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Salon de la méthanisation : ça gaze !

Le 9 avril, UniLaSalle, à Beauvais, a accueilli le premier Salon de la méthanisation en Hauts-de-France. Entre conférences, stands et visite d’un méthaniseur, le Méth’agri Day roule à plein gaz !

Plus de six cents personnes sont venues au Salon Méth’agri Day.
Plus de six cents personnes sont venues au Salon Méth’agri Day.
© D. R.



Cette manifestation, organisée par les Chambres d’agriculture des Hauts-de-France, est un Salon destiné aux professionnels de la méthanisation, aux agriculteurs porteurs de projets et aux collectivités. Les quarante exposants présents sont les entreprises et organismes intervenant dans la région dans le domaine de la méthanisation : équipementiers, constructeurs, bureaux d’études, administrations, banques… soit un large panel représentatif des acteurs de de la méthanisation agricole, ce qui a permis à la centaine de personnes présentes de ne plus être dans le gaz à ce sujet.

La solution de demain ?
Enjeu d’avenir pour l’agriculture, maillon essentiel du développement d’énergies renouvelables, la méthanisation agricole représente aussi une véritable opportunité pour les agriculteurs porteurs de projet, ainsi que pour les territoires qui les accueillent. En effet, la méthanisation est un procédé innovant visant à produire du biogaz à partir de matière organique, utilisé en autoconsommation, ou vendu sous forme d’électricité ou de gaz directement réinjecté dans les réseaux. L’autre avantage pour les agriculteurs est que ce procédé produit un digestat dont la valorisation sur les terres permet de diminuer l’utilisation des engrais de synthèse. Avec une filière aujourd’hui bien structurée, la méthanisation devient incontestablement une réelle source de diversification assurant un complément de revenus aux agriculteurs méthaniseurs.
«Pour qu’un projet d’unité de méthanisation aboutisse dans un territoire, il est indispensable pour les porteurs de projets de méthanisation d’informer et de communiquer avec les acteurs du territoire, citoyens, riverains, élus, associations, entreprises. Car l’implantation d’une unité de méthanisation dans un territoire peut faire débat et créer la polémique si elle n’est pas bien menée. Si la méthanisation agricole est vertueuse pour l’environnement et l’activité économique, elle peut générer des nuisances sonores comme toutes les technologies liées à la production d’énergies et au traitement des déchets. Pour ma commune, cela a pris huit ans afin de mettre en place le projet de méthanisation», souligne Michel Duveaux, vice-président de Environnement, écologie et circuits courts, de la Communauté d’agglomération de Maubeuge-Val de Sambre.
Il poursuit : «Dix-sept exploitations participent à ce projet. Il faut vraiment mettre en avant les atouts de la méthanisation. Pour les agriculteurs, il s’agit d’une diversification des productions, d’un complément de revenu, d’une valorisation des effluents d’élevage et sous-produits, d’une mise en place de nouveaux assolements, d’une réduction de l’utilisation des engrais de synthèse et d’une utilisation de chaleur renouvelable. Pour les acteurs du territoire, cela permet d’avoir une boucle locale d’énergies renouvelables, un développement d’emplois, une mise en place de solutions de traitement des biodéchets, une réduction sur l’effet de serre, une réduction des odeurs liées aux effluent d’élevage. Pour faire simple, dans ma commune, l’unité de méthanisation valorisera 50 % des déchets organiques du territoire. Elle produira 200 m3/h de gaz vert qui correspond à l’alimentation de 1 200 foyers repartis sur neuf communes de proximité. Sans oublier qu’elle permettra d’économiser
3 000 tonnes de CO2.»
La production de biométhane est aussi pleinement dans le spectre de l’économie circulaire. Agriculteurs et collectivités, par le biais de la méthanisation, peuvent valoriser leurs propres résidus (agricoles, ménagers ou boues des stations d’épuration), fournir de l’énergie et produire des fertilisants respectueux de l’environnement, le tout dans une logique territoriale. Une filière génératrice d’emplois également, puisqu’elle est liée à l’ensemble de nouveaux métiers de la transition énergétique, allant du technicien de maintenance à l’ingénieur, pour assurer la conception, le développement, la construction et l’exploitation des installations de méthanisation. «Aujourd’hui, en Hauts-de-France, il s’agit de 300 emplois concrètement effectifs sur les projets de méthanisation. A terme, on espère arriver à 5 000 emplois, autant d’emplois non délocalisables», détaille Denis Pype, conseiller régional délégué en charge de la politique des bioressources.

Une meilleure digestion pour une excellente valorisation
Le digestat est un co-produit de la méthanisation avec le biogaz. La réglementation assimile le digestat à un déchet. Néanmoins, ses qualités agronomiques certaines lui confèrent plusieurs voies de valorisation possibles. La première valorisation envisageable du digestat est l’épandage par retour au sol, suivant un plan d’épandage défini et approuvé par la chambre d’agriculture régionale. Le digestat peut être, soit centrifugé, soit compacté, afin d’assurer la séparation des phases liquide et solide. Ces deux phases ont de hautes propriétés fertilisantes : le digestat liquide est riche en nutriments assimilables (NPK) et le digestat solide est riche en éléments organiques. De plus, l’épandage de digestat à la place de celui des effluents d’élevages (lisiers et fumiers) permet de diminuer les désagréments olfactifs occasionnés au voisinage.
La deuxième valorisation possible du digestat est le compostage, qui lui confère des propriétés structurantes. Le digestat est alors assimilé à un compost soumis à la norme NFU 044-51. L’entreprise K-Révert, spécialiste dans l’utilisation du digestat, explique l’importance de ce dernier. «Il s’agit d’une pièce primordiale dans la méthanisation. Nous avons, par exemple, un procédé permettant de récupérer de l’eau très pure via une filtration du distillat de l’évaporateur. Le distillat contient l’azote ammoniacal du digestat liquide. Il est fixé sous forme d’ammonitrate ou sulfate d’ammonium par un filtre à membrane d’osmose inverse. Ce procédé utilisé en potabilisation permet de produire une eau ultra pure qui peut être rejetée dans le milieu naturel, en respectant l’arrêté du 2 février 1998», explique Julien Brochier, directeur général de K-Révert.

Les chambres d’agriculture et la Région mettent les gaz
Les chambres d’agriculture soutiennent et accompagnent le développement de la méthanisation agricole et territoriale, qu’il s’agisse de projets individuels ou collectifs portés par les agriculteurs. Ces projets peuvent être développés vers la cogénération, l’injection du biogaz dans les réseaux de gaz naturel ou, encore, la production de biométhane carburant. Aujourd’hui, elles accompagnent les projets sur différentes étapes, de l’émergence jusqu’au suivi des unités existantes et à la capitalisation de références.
La Région agit en faveur du développement de la méthanisation. Elle ambitionne de devenir la première région européenne du biométhane injecté dans le réseau de gaz. Elle a rédigé d’ailleurs, avec plusieurs acteurs, une charte régionale «Concertation et dialogue» autour des projets de méthanisation en Hauts-de-France. L’objectif est de montrer la volonté partagée de prendre en compte la préoccupation des habitants et aboutir ainsi à une démarche de transparence et de dialogue entre les porteurs de projets et les parties concernées sur les territoires d’implantation.
«Le 25 janvier 2019, le ministère de la Transition écologique et solidaire a publié le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ce projet fixe la ligne de conduite de la politique énergétique à adopter, ainsi que des objectifs pour l’horizon 2028. L’Etat vise, avec cette programmation pluriannuelle de l’énergie, la neutralité carbone en 2050. Cela contribuera à la diminution des émissions à effet de serre grâce à la réduction des consommations d’énergies les plus carbonées, telles que le charbon ou le pétrole, et leur remplacement par des énergies renouvelables comme, entres autres, le biogaz. La PPE prévoit une part de 7 % de biogaz au sein de la consommation de gaz en 2030», explique Olivier Dauger, président de la chambre régionale d’agriculture et co-président France Gaz renouvelable.
Les objectifs régionaux sont les suivants : 30 % de biogaz injecté dans le réseau GRDF à l’horizon 2030, voire 100 % d’ici 2050.

35

unités de méthanisation agricole en fonctionnement en Hauts-de-France

8

unités en cours de création dans la région

120

projets recensés, dont 108 en injection de biométhane

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