Pomme de terre
Mieux gérer le risque mildiou
Pour diminuer les IFT et optimiser les applications fongicides, la Chambre d’agriculture de la Somme propose plusieurs solutions dont le suivi des parcelles de pommes de terre avec l’utilisation de Mileos.
Pour diminuer les IFT et optimiser les applications fongicides, la Chambre d’agriculture de la Somme propose plusieurs solutions dont le suivi des parcelles de pommes de terre avec l’utilisation de Mileos.
Après une campagne de plantation chaotique suite aux nombreux épisodes pluvieux, il est temps de se pencher sur la surveillance du mildiou. Ce champignon redoutable sur pommes de terre est à surveiller dès le stade de levée jusqu’au défanage total de la végétation.
1- La première gestion du mildiou commence par la mise en place de mesures préventives
• Bien gérer les tas de déchets
Les tas de déchets doivent être bâchés où détruits pour éviter la dissémination des spores et ne doivent en aucun cas servir de repère d’observation. Les tas de déchets constituent la principale source de contamination de mildiou. Il est également aussi important de les mettre tant que possible dans assez loin des futures parcelles de pomme de terre.
• Bien gérer les repousses
La gestion des repousses est à réaliser à deux niveaux. Premièrement, sur la culture de pommes de terre (méthode préventive) avec, éventuellement, l’application d’hydrazide maléique qui est effectuée en végétation (Fazor Star à 5 kg/ha ou Itcan SL à 11 l/ha). Cette application, en plus de son action anti-germinative en bâtiment, limitera la germination des tubercules laisser au champ lors de la récolte. Il est également recommandé, lorsque les conditions sont réunies, de semer en non-labour les céréales d’automne derrière la culture de pommes de terre. Cette technique permettra de laisser les tubercules dans un horizon plus propice au gel contrairement au labour.
2- Mileos, un outil incontournable pour la modélisation du mildiou de la pomme de terre
Depuis cinq ans, la chambre d’agriculture possède une cinquantaine de stations météo connectées de la marque Sencrop. Cela permet d’apporter une donnée météo aux plus proches des parcelles de pomme de terre de ses adhérents, souligne Sébastien Descamps (Conseiller pomme de terre, CA80). Ce maillage de stations permet à la Chambre d’agriculture de la Somme d’accompagner une centaine d’agriculteurs sur le pilotage du mildiou via l’outil d’aide à la décision Mileos qui est développé depuis une vingtaine d’année par l’institut Arvalis.
Cet OAD, disponible rapidement sur l’application «Mon conseil Agri» nous permet d’identifier les risques de contamination du mildiou en tenant compte principalement des sommes de température et d’hygrométrie journalières. Le modèle calcule le risque et permet de déclencher un traitement fongicide lorsque nécessaire. En cas de déclenchement et pour une gestion long terme des résistances des souches de mildiou aux différentes matières actives, il est fortement recommandé d’alterner systématiquement les produits utilisés pour alterner les modes d’action. Ces phénomènes de résistances sont très largement observés avec le Fluazinam (Vertigo, Vendetta, Kunshi…) et commencent à arriver à l’étranger avec la Mandipropamide (Revus, Revus Top…).
De manière générale, sur la campagne 2022, l’OAD nous a permis de réduire l’équivalent de cinq passages fongicides en fécule là où les variétés sont moins sensibles mais ont un cycle de végétation plus long. En pomme de terre de consommation, que les parcelles soient irriguées ou non, l’économie fongicide est de l’ordre de six passages. L’économie permis par Mileos se chiffre entre 135 et 162 €/ha pour un abonnement de base de 326 € pour six parcelles. Si l’intérêt économique est au rendez-vous, il faut également mettre en avant l’intérêt technique qui permet de positionner au plus juste son traitement et ainsi ne pas créer de trou dans la protection.
3- Aller plus loin avec Mileos en modélisant l’impact de l’irrigation dans l’outil
Chez les irrigants, la protection contre le mildiou est souvent appliquée de manière préventive avec un produit non lessivable juste avant l’irrigation pour être sûr de ne pas risquer un déclenchement fongicide lors d’un tour d’eau. En effet, l’irrigation d’une parcelle se déroule souvent sur plus d’une journée et les conditions d’irrigation du soir et de nuit sont souvent plus à risque que celle de jour, mais qu’en est-il réellement ? Dans le graphique suivant, nous avons repris l’impact théorique de la campagne d’irrigation 2022 d’une parcelle avec cinq passages de 25 à 30 mm réalisés à chaque fois sur deux jours complets.
Nous observons ci-dessous que dans le contexte météo de 2022 (sec et caniculaire), seul le passage d’irrigation de 30 mm réalisé du 6 au 7 juillet a modéliser un risque mildiou sur la parcelle puisque le poids de contamination a dépassé le seuil de sensibilité de la variété (3). Pour aller plus loin avec l’outil, il est donc intéressant de simuler dans l’AOD un passage d’irrigation pour voir si il y a un risque de déclenchement ou pas et si la parcelle nécessite une protection avant l’irrigation. Dans le cas ci-dessous, une économie de trois à quatre traitements supplémentaires aurait pû être réalisée. Bien sûr, Mileos reste un outil d’aide à la décision dont la réussite est basée sur la représentativité à la parcelle des données météo utilisées. En effet, il faudra toujours rester vigilant à la typologie d’une parcelle présentant des zones plus humides le long d’un bois ou la présence d’un «bas fond».
Témoignage d’un agriculteur et producteur de pommes de terre