Près de 11 000 visiteurs étaient à Plaine en fête
La grande fête départementale des Jeunes agriculteurs a fait le plein cette année. Un succès de l’avis de tous.
C’est le grand rendez-vous de la rentrée pour les agriculteurs après les moissons. Et le soleil, bien que voilé, était aussi de la partie. Alors, certes, «même si c’est toujours la même chose, convient Christophe Buisset, président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, c’est vraiment très bien de pouvoir se retrouver ensemble, d’échanger sur les problématiques agricoles du moment.» Et de se réjouir, en arpentant les allées, de voir la mobilisation des jeunes agriculteurs, qui perpétuent d’année en année le plus grand rassemblement agricole du département. «Pour eux, c’est l’occasion de montrer leurs talents et de prendre des premières responsabilités. C’est quelque chose qui te forme, d’autant qu’organiser un tel événement sur le plan de la sécurité, c’est particulièrement complexe», ajoute-t-il. Et il sait de quoi il parle, lui-même a fait partie de l’organisation quand il était aux JA, et a été à l’origine, entre autres, du bœuf à la broche, ce qui ne surprendra pas ceux et celles qui le connaissent.
Des jeunes motivés, il n’en manquait pas, même si la plupart étaient sur les rotules en ce dimanche, après avoir œuvré les dernières semaines à fond pour que la fête soit belle et s’être couchés à point d’heure après le concert et la fête du samedi soir. «L’ambiance est vraiment génial, raconte Marie d’Hallescourt, jeune agricultrice, qui était sur le Pôle restauration. On a servi un peu plus de 1 200 repas. On se serait cru à un top départ de course au moment du coup de feu du service. Cela te fait monter l’adrénaline à fond, mais on est tous sur le pied de guerre et on n’a pas besoin de se parler pour se comprendre. Même si c’est épuisant, c’est vraiment un super moment à vivre, même si on a des coups de gueule, car on est tous ensemble et on oublie un moment le boulot dans les champs et dans les étables.»
Une belle vitrine de l’agriculture
Vitrine de l’agriculture, Plaine en fête a réuni, comme chaque année, les professionnels de l’élevage, ceux du machinisme, les coopératives, les syndicats agricoles, les semenciers, les producteurs locaux, les assureurs, les professionnels de l’enseignement, etc. «Nous avons souhaité mettre à l’honneur la diversité de notre agriculture locale, valoriser ces femmes et ces hommes qui souhaitent recréer un lien de proximité entre producteurs et consommateurs», précise Vincent Savary, président de Plaine en fête cette année. «Fenêtre sur la ruralité, ce rassemblement permet à chacun de comprendre qu’il a besoin des uns et des autres, ce qui donne tout son sens aux valeurs défendues par les agriculteurs», ajoute Claude Louis, maire de Croixrault. Message reçu à l’évidence, puisque ce sont près de 11 000 visiteurs qui ont fait le déplacement à Plaine en fête, dans le champ de 12 hectares où se déroulait la manifestation. Le beau temps, la proximité d’Amiens et la présence en nombre des éleveurs du Vimeu expliquent en partie cette réussite.
Après la messe des laboureurs, à 10h, l’inauguration de la Fête a suivi, en présence des officiels et des personnalités politiques locales. Laurent Somon, le président du Département a rappelé les aides de sa collectivité à l’agriculture de la Somme et sa politique en faveur des circuits courts, insistant notamment sur le développement de l’utilisation des produits locaux dans les cantines scolaires des collèges. Le sénateur de la Somme, Daniel Dubois, a insisté sur l’importance de la ruralité, thème qu’il défend bec et ongles au Sénat, avant de tacler le ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot, sur sa volonté d’attaquer le tribunal administratif dans le dossier de la ferme des 1 00 vaches. «C’est inadmissible qu’un ministre se permette d’attaquer la décision d’un tribunal. Il ne faut pas opposer les petites et les grandes exploitations. Nous avons besoin de tout le monde sur le territoire. Il va falloir que les politiques le comprennent», a-t-il commenté. Françoise Crété, la présidente de la FDSEA de la Somme, a évoqué les Etats généraux de l’alimentation, espérant que ce ne soit pas une «grand-messe où les idéologies débattent et, au final, que les décisions soient dictées par celles-ci. Le bon sens voudrait que ce soit un vrai débat entre consommateurs et agriculteurs, avec l’appui de scientifiques pour définir des schémas simples et réalistes.»
Une fois les discours achevés, les traditionnels concours de labour, moiss’batt’cross et auto-foot se sont enchaînés, avec un peu de casse comme d’habitude, mais le spectacle a été garanti, comme en témoigne la foule qui accourt dès le top départ des courses. A noter un petit nouveau dans les concours : celui de tracteurs tondeuses. Une fois le spectacle terminé, il y avait encore de quoi faire entre les villages fermier, enfant, des animaux et nature. Comme toujours, les enfants se sont émerveillés devant les brebis, les vaches et les chevaux, avant d’aller se défouler sur le «Jungle run», les manèges ou les ateliers qui leur étaient dédiés. Entre jeux et animations, eux aussi ont pu découvrir la ferme Somme. Pour résumer, encore une fois, Plaine en fête a été une belle réussite.
Et le moral des agriculteurs dans tout cela ? Après une belle moisson cette année, avec du rendement et de la qualité, si la situation n’est pas encore cependant au beau fixe dans toutes les exploitations, l’espoir commence à renaître. La preuve ? Les stands des concessionnaires n’ont pas désemplie. «La conjoncture agricole reste morose, malgré la bonne récolte de cette année, remarque Michel Poussart, de Casa Agripro. Les agriculteurs regardent de plus près les prix. Une fois cela dit, ils continuent à se renseigner sur les évolutions des machines, notamment des tracteurs guidés. On sent bel et bien un frémissement.»
Alors, même si les temps deviennent de plus en plus compliqués, Plaine en fête a encore montré, cette année, que la solidarité n’est pas un vain mot dans le monde agricole et que la dialogue existe entre les ruraux et les urbains, à condition qu’on se donne la peine de le créer.
Extraits du discours de la présidente de la FDSEA 80, Françoise Crété
«Nous avons besoin de nous sentir en phase avec les organismes qui nous entourent, nos coopératives, nos fournisseurs divers, nos établissements de conseil gestion et techniques. Nous avons aussi besoin d’être en accord avec les personnes de la société, nos voisins, les consommateurs avec qui nous vivons, avec qui nous partageons le territoire. Plaine en fête est une belle occasion de leur montrer que notre agriculture est plurielle, qu’elle intègre modernité et conserve le bon sens agricole et des valeurs.»
«Un dossier patine, il me tient à cœur et il est récurrent. C’est celui de l’élevage. Comme le disait Quentin Thibaut, l’élevage est le gage d’une vraie économie circulaire. Que ce soit porcs, poules, ovins, laitiers ou viande. Nous avons besoin sur ce sujet d’évacuer les peurs et d’avancer sereinement. Les jeunes ont besoin de s’organiser différemment pour vivre l’élevage. Faisons leur confiance. La taille d’un élevage ne devrait pas être un souci… L’enjeu le plus important est que l’éleveur et l’animal vivent bien. Enfin, pour en terminer, le ratio prairie est en train d’être calculé par nos administrations. Soyons clairs : une prairie n’est pas une friche. Et si l’élevage n’est pas plus attractif, cette obligation de prairies pénalisera les anciens éleveurs !»