Pomme de terre

Face au manque d'eau, quelles variétés de pommes de terre planter ?

Recréer un climat sec en début et fin de cycle

Pour différencier le comportement des variétés de pommes de terre (cf. tableau ci-dessous), la Chambre d’agriculture de la Somme a mis en place une plateforme sur laquelle huit variétés destinées au frais ou à l’industrie ont été implantées fin avril 2024.

Chaque variété est placée dans trois modalités différentes grâce à l’utilisation d’abris mobiles pour protéger des pluies et respecter les consignes de climat sec. Trois modalités : confort hydrique (modalité A), stress hydrique (RU=30 %) fin de cycle, c’est-à-dire à partir de la phase de grossissement des tubercules (modalité B) et, enfin, en stress hydrique début de cycle, c’est-à-dire pendant la phase de croissance active et de tubérisation (modalité C) (cf. graphique 1).

La destination de marché ne fait pas la sensibilité du rendement

Lors de la récolte de l’essai fin septembre, nous avons pu noter l’impact des consignes d’irrigation sur le rendement brut 
(cf. graphique 2), mais aussi la matière sèche et les calibres des tubercules.

Pour le rendement, trois groupes de variété se détachent :

- Les variétés sensibles seulement à un stress hydrique pendant la phase de grossissement des tubercules (B) : Astérix, Fontane et Innovator

- Les variétés sensibles à tous les stress hydriques : Agata et Acoustic

- Les variétés sensibles seulement à un stress pendant la phase de tubérisation (C) : Vogue, Melody et Challenger

Dans ce dernier groupe, deux variétés profitent de la moindre disponibilité en eau dans le sol comparé au confort : Vogue et Melody, dont le rendement est supérieur dans la modalité stressée. À l’inverse, Challenger voit son rendement diminué.

Ainsi, si le seul rendement nous importe, le choix de variété devrait donc se porter sur Mélody et Vogue en marché du frais tandis que sur le marché de l’industrie, c’est la variété Innovator qui semble varier le moins intensément avec un stress hydrique (- 6 % à + 3 %).

Plus de tubercules en stress hydrique

Le rendement ne fait pas tout en pommes de terre, le nombre de tubercules par pied et les calibres sont aussi très importants. En effet, les petits tubercules (<45 mm) ne sont pas valorisés contrairement aux tubercules moyens (55-65 mm) préférés des marchés du frais et des plus gros calibres (65-75 mm) pour les industriels 
(cf. graphique 3).

Sur le critère du nombre de tubercules/pied, les variétés Astérix et Melody sont influencées par un stress en fin de cycle tandis que les variétés Vogue et Fontane plutôt par un stress en début de cycle. La variété Challenger, elle, est sensible aux deux. Pour toutes les variétés, c’est une influence positive avec un nombre de tubercule plus élevé sauf dans le cas de Melody qui perd lors d’un stress en phase de grossissement. Un nombre plus élevé de tubercules doit poser la question des calibres observés.

- Les variétés sous stress qui présentent plus de hors calibres (trop petits et trop gros) et moins de calibres intermédiaires : Agata, Challenger, Melody

- Les variétés sous stress qui présentent plus de calibres moyens et moins de hors calibres : Innovator, Fontane, Astérix

- Une variété Acoustic qui, sous stress, présentent moins de très petits calibres mais plus de gros et très gros calibre.

Les résultats obtenus sur la variété Vogue ne sont pas concluants, en effet, les variabilités sont trop importantes et surtout ne sont pas expliquées car ne suivent aucune logique. Ce sont les variétés industrielles qui se comportent ainsi le mieux face au stress hydrique de manière générale avec un taux de tubercules moyens plus important contrairement aux hors calibres.

Trouver des variétés plus tolérantes pour le marché du frais

Nos travaux mettent en évidence plusieurs variétés de pommes de terre à destination du marché de l’industrie. C’est le cas de la variété Innovator qui présente une belle adaptation au stress hydrique tandis que les variétés destinées au frais y sont plus sensibles et fabriquent plus de mauvais calibres. Une dernière année d’essais permettra de consolider les résultats. Nous nous intéresserons également au stress thermique, en général lié au stress hydrique estival, et aux relations sol-plantes dans le but d’optimiser les systèmes racinaires.