthropodes auxiliaires, qui sont autant d'agents indispensables à préserver pour permettre une production agricole durable.

Composition des mélanges :

1. Luzerne + dactyle

2.Trèfle de perse + trèfle violet + phacélie

3. Fétuque rouge + trèfle blanc

4. Dactyle + trèfle violet

5. Vesce pourpre + féverole d’hiver + trèfle incarnat + trèfle violet + bourrache + minette

6. Fleurs miel et papillons

7. Triticale + sainfoin + mélilot + luzerne + trèfle violet + trèfle incarnat + phacélie + radis fourrager

8. Avoine blanche + chou fourrager + sarrasin

9. Trèfle incarnat + féverole d’hiver + radis chinois + phacélie.

Premiers enseignements

Mélangez au minimum sept espèces pour une jachère efficace

Ainsi un mélange mellifère efficace limitera au mieux le développement des adventices et l'érosion des sols, et pourra accueillir plusieurs centaines d'insectes ou autres invertébrés par m² de végétation. La mise en place de mélanges pérennes sera d'autant plus efficace pour la préservation de la faune du sol et aérienne, ainsi que pour l'abri des insectes et de l'avifaune. Les mélanges mellifères pérennes comportant plus de cinq espèces végétales et associant en partie des espèces nectarifères d'origine locale, accueilleront tout au long de l'année des pollinisateurs domestiques et sauvages, ainsi qu'un cortège de nombreux régulateurs naturels (araignées, carabes, syrphes, coccinelles, staphylins, hyménoptères parasitoïdes, chrysopes...).

Construisez votre mélange en pensant pérennité et relais entre les espèces

Sur le mélange B, la phacélie est bien vigoureuse la première année, le trèfle violet est, quant à lui, plus discret mais prendra toute sa place à partir de la deuxième ou troisième année.

En effet, il est primordial d’assurer un couvert d’au moins trois à cinq ans minimum ainsi qu’un relais entre les espèces. Pensez aussi à la complémentarité des systèmes racinaires entre les espèces pivotantes pour structurer en profondeur et les espèces qui ont des racines plutôt fasciculées comme les graminées, ces espèces vont coloniser les premiers horizons et contribuer à la stabilité structurale des premiers horizons.

Semez tôt et choisissez des espèces robustes pour les conditions de semis automnales

La parcelle d’essai en question a été semé un peu trop tardivement, début octobre. Certaines espèces comme les graminées ont particulièrement souffert des effets combinatoires d’excès d’eau et de gel à la fin du mois de janvier. Même chose pour les légumineuses à implantations tardives qui ont souffert à la période hivernale (luzerne et trèfles blanc et violet). À l’opposé, des espèces présentent de la robustesse, la phacélie pour ne citer qu’elle. Elle a bien passé l’hiver tout comme les légumineuses annuelles type féveroles, avoine, crucifères (radis principalement).

Semez des jachères dans des parcelles propres

Jusqu’à l’été, les couverts étaient bien denses, bien fleuries, autrement dit, de bons réservoirs à insectes. En fin d’été, quand toutes les espèces arrivaient en fin de croissance, nous avons constaté un réel resalissement de la parcelle avec une recrudescence de limaces, consécutif à cette campagne agricole continuellement humide. Ces dernières ont très fortement pénalisé le ressemis naturel recherché par égrainage des espèces semées, laissant place aux adventices.  Enfin, il faut considérer l’implantation d’une jachère comme l’implantation de n’importe qu’elle autre culture, en soignant particulièrement le semis pour installer les plantes durablement.

* Infrastructures agroécologiques

 

L’essentiel pour réussir son implantation de jachère

> Bien densifier ses densités de semis : une belle qualité de semis qui doit tenir plusieurs années
> Mélanger sept-huit espèces en jachères mellifères
> Viser au moins trois espèces en jachères classiques
> Identifier une parcelle sans grosse problématique d’adventices
> Semer assez tôt (première quinzaine de septembre) pour installer l’implantation de la culture avant l’hiver

 

La jachère reste toujours valorisable dans les éco-régimes

Les jachères sont des surfaces agricoles ne faisant l’objet d’aucune valorisation (ni fauche, ni pâturage) pendant une période de présence obligatoire d’au moins six mois incluant le 31 août. Par contre, il est toujours possible d’implanter ou d’utiliser les surfaces en jachère pour bénéficier de l’écorégime par la voie des pratiques (pas de coefficient appliqué aux surfaces en jachère par la voie des pratiques) ou par la voie de la biodiversité (coefficent applicable pour les jachères mellifères (1.5).

 

Calendrier des implantations de couverts en fonction de la voie de l’éco-régime

Les jachères déclarées pour la voie de la biodiversité de l’écorégime, y compris si elles sont mellifères, ne peuvent pas être valorisées pendant la période d’interdiction du 1er mars au 31 aout (du 15 avril au 15 octobre pour les jachères mellifères). Elles ne peuvent être ni fauchées ni pâturées.

Concernant les jachères autres que mellifères ou faune sauvage, un entretien par fauche ou broyage est toutefois autorisé pendant la période des six mois obligatoire hormis pendant la période des quarante jours d’interdiction fixée par arrêté préfectoral.

Si l’on souhaite valoriser la jachère comme couvert dans la voie des pratiques de l’écorégime et respecter au titre de la BCAE 6 (couverture minimale des sols nus pendant la période sensible), un couvert doit être présent sur la jachère au plus tard le 31 mai.

Vous pourrez avoir de plus amples explications et possibilités de financements de ces couverts ou infrastructures agro-écologiques (Maec, Pacte haie, etc.) en contactant notre conseillère au 06 35 57 01 07.

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