L’appel à la résistance de la présidente Françoise Crété
Premier du mois et première pour Françoise Crété. Ce mardi, la présidente de la FDSEA tenait sa 1re assemblée générale.
Après le «Indignez-vous !» d’un Stéphane Hessel, l’heure est à «Résistez !». C’est du moins le parti pris de la FDSEA de la Somme, parce qu’à l’instar de sa présidente, Françoise Crété, elle croit en l’avenir. «Je ne veux pas être à la tête d’un “syndicat de pleureuses”. J’en ai assez que notre environnement institutionnel et administratif nous englue dans sa lourdeur et nous fasse oublier les éléments fondamentaux sur le long terme et positifs sur le court terme», rappelle Françoise Crété, à la tribune.
Résister à la crise agricole, et notamment celle que traversent les filières d’élevage, résister à la tentation de tout laisser tomber faute de prise en compte suffisante de la situation par ceux qui nous gouvernent : tel est le cap.
Une résistance qui est passée en premier lieu, ce mardi-là, par une charge fournie contre le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qualifié tour à tour d’«imposteur» et d’«illusionniste». Et la présidente de demander la démission de ce ministre qui a soit «un défaut de compétences directes, soit un défaut d’autorité sur la fameuse technostructure que personne ne connaît, mais que tout le monde dénonce».
Puis de s’en prendre aux parlementaires, toujours prompts à dire leur compréhension de la situation, mais n’ayant pas bougé le petit doigt pour défendre des lois permettant de redonner de la compétitivité à l’agriculture et de l’attrait aux territoires ruraux. «Les parlementaires portent une responsabilité collective dans l’inertie des choses». Et de les inviter à se focaliser sur les résultats et non sur les moyens. Mais, pour ce faire, il faut que la confiance soit restaurée, ce que n’engage pas à faire les contrôles incessants, les normes et les complications multiples et variées. Face à cette invasion, la résistance est de mise. Comment ? En se faisant entendre sur le terrain par des manifestations de masse, en mobilisant des ressources d’ingénierie et de droit pour faire valoir leurs positions, en développant la communication à destination du citoyen et consommateur.
Des raisons d’espérer et de fédérer
Les raisons d’espérer ne manquent pas, ne serait-ce que parce que, sur le long terme, «le besoin en denrées agricoles reste en croissance régulière pour une durée au moins égale à une carrière d’agriculteur», rappelle la présidente du syndicat. Autres facteurs d’espérance : des taux d’intérêt faibles, le PCAE au niveau régional, la révolution technologique ne pouvant qu’améliorer leurs conditions de travail et leurs performances agronomiques et environnementales, le second pilier…
Des raisons d’espérer, le syndicat veut aussi en fournir aux agriculteurs par les revendications et actions qu’il mène. «Sur les doublons, et plus encore maintenant sur les SNA, la DDTM peut gérer une bonne partie du travail sans perte pour les agriculteurs», revendique la présidente. Parmi les résistances qui ont conduit à des succès, il y a les zones vulnérables, dont l’arrêté a été cassé, suite au recours de la FDSEA.
Aussi pour que les rangs de la résistance s’étoffent et que les combats soient plus facilement couronnés de succès, Françoise Crété insiste sur la «nécessaire cohésion entre nous» et l’union tant avec ses troupes, qu’avec les organisations professionnelles agricoles. «Fédérer, c’est avoir des projets, et on ne pourra pas fédérer si les projets des uns et des autres portent sur leurs propres boutiques plutôt que sur les agriculteurs», conclut-elle.
Verbatim
«Il y a un an, Laurent fustigeait les dossiers Pac 2015, qui n’en finissaient pas. Qui aurait pu imaginer qu’à l’assemblée générale 2016, le dossier serait toujours au même point. Monsieur le directeur de la DDTM, vous ne me contredirez pas, je pense. D’un point de vue admnistratif, en mars 2016, les dossiers Pac 2015 en sont au stade d’un mois de juin d’une année normale.»
«En vingt ans, notre profession a subi deux épisodes calamiteux : la vache folle et Le Foll. Au début de mon mandat, j’ai publiquement demandé qu’il choisisse entre porte-parole du gouvernement et ministre de l’Agriculture. Depuis quelques mois, je l’assume, je demande sa démission. Comme toute herbe folle, elle a du mal à disparaître du paysage. Ce n’est pas un ministre de l’Agriculture que nous avons, mais un illusionniste !»
«Soit on nous laisse des charges, et il faut réguler le marché et protéger le producteur, soit on nous envoie au casse-pipe de la mondialisation, et là, il faut faire sauter toutes les charges.»