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Jardiniers : à vos bêches !

Mai est le mois des plantations par excellence. Victorien Lavisse, maraîcher installé à la Ferme des p’tits légumes, à Croixrault, livre ses astuces pour la culture des légumes.

«En mai et en juin, on peut planter tout ce qu’on veut !» Pour Victorien Lavisse, maraîcher de Croixrault, près de Poix-de-Picardie, ces semaines-ci définissent la plus grosse partie de la récolte annuelle. Si vous n’avez pas encore planté vos pommes de terre, ne tardez pas. «C’est tout juste, mais encore possible.» Pour le reste, selon le dicton, l’idéal est d’attendre que les Saints de glace (Saint-Mamert le 11 mai, Saint-Pancrace le 12 mai et Saint-Servais le 13 mai) soient passés pour repiquer les plants en pleine terre.
Les radis, plantés en cette période, pourront être récoltés dès fin juin. «Carottes, épinards, navets, betteraves rouges, salades… Et même repiquage des premières courgettes, voire semis en pleine terre : tout cela est possible», assure Victorien. Certaines pousses, comme les salades, peuvent être bâchées, ou recouvertes d’un voile de protection, pour les protéger d’éventuelles gelées matinales. L’idéal, pour une production étalée dans le temps : «varier les variétés pré-coces ou non, et étaler les dates de semis.»

Du melon picard
Il est aussi temps de s’activer sous la serre, pour le repiquage des tomates et des aubergines. «On peut même penser à des produits atypiques. Pour ma part, je cultive des melons, qui seront récoltés du 15 août au 15 septembre, plus tardivement que les melons du sud, mais tout aussi bons !» Cette année, le maraîcher va cultiver une cinquantaine de pieds de pastèque pour la première fois, également sous serre. «Il faut tenter pour savoir si c’est possible.»

Une bonne préparation de sol
La préparation du sol joue énormément sur le bon développement des plantes. «Plus la graine est petite, plus la terre doit être fine, car le contact terre-graine doit être maximal.» Un motoculteur, voire une fraise, sont donc de précieux alliés dans cette préparation. Comprenez aussi que la parcelle choisie doit être la moins rocailleuse possible. «Les carottes, les betteraves et les épinards aiment notamment les sols bien travaillés.»

Purin : de l’or pour les plantes
Il est possible de faire son engrais naturel soi-même. Victorien Lavisse réalise du purin d’ortie et du purin de feuille de rhubarbe pour un «bon coup de fouet au démarrage». En plus de booster la pousse, ces mixtures sont d’excellents anti-parasitaires, car leur forte odeur repousse les ravageurs. «Le purin de feuille de rhubarbe est très efficace contre les pucerons.» Pour leur réalisation, le professionnel préconise 10 l d’eau pour 1 kg d’orties ou de rhubarbe, à laisser macérer deux ou trois jours. Lorsque l’eau est très foncée, il n’y a plus qu’à filtrer et à placer dans des bidons. Avant de d’utiliser le mélange, il faut le diluer à hauteur de 4 l d’eau pour 1 l de purin d’ortie. Mettez 1 l d’eau supplémentaire pour le purin de rhubarbe, car plus fort. «Il faut absolument diluer le purin, car il est fort en azote et peu brûler les feuilles des courges et des tomates.» Le tout est à pulvériser «de préférence tôt le matin, lorsque l’hygrométrie est importante, et pour une meilleure assimilation de la plante.»

Auxiliaires et plantes compagnes
Pas de jardin productif sans insectes pollinisateurs. Pour les attirer dans la serre, «il faut bien l’aérer, car ils n’aiment pas être confinés». Victorien a une astuce pour les appâter davantage : «y mettre des fleurs.» Celles-ci peuvent d’ailleurs avoir d’autres avantages. «Les capucines attirent les pucerons, qui la choisiront elle plutôt que le légume voisin. Les œillets d’Inde, eux, dégagent une odeur forte qui repousse ces pucerons, mais attire les pollinisateurs.»

Remèdes de grand-mère
Le mildiou est la plus célèbre, et la plus redoutée des maladies de la tomate… Ce fléau, chaque année, fait le désespoir de nombreux jardiniers. Victorien met en place des techniques de prévention. «Le mildiou se développe sur une surface humide, explique-t-il. Donc il faut aérer régulièrement la serre pour garder les feuilles les plus sèches possible.» Moins la plante est en contact avec l’eau, moins le risque est grand. «Pour l’arrosage, il vaut mieux mettre en place un système goutte à goutte ou, plus artisanal, enfoncer le goulot d’une bouteille coupée au pied, et la remplir d’eau pour irriguer directement la racine.»

La courgette, elle, craint l’oïdium, qu’on reconnaît facilement au feutre blanc qui s’étend sur les feuilles et les tiges. Là encore, Victorien utilise un moyen de lutte naturel : «Je traite avec du bicarbonate de soude mélangé à de l’huile, que je pulvérise sur les feuilles.» Pour les cochenilles, friandes de choux, et la mouche mineuse de poireau (plus tard en saison), un filet anti-insectes placé sur le légume évitera l’utilisation de traitement.

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