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Céréales
Un bilan en demi-teinte pour la campagne 2023-2024 de céréales bio

871 000 tonnes de céréales bio ou en C2 (deuxième année de conversion) ont été collectées en 2023, soit 50 000 t de plus qu’en 2022. Mais plus de 10 % de la production a été déclassée. Comme les prix se sont effondrés, la filière bio est moins attractive. En trois ans, les surfaces en conversion ont été divisées par trois.

Selon FranceAgriMer, 871 000 tonnes de céréales bio ont été collectées dans toute la France en 2023.
Selon FranceAgriMer, 871 000 tonnes de céréales bio ont été collectées dans toute la France en 2023.
© A. P.

En agriculture biologique, FranceAgriMer dresse des bilans de campagne de collecte et non pas de production. Or, une grande partie des grains récoltés en France est employée par des polyculteurs-éleveurs pour nourrir leurs animaux. Toutefois, la céréaliculture biologique n’a plus le vent en poupe. L’an passé, la surface des terres arables converties en bio (549 000 ha) a baissé de 5 000 ha - une première depuis des années - et celle des parcelles en cours de conversion (49 578 ha) est trois fois inférieure à 2019 (167 373 ha).

 

Déclassement

Selon FranceAgriMer, 871 000 tonnes de céréales bio ont été collectées dans toute la France en 2023. Un chiffre à rapporter aux 55-60 millions de tonnes de grains conventionnels récoltés chaque année. Cinq régions métropolitaines (Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Grand Est, Auvergne- Rhône Alpes et Pays de la Loire) ont livré plus de 60 % des 871 000 tonnes collectées à l’échelle nationale. L’Île-de-France n’est pas en reste. Au regard de sa dimension géographique, l’agriculture biologique s’est considérablement développée. 63 000 tonnes de grains ont été livrées l’an passé. Et les 12,5 millions de Franciliens sont férus de produits bio !  L’an passé, les bons rendements ont plus que compensé les 5 000 hectares cultivés en moins en France. En 2022, la collecte de céréales biologiques avait été inférieure de 50 000 tonnes à celle de l’an passé. Si la canicule avait endommagé l’essor des cultures céréalières, seules 33 000 tonnes de blé, d’orges, de maïs et de triticale avaient été déclassées. Or, l’an passé, 92 500 tonnes l’ont été. En conséquence, la quantité de grains utilisée l’an passé était presque équivalente à celle de 2022. Un peu moins de la moitié des céréales collectées était du blé (413 000 tonnes, 47 %) et 17 % du maïs (144 000 t). Comparée à la céréaliculture conventionnelle, les productions de triticale et d’orges collectées sont équivalentes à quelques milliers de tonnes près (environ 90 000 t).

 

D’abord en France

En fait, l’agriculture biologique se caractérise par une grande variété de céréales cultivées (épeautre, avoine, seigle, blé dur, millet, sorgho) et de plantes à graines (sarrasin par exemple) que l’on ne retrouve pas dans les mêmes proportions en agriculture conventionnelle. Environ 40 % du blé bio collecté est livré en meunerie et seuls 12 % à la fabrication d’aliments du bétail.

A contrario, les céréales secondaires sont majoritairement employées par l’industrie de l’alimentation animale. La production de céréales bio approvisionne d’abord le marché français. Une faible proportion des grains est exportée chaque année. En 2023, les ventes de blé portaient sur environ 15 % des volumes collectés (60 000 t) alors qu’en conventionnel, les deux tiers de la production françaises sont régulièrement exportés en Union européenne ou vers les pays tiers.

La filière céréalière biologique perd un de ses principaux atouts : ses prix. Après avoir oscillé autour de 500 € la tonne entre les mois d’avril 2021 et juillet 2022, le cours de la tonne de blé bio ne cesse depuis de se replier dans le sillage des cours de la céréale conventionnelle. En fait, la flambée des prix des grains conventionnels en 2022 avait seulement différé de quelques mois la baisse des prix du blé biologique. Aujourd’hui, les prix des céréales bio commercialisées sont toujours plus élevés que ceux observés en conventionnel, mais ils ne compensent plus la faiblesse des rendements. En France, la filière céréalière bio française est une niche. Elle ne représente que 6 % de la valeur du marché céréalier nationale. Le seuil de 10 % n’a été franchi qu’au Danemark (12 %) et en Autriche (11,5 %) sur des marchés bien plus restreints en volume que dans l’Hexagone.

 

Moissons et JO : «la mauvaise récolte facilite la circulation sur la Seine»

À quelques jours de la cérémonie d’ouverture des JO, la circulation des péniches sur la Seine est stoppée, conformément à l’accord entre la profession et la préfecture d'Île-de-France. «C’est triste à dire mais finalement, la mauvaise moisson de cette année nous aide à gérer cet ajustement du calendrier de circulation, concède Christophe Grison, président de Valfrance. Les chantiers ont du retard, les rendements sont en net recul et les PS, en dessous des normes. Avant d’expédier le grain vers Rouen, nous allons devoir le travailler pour le nettoyer et homogénéiser la qualité des lots : cela va prendre un peu de temps. Autant de jours durant lesquels nous n’aurons pas besoin d’utiliser la navigation sur la Seine. Et moins de grains signifie aussi un besoin moindre en péniches.» Pour cet agriculteur, 2024 s’annonce, pour sa ferme et pour sa coopérative, aussi mauvaise que 2016 : «Pour ce qui est déjà récolté sur mon exploitation, les rendements des blés tendres ne dépassent pas 65 q/ha alors que, dans les mêmes terres, j’atteins régulièrement 90 q/ha les autres années.» En cause : des pluies incessantes depuis les semis et une forte pression maladies (4 fongicides ont été appliqués). «Avec des coûts de production en hausse et des prix de vente en berne, dans la plaine, le moral n’est pas bon», confie-t-il.

 

Pois d’hiver : une année difficile

Dans un communiqué du 24 juillet, la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop) a estimé que 60 % des surfaces de pois d’hivers étaient directement impactés par les conditions climatiques de ces derniers mois : «Un hiver et un printemps battant des records (…) de chaleur et d’humidité, des semis très tardifs impactés par des précipitations constantes, une pression (des) maladies…». En dehors du maintien des aides Pac obtenues pour les protéagineux, la Fop entend travailler sur le fond, avec l’Institut technique Terres Inovia. L’objectif est d’analyser la récolte en cours et déterminer notamment les choix variétaux «qui ont montré leur efficacité dans différents bassins de production». La Fop va également initier en septembre, une mission avec l’interprofession Terres Univia «afin de faire de la mise en place de démonstrateurs territoriaux». Pour le président de la Fop, Benjamin Lammert, «le pois constitue un levier majeur pour permettre à la France de relever le défi de la souveraineté en protéines».

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