Attentat contre Charlie Hebdo : nous sommes tous concernés
L’attentat qui a frappé le journal Charlie Hebdo, le 7 janvier, et qui a provoqué la mort de douze personnes, ne peut nous laisser indifférent. On peut ne pas être d’accord avec les orientations du journal et notamment son anticléricalisme. Il n’en reste pas moins que les dessins de Cabu, Wolinski et les autres et leur regard acéré sur notre société vont nous manquer. Leurs caricatures en disent souvent plus long que de longs développements sur les errements de nos responsables politiques.
Au-delà de l’émotion légitime provoquée par cette tuerie et du soutien que nous devons apporter à une profession frappée dans l’exercice de son métier, ainsi qu’aux familles des victimes, c’est la liberté d’expression qui est visée. L’intention des auteurs de ce carnage et des organisations qui l’ont commandité, est d’imposer au monde et notamment au monde occidental leur propre vision des choses, quoi qu’il arrive. Une société régie par des religieux obscurantistes et fondamentalistes.
Pas question de faire le tri entre ce qui fait plaisir et ce qui ne le fait pas. Comme le souligne Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France : «la liberté d’expression ne se divise pas entre ce qui est bon et ce qui est mauvais». «La liberté d’expression, c’est aussi la liberté d’insolence, la liberté du poil à gratter», pour le pasteur François Clavairoly, le président de la Fédération protestante de France. Il en va de même pour les critiques qui peuvent être adressées à nos organisations.
Surtout, sans liberté d’expression il n’y a pas de démocratie. C’est la raison pour laquelle, cet odieux attentat doit aussi nous interpeller. Si nous ne réagissons pas c’est non seulement la démocratie individuelle qui sera remise en cause, mais également la démocratie collective, c’est-à-dire le rôle que jouent les corps intermédiaires et notamment les syndicats dans le fonctionnement de notre société.