Sommet de l'élevage : 93 000 visiteurs et un potentiel de développement important
Place forte du monde de l’élevage à l’échelle nationale, européenne et internationale, le Sommet de l’élevage,
qui a fermé ses portes vendredi à Clermont-Ferrand, confirme son attractivité en frôlant la barre des 100 000 visiteurs. Un record.
L’année 2017 restera dans les annales comme l’une des éditions les plus réussies du Sommet de l’élevage. Une réussite d’abord par l’envergure du plateau d’exposition proposé (1 463 exposants répartis sur 78 000 m² de stands), réussie aussi par le spectacle inégalé des concours et présentations animales organisés dans l’enceinte prestigieuse du Zénith. Attirés par ce programme de choix, les visiteurs ne s’y sont pas trompés en participant en masse à cette 26e édition. En trois jours, ils ont été 93 000 à déambuler dans les allées du salon, soit 5 000 de plus qu’en 2016. De quoi donner le sourire au président du Sommet, Jacques Chazalet : «Le professionnalisme et la convivialité du Sommet ont fait la différence. C’est désormais un carrefour d’affaires international indéniable.» C’est d’ailleurs au niveau international que les organisateurs situent le potentiel de développement de l’événement. La perspective de la construction de la deuxième halle (voir par ailleurs), confirmée en début de semaine par le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, devrait faciliter ce développement.
Le Sommet, «une fenêtre sur le monde»
C’est justement pour honorer un rendez-vous international que le ministre de l’Agriculture a atterri à Clermont-Ferrand, jeudi, dans la soirée. Au programme pour Stéphane Travert : la réunion annuelle du comité mixte ministériel France-Iran, pour la première fois, délocalisée. La tenue de ce rendez-vous au cœur du berceau des races à viande ne doit rien au hasard. «Elle est le fruit d’un travail engagé avec l’Iran, invité d’honneur du Sommet de l’élevage. Ce pays est très intéressé par nos techniques d’élevage», suggère Benoît Delaloy, chargé de mission international au Sommet de l’élevage. Outre le ministre iranien de l’Agriculture, la délégation de ce pays comptait cent cinquante personnes. Il convient aussi de préciser que les ministres de l’Agriculture de l’Ouganda et du Sénégal ont également visité le Sommet, accompagnés d’importantes délégations. Enfin, quatre-vingt dix visiteurs hongrois, polonais, américains, chinois ou encore argentins... ont suivi le prétour organisé sur le pôle de Lanaud.
Au final, les organisateurs dénombraient trois cents exposants étrangers en provenance de trente-deux pays, soit 11 % de plus par rapport à 2016, et 4 500 visiteurs venus de quatre-vingt dix pays différents, soit une progression de 12,5 %. Quarante journalistes étrangers ont aussi sillonné les allées du salon.
Si la teneur des échanges du jeudi soir entre les dirigeants des deux Etats est restée confidentielle, en revanche, Stéphane Travert s’est prêté sans encombre et avec un plaisir non dissimulé aux échanges avec les éleveurs, les responsables professionnels, le lendemain, lors de sa visite du Sommet. Arpentant durant plus de trois heures le salon, le ministre a fourni des éclairages sur les sujets du moment... Sur les Etats généraux de l’alimentation, en attendant les premiers arbitrages du président de la République (une annonce est prévue le 11 octobre au marché de Rungis, ndlr), Stéphane Travert a rappelé la feuille de route du gouvernement : «Il s’agit pour nous de faire en sorte que les filières puissent bien contractualiser pour créer ces conditions de revenus avec les producteurs. Aujourd’hui, il y a une référence, c’est le consommateur. C’est celui qui vote qui choisit une alimentation de qualité. Les consommateurs veulent une alimentation saine, durable et qui leur soit accessible, et c’est avec les filières que nous allons construire le dispositif pour y répondre.»
«Notre priorité pour les ICHN, ce sont les zones de montagne»
En plein cœur du Massif central, Stéphane Travert a également été interrogé sur les ICHN (Indemnités compensatoires de handicaps naturels). Aux inquiétudes des professionnels sur le budget alloué aux ICHN, le ministre a répondu : «la priorité sur les ICHN, ce sont les zones de montagne. Ici, nous continuerons à aider les éleveurs avec l’ICHN. Nous avons obtenu de la Commission européenne que nous puissions effectuer une révision du zonage. Nous allons donc travailler avec nos partenaires à l’élaboration d’une nouvelle carte, et bien évidemment, notre priorité pour l’ICHN, ce sont les zones de montagne». Rassurant sur le budget ICHN, Stéphane Travert a été, selon Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, «beaucoup plus flou sur la révision du zonage des zones défavorisées».
Enfin, et dans la perspective d’une manifestation d’envergure contre le loup qui était organisée à Lyon le 9 octobre par le réseau FNSEA-JA-FNO, le ministre a évoqué ce dossier sensible : «Défendre et protéger les éleveurs est notre objectif. Nous ne pouvons pas fonctionner durablement en terme comptable. Nous devons regarder ce qui se passe à l’échelle des territoires, en mettant des mesures importantes, là où l’impact est très fort.» Reste à savoir ce qu’entend le ministre par mesures importantes...
Désormais, rendez-vous les 3, 4 et 5 octobre 2018 avec notamment un concours national pour les Salers.
Mercosur : «La France va s’opposer à la proposition de Bruxelles»
«La France s’opposera à la proposition de la Commission européenne d’accepter l’entrée sur le continent de 70 000 tonnes de viande bovine par an venant du Mercosur, dans le cadre de négociations sur un accord commercial» a indiqué Stéphane Travert, au Sommet de l’élevage, alors qu’il échangeait avec le président de la FNB, sur le stand d’Interbev. «Nous avons réuni huit Etats partenaires européens avec nous. Lundi (le 9 octobre, ndlr), je serai à Luxembourg, au Conseil européen des ministres de l’Agriculture, et je rappellerai l’opposition de la France à la méthode employée pour démarrer les négociations avec le Mercosur, et notre désaccord avec cette entrée en matière dans la discussion avec une arrivée de viandes bovines à la table des négociations», a déclaré le ministre de l’Agriculture. Stéphane Travert souhaite que les «filières françaises»ne «soient pas des variables d’ajustement des accords sur le Mercosur», a-t-il dit en citant la viande bovine, l’éthanol et le sucre. Lors d’une réunion fin septembre, la Commission européenne avait proposé aux vingt-huit Etats membres d’accepter l’entrée d’un contingent de 70 000 tonnes de viande bovine et de 600 000 tonnes d’éthanol par an en provenance du Mercosur.
Une deuxième halle à l’horizon 2020
Alors qu’il était en visite au Sommet de l’élevage, mercredi 4 octobre, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé vouloir débloquer dix millions d’euros pour créer une halle supplémentaire de 10 000 m². Laurent Wauquiez a présenté le coût global de l’opération : vingt millions d’euros dont la moitié serait à la charge de la région. Dans le cadre d’une délégation de service public, le gestionnaire financera les dix millions restants. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a également fixé le calendrier de l’agrandissement. Les 10 000 m² supplémentaires pourraient être livrés pour le Sommet de l’élevage de 2020.