«On peut changer les choses»
Jean-Michel Serres, n° 2 de la liste LR-UDI dans la Somme, défend une politique régionale au plus près du terrain.
«Entre les événements successifs qui ont marqué les six derniers mois de notre pays, un sentiment d’insécurité qui va croissant, même dans des zones qui ne sont pas touchées, et une politique sociale mal répartie, colère et désillusion se sont installées au sein de la population, poussant une partie d’entre elles au vote FN», selon Jean-Michel Serres, ex-responsable syndical agricole. «On peut aspirer à plus de sécurité, mais on ne peut pas faire n’importe quoi en termes d’immigration, par exemple. Avec le repli sur soi, des libertés fondamentales de notre pays peuvent être remises en cause. Malheureusement, on n’a pas suffisamment lutté contre le chômage et les carences de formation dans notre région. On a perdu au fil des générations les vertus économiques, sociales et d’intégration de la valeur travail ; cela explique une partie des votes de dimanche dernier», commente Jean-Michel Serres.
Aussi est-il important pour lui de faire entendre, avant le vote du second tour, que l’on ne peut pas vivre en vase clos. «Qu’on le veuille ou non, il y a la politique nationale, la politique européenne et la politique régionale. Aussi imparfaites soient-elles, elles sont imbriquées les unes dans les autres. Enfin, on a beaucoup plus à perdre en se coupant de la politique européenne plutôt qu’en essayant d’y trouver sa place», considère-t-il.
«Faire mieux et vite»
Mais cela suffira-t-il pour rassembler au-delà de la droite dimanche prochain, même avec le retrait de la liste socialiste ? «Je mesure la difficulté des gens de gauche de se retirer des élections, car ils seront absents des décisions durant six ans, comme la difficulté de leurs électeurs. Cependant, par rapport au programme de Xavier Bertrand, il y a des choses qui peuvent les rassurer, notamment notre engagement de pourvoir la moitié des offres d’emploi non pourvues en Nord-Pas-de-Calais et Picardie, soit 60 000 emplois. Quant à notre position sur l’apprentissage, la gauche peut s’y retrouver au-delà des clivages politiques et des discours de campagne. Il peut en être de même par rapport à notre volonté de faire reculer l’illettrisme, pour renforcer les chances d’emploi. La Région doit faire mieux et plus vite sur ce sujet. On a les outils pour le faire», déclare Jean-Michel Serres.
Faire mieux et plus vite, sa liste s’y engage de la manière suivante : en présentant un programme d’actions à réaliser dans les cent premiers jours, avec un bilan d’étape, un an plus tard. «On souhaite montrer que l’on veut et que l’on peut changer les choses sur le plan de l’économie, de l’emploi, de l’apprentissage, de la sécurité dans les trains, comme dans les sujets de politique nationale où l’on peut répondre partiellement. On a, par exemple, la capacité de régler des problèmes administratifs qui empoisonnent la vie des administrés et des entreprises, comme d’accélérer les installations classées», détaille-t-il. Faire vite et mieux, ce sera aussi la préoccupation de leur politique agricole régionale.
Quelle agriculture demain ?
Nul doute, pour lui, la première chose à corriger, «c’est d’aider l’ensemble de l’agriculture et ses filières. Il n’y a pas les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Toutes les formes d’agriculture doivent être soutenues. Une fois cela dit, il est nécessaire d’apporter une aide urgente à l’élevage pour qu’il se modernise et se renforce. Car, chaque fois qu’un élevage se modernise, les agriculteurs font mieux sur les plans économique, environnemental et social. C’est donc crétin de mettre trop de conditions d’accès aux aides, souligne-t-il. Dès qu’un agriculteur veut se moderniser ou se développer pour créer de la valeur ajoutée, il est bénéfique pour toute la région.
Outre l’élevage, la Région peut accompagner la restructuration et la modernisation de toutes les filières, à condition que l’initiative vienne des agriculteurs. «En parallèle, il faut tout remettre à plat pour comprendre pourquoi on perd de la compétitivité. On est dans une très belle région, avec un fort potentiel humain, agronomique, climatique et de recherche, mais on perd toujours plus en compétitivité. Il faut donc retrouver la place qui nous revient et garder la valeur ajoutée sur place», dit-il. Autre défi : faire revenir des industries agroalimentaires sur notre territoire. Sur la question des circuits courts, qui comprend à la fois la vente directe et l’approvisionnement des collectivités, le soutien des abattoirs est impératif. C’est en couplant tout cela que l’on recréera de l’emploi, de la richesse et de l’espoir sur la région.