Phytosanitaire : les collectivités en mode zéro phyto
Bilan et témoignages de communes qui ont dû faire évoluer leurs pratiques dans l’entretien des espaces verts. Depuis 2017, les pesticides y sont interdits.
La gestion des espaces verts, promenades et forêts connaît un véritable chamboulement. L’interdiction des produits phytosanitaires depuis le 1er janvier 2017 dans les collectivités a fait évoluer les pratiques. «La loi Labbé a été un accélérateur, reconnaît Sylvie Barois, responsable environnement à la Fredon* Nord-Pas-de-Calais. Mais des démarches étaient déjà engagées depuis longtemps dans certaines collectivités, parfois depuis une dizaine d’années.» Quelques-unes d’entre elles sont venues témoigner, vendredi 26 avril à Douai, au cours d’une journée d’échanges organisée par la Draaf** et la Dreal*** Hauts-de-France.
Concrètement, quels ont été les changements mis en place pour faire face à l’interdiction des pesticides ? Vous les avez peut-être déjà remarqués vous-même au sein de votre ville ou village : de nouveaux massifs, des cimetières plus verts, des hôtels à insectes ou encore quelques pousses spontanées sur les trottoirs...
A Englos (59), le virage est pris depuis 2013 : «Nous voulons faire entrer la nature dans le village, témoigne Alain Poillon, conseiller technique de la ville. Cela permet une meilleure qualité de vie.» Les équipes ont notamment investi dans un désherbeur thermique, utilisent le paillis et beaucoup de plantes vivaces, et ont défini des espaces en gestion différenciée. Un verger a été créé, ainsi qu’un potager dans l’école, et l’eau de pluie est récupérée. La liste n’est pas exhaustive, et il semble que la seule limite soit celle de l’imagination !
Une démarche globale
Dans la ville de Douai (59), «la protection de la biodiversité a commencé depuis les années 2000, témoigne Martial Loué, directeur des jardins, du cadre de vie et des sports à la mairie de Douai. Il y a eu un gros travail de réorganisation des équipes, une mutualisation du matériel ou encore une réflexion pour limiter les transports».
Si la formation des agents en charge de l’entretien des espaces verts paraît essentielle, la communication auprès des habitants des communes l’est tout autant, assurent les différents acteurs, qui ont parfois dû faire face à des réticences. Elle passe par des panneaux d’affichage, les réseaux sociaux ou encore des prospectus. Faire entrer les habitants dans une démarche participative serait aussi un vrai atout.
Accompagnement
Créée en 2008 à l’initiative des agences de l’eau Seine-Normandie et Artois-Picardie, ainsi que par les conseils régionaux partenaires, la Charte d’entretien des espaces publics permet d’accompagner les collectivités dans cette transition. Celles-ci peuvent bénéficier d’un financement.
Trois cent cinquante communes et intercommunalités sont signataires à ce jour.
* Fredon : Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles.
** Draaf : Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt.
*** Dreal : Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.