Un accueil musclé et une visite chahutée pour François Hollande
Le président François Hollande, venu inaugurer le Salon de l’agriculture, samedi 27 février, a été accueilli dès son arrivée par une délégation de la FNSEA et son président
Xavier Beulin.
Fraîchement débarqué de son périple de plus d’une semaine en Amérique, le président Hollande a très vite pu se réchauffer lors de sa venue au Salon de l’Agriculture, le matin du samedi 27 février. Un comité d’accueil de la FNSEA et son président Xavier Beulin, qui en a profité pour lui rappeler les besoins urgents du monde agricole français, l’attendaient à l’arrivée.
Des éleveurs visiblement éprouvés et remontés ont ensuite interpellé François Hollande à coup de «Hollande démission» affichant pour certains un t-shirt marqué «Je suis éleveur, je meurs». Sur son chemin, le président a pu entendre des «Pourquoi vous nous laissez tomber ?» ou encore se faire apostropher simplement par un fils d’exploitant agricole «Venez nous voir !». Aussitôt, le président s’est exécuté. «Il faut que la France vive de son agriculture», déclame avec force le jeune homme. D’autres encore lui demandant de «faire bouger les choses». Interrogé, un éleveur laitier contenant sa colère lâche enfin : «On travaille à perte. Vous en connaissez beaucoup des gens qui travaillent à perte ?».
L’ambiance est encore montée d’un cran lorsque des éleveurs excédés de ne pas voir venir à eux le cortège présidentiel ont provoqué une bousculade, réprimandée aussitôt par le service d’ordre. Dans le Hall 1 consacré à l’élevage, François Hollande s’est arrêté sur les stands d’Interbev, d’Inaporc, et du Cniel, et a rencontré les représentants des secteurs respectifs. Près d’une heure, c’est le temps qu’il aura consacré au secteur de l’élevage, bien moins que l’an passé, respectant un parcours présidentiel millimétré et protégé par une garde rapprochée aux aguets. Le cortège s’est ensuite dirigé dans le Hall 2 dédié aux cultures végétales en faisant étape aux stands d’Interfel et de l’Odyssée végétale. Le rapide parcours du Président s’est enfin achevé par une table-ronde avec les organisations syndicales.
Échauffourées et arrestations
Plus d’une centaine d’agriculteurs mécontents faisant partie de la FDSEA et des jeunes agriculteurs (JA) d’Ile de France et du Nord Bassin Parisien avaient décidé «d’enrubanner» le stand du ministère de l’Agriculture pour protester contre les difficultés administratives, les retards dans le versement des aides Pac, l’insuffisance du plan de soutien. Une action soutenue par la FNSEA. «C’est logique. Le ministère de l’Agriculture ne travaille pas pour les agriculteurs», explique Olivier George, secrétaire général-adjoint de la FDSEA de Seine-et-Marne. «Entre les SNA, la Pac non réglée, les MAE pas payées, le plan d’urgence qui a du mal à se mettre en place, les grandes surfaces qui ne jouent pas le jeu, les agriculteurs sont au bord de l’implosion», déplore Luc Smessaert, président de la Fédération régionale Nord Bassin Parisien.
Mais les choses ne se sont pas passées comme prévues. Le stand du ministère a été saccagé. «Les forces de l’ordre se sentant attaquées nous ont chargés», explique Olivier George, «résultat, ils ont tout piétiné». «On nous a empêchés d’exprimer notre colère», renchérit Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. La police a procédé à cinq interpellations. «Nous ne bougerons pas d’ici tant qu’ils ne seront pas sortis», a scandé Damien Greffin, président de la FDSEA d’Ile de France, revendiquant, au passage, «une harmonisation fiscale, sociale et environnementale au même niveau que l’Allemagne et l’Espagne». Ce n’est qu’une fois après avoir obtenu l’assurance de la libération des cinq agriculteurs, sans poursuites judiciaires, que la manifestation d’une centaine d’agriculteurs s’est dispersée, à la demande de la FNSEA.
Appel au respect
Au lendemain de la visite de François Hollande au Salon de l’agriculture, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a appelé au respect, alors que la visite du chef de l’Etat avait été ponctuée de sifflets et d’insultes proférées par des agriculteurs en colère, mais ajouté que les débordements de la veille témoignaient d’une colère et d’un désespoir qui restent fort au sein du monde agricole, en raison des prix trop bas payés aux producteurs.