Vergers écoresponsables : un label pour quoi faire ?
Si notre région n’est pas leader en termes de production de pommes et de poires, elle présente néanmoins des atouts intéressants, mis en valeur par la démarche «Vergers écoresponsables».
«Nos régions ont du talent». Ce logo développé par une enseigne de la grande distribution pourrait être largement repris pour la production de pommes et de poires dans les Hauts-de-France. Certes, la production est loin d’atteindre celle du Sud-Ouest, du Val de Loire, du Limousin, du Sud-Est ou des Alpes. Sur les 36 400 ha de vergers en France, seulement 590 ha se trouvent en Hauts-de-France.
Mais, si les Hauts-de-France ne jouent pas dans la même cour, la région présente une spécificité originale, celle de ses variétés, cultivées nulle part ailleurs. Pour les pommes, les Hauts-de-France se distinguent avec la Jonagold et la Belle de Boskoop. Ces deux variétés représentent 54 % des 440 ha cultivés par quarante-deux producteurs de pommes.
Pour les poires, les variétés particulières sont la Conférence et Comice. Sur les 148 ha cultivés par vingt-sept producteurs de poires, 68 % sont consacrés à la variété Conférence. De quoi tirer leur épingle du jeu sur le marché de la production des pommes et des poires en France, en Europe, comme dans le monde. Et d’autant que le label «Vergers écoresponsables» est le premier label du rayon fruits et légumes dans la grande distribution, avec son million de tonnes de pommes, ses 50 000 tonnes de poires, mais aussi ses 140 000 tonnes de pêches et nectarines, et ses 70 000 tonnes d’abricots.
Le label «Vergers écoresponsables»
Respect de l’environnement, exigence de produits sains et riches en goût. Telles sont les exigences des consommateurs depuis une dizaine d’années. Dès la fin des années 1990, la filière fruit avait créé une charte de production fruitière intégrée fondée sur les principes de l’agriculture raisonnée. Une décade plus tard, face aux attaques médiatiques sur les pesticides notamment, la filière décide de passer à l’étape supérieure en communiquant sur ses bonnes pratiques au travers d’un nouveau label «Vergers écoresponsables» en 2009. Ce label, qui évolue chaque année et a obtenu la certification environnementale de niveau 2 par le ministère de l’Agriculture en 2013 a, depuis, été concédé aux pêches et nectarines, ainsi qu’aux abricots. 1 400 producteurs de pommes et de poires sont engagés dans cette démarche qualité, visant à redorer l’image de ces producteurs. Prochaine étape : la certification haute valeur environnementale (HVE) de niveau 3.
Ce label repose «sur une charte qualité qui privilégie les méthodes de lutte biologique, sans s’interdire pour autant des interventions ciblées de produits phytosanitaires si elles sont pertinentes. Mais l’idée est quand même de recourir le moins possible aux produits phytosanitaires», précise Sandrine Gaborieau, responsable marketing et communication de l’Association nationale pommes poires (ANPP). Située entre agriculture biologique et agriculture conventionnelle, cette démarche s’appuie donc sur les principes de la production fruitière intégrée, privilégiant l’observation des vergers, les méthodes de lutte biologique et les techniques de pointe permettant d’assurer une production de qualité pour tous les consommateurs.
Les engagements
Les producteurs s’engagent à favoriser la biodiversité dans leurs vergers, à privilégier les méthodes de lutte biologique, à raisonner les interventions en verger, à récolter leurs fruits à maturité optimale et à la main, à garantir la traçabilité du verger au point de vente et à faire contrôler le respect de ces bonnes pratiques par un organisme externe et indépendant des firmes de produits phytosanitaires, une fois par an. «Un programme annuel de surveillance sanitaire est réalisé par des laboratoires accrédités Cofrac, avec des analyses multi-résidus effectuées par tranche de 1 000 tonnes par organisation de producteurs ou par producteur. Les lots non-conformes à la réglementation en vigueur sont interdits de commercialisation et les causes de ces dépassements sont recherchées», précise Sandrine Gaborieau.
Dans la charte, pas moins de quatre-vingt-une obligations majeures doivent être respectées, concernant l’implantation des vergers, l’irrigation, l’utilisation de solutions biologiques, la gestion de l’eau, les contrôles sanitaires, etc. De même, l’arboriculteur doit être obligatoirement accompagné par un conseiller technique indépendant des fournisseurs d’intrants, et dont la structure est agréée par l’ANPP.
Une attention toute particulière est accordée à la biodiversité. Elle est même au cœur des vergers. Ainsi, nombreux sont les agriculteurs à collaborer avec des apiculteurs et à installer des ruches au milieu des vergers. La présence des insectes pollinisateurs (papillons, bourdons, etc.) est également favorisée par le maintien des bandes enherbées entre les rangs des arbres et l’implantation de nombreuses haies à proximité. Autres alliés : les oiseaux. D’où la présence de nombreux nichoirs dans les vergers.
Soit une agriculture en accord avec le monde qui l’entoure et qui privilégie les équilibres naturels. De quoi casser l’image d’une production forte consommatrice d’intrants et de pesticides.
L’économie de la pomme
1,4 million de tonnes de pommes produites en France en 2017, soit 65 % de la production européenne en 2017
3e producteur européen de pommes derrière l’Italie et la Pologne
36 400 hectares de vergers en France
100 : c’est le nombre de pays vers lesquels partent les pommes françaises, dont 23 % en Grande-Bretagne, 17,6 % en Espagne, 12,8 % vers le Moyen-Orient, etc.
1er fruit consommé par les Français