Pommes de terre : une sécheresse «préoccupante» en Europe
La pénurie d’eau qui touche le nord de l’Europe impacte les bassins de production de pommes de terre. Les rendements
devraient donc être en baisse.
et le Royaume-Uni ne devraient pas atteindre le rendement moyen en pommes de terre.
La sécheresse et les niveaux d’eau sont de plus en plus «préoccupants» dans presque toutes les zones de production de pommes de terre des cinq pays du nord-ouest européen (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, France et Royaume-Uni) indique le NEPG*. Alors que les superficies plantées sont en augmentation de 2,2 % pour atteindre le record de 611 190 hectares, les rendements ne devraient pas être au rendez-vous. À l’exception de la Grande-Bretagne, tous les pays ont augmenté leur superficie de pommes de terre. La plus forte croissance se trouve en Allemagne, avec une croissance de 3,6 % des surfaces. Partout, les plantations se sont déroulées au bon moment et dans de bonnes conditions (avec de bons enracinements).
Une campagne «tendue»
Malgré de bonnes conditions de cultures, les premiers signes de sénescence apparaissent. Les producteurs doivent faire face au manque de pluie, à la chaleur, aux faibles capacités d’irrigation, conséquences d’un niveau bas des nappes phréatiques. Les arrachages de hâtives ont commencé depuis quatre semaines. Les premières indications montrent des rendements moyens en Allemagne et supérieurs à la moyenne pour les variétés hâtives belges à destination de la transformation.
Mais il s’agit des plantations qui ont reçu le plus d’eau. Pour le reste de la campagne, les prévisions sont plus pessimistes. Les cinq pays ne devraient pas atteindre le rendement moyen. Tout va dépendre des précipitations des semaines à venir. La campagne pourrait donc être tendue si les rendements moyens ne sont pas atteints, car la demande pour la transformation est en hausse de 8 à 10 %.
Juillet 2019, mois le plus chaud jamais mesuré
Il faut dire que le mois de juillet 2019, marqué par une canicule exceptionnelle en Europe, a été le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde, juste au-dessus du mois de juillet 2016, selon les données du service européen Copernicus sur le changement climatique. «Avec la poursuite des émissions de gaz à effet de serre et l’impact sur l’augmentation mondiale des températures, des records continueront à être battus», déclare, le 5 août, dans un communiqué, le chef du service Jean-Noël Thépaut.
Selon les données de Copernicus, le mercure est monté en juillet 0,04°C plus haut que le précédent record de juillet 2016, année marquée par l’influence d’un puissant el Niño. Cet écart est tellement faible qu’il est possible que d’autres organismes de référence, qui collectent et analysent les données de façon un peu différente, ne parviennent pas à la même conclusion, note le communiqué. Le mois de juillet a notamment été marqué par une canicule courte, mais très intense en Europe de l’Ouest, où plusieurs pays comme l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, ont battu leur record absolu de chaleur. Selon Copernicus, les températures ont également été au-dessus de la normale en Alaska, au Groenland et dans certaines parties de la Sibérie, ainsi qu’en Asie centrale et certaines régions de l’Antarctique.
*Groupe des producteurs de pommes de terre du Nord-ouest européen / North-West European Potato Growers
La pousse d’herbe aussi impactée
Le 30 juillet, dans une note de conjoncture, Agreste indique qu’au 20 juillet, la production cumulée d’herbe est déficitaire au niveau national. Elle représente ainsi seulement 68 % de la pousse annuelle de référence, en recul de 8 points par rapport à celle de la période de référence. Le cumul de précipitations, déficitaire de 15 % en moyenne au plan national, combiné à des températures élevées puis caniculaires sur la dernière décade de juin ont stoppé la pousse d’herbe. La moitié des régions fourragères françaises sont déficitaires et un cinquième d’entre elles connaissent même des déficits importants. La région Auvergne Rhône Alpes est la plus affectée par les conditions météorologiques, avec un indice de rendement de 71 % et 46 % de régions fourragères en déficit important, notamment en Auvergne.
Le stress hydrique menace un quart de la population mondiale
Près d’un quart de la population mondiale, réparti dans dix-sept pays, est concerné par un risque «extrêmement haut» de «stress hydrique», selon la dernière version du «Water Risk Atlas», une carte interactive publiée le 6 août par le World Ressources institute, un cercle de réflexion américain spécialisé dans les questions environnementales. Le risque de subir une pénurie d’eau est au moins «élevé» pour un tiers de la population mondiale (quarante-quatre pays). La cause : une augmentation de la consommation mondiale, qui a «plus que doublé depuis les années 1960». Pour réduire ce risque, les chercheurs appellent notamment à «augmenter l’efficience agricole», en «utilisant des semences qui ont besoin de moins d’eau» et «améliorer les techniques d’irrigation». En France, le bassin parisien est menacé, mais les risques mondiaux se concentrent dans certaines régions bien déterminées : l’Inde, l’est de la Chine, le Mexique, le Moyen Orient et le pourtour méditerranéen.